Maroc

Action gouvernementale : les satisfécits d’Akhannouch

Le chef du gouvernement a défendu son bilan, mettant en lumière les importants progrès économiques et sociaux réalisés. Cependant, ces avancées sont confrontées à des défis structurels, comme l’a souligné Ali Ghanbouri, président du Centre de la prospection économique et sociale, tels que la vulnérabilité climatique, l’emploi et le chômage, le rendement de l’investissement ainsi que l’aggravation du déficit commercial, et ce, malgré une forte demande intérieure. Ces défis interrogent sur la capacité du Maroc à transformer pleinement ses efforts en croissance durable.

S’exprimant lors de la séance plénière mensuelle à la Chambre des conseillers consacrée à la présentation du «Bilan économique et financier, et son impact sur la dynamique de l’investissement et de l’emploi», Aziz Akhannouch, chef du gouvernement, a mis en avant les réalisations, moins de cinq années après son accession à la Primature, afin de défendre l’action gouvernementale devant les députés.

Au cours de cet oral, Akhannouch a défendu le projet économique et social de la majorité gouvernementale composée du RNI, du PAM et du PI, en faisant le point sur l’avancement des chantiers économiques et sociaux dans un contexte où l’économie marocaine affiche des perspectives de croissance prometteuses pour l’année 2025-2026.

En contextualisant l’action gouvernementale en revenant sur la période pré-mandat marquée par des chocs sans précédent, notamment le contexte pandémique, qui a entraîné la contraction de l’économie nationale de 7,2%, avec la perte de 432.000 emplois en 2020, l’atteinte d’un déficit budgétaire de 7,1% et un endettement dépassant les 72%, le chef de la Primature a inscrit l’action gouvernementale dans la continuité des chantiers déjà engagés, notamment le chantier de l’État social.

Dans ce sens, il a souligné que «l’enjeu du gouvernement et son engagement porte sur la consolidation des acquis tout en conciliant la mobilisation des financements nécessaires en faveur des chantiers dans lesquels le Maroc s’est engagé». Il s’agit aussi «du maintien de l’équilibre entre la croissance économique et le développement social, et la conciliation entre l’ambition et les capacités en vue de garantir l’équilibre des finances publiques».

Défis de l’action gouvernementale : les points clés du bilan
Tout au long de son discours, Aziz Akhannouch s’est attaché à mettre en avant la vocation stratégique des chantiers engagés donnant visage à son action : la réforme des portefeuilles sociaux, pierre angulaire de l’État social, la dynamisation de l’investissement et de l’économie en visant l’accélération de la croissance économique, l’amélioration du climat des affaires, et le renforcement de l’attractivité du Maroc pour l’investissement privé via une nouvelle Charte de l’Investissement et des stratégies sectorielles.

A cela s’ajoutent la création d’emplois et la lutte contre le chômage, notamment des jeunes, le maintien des équilibres budgétaires en réduisant le déficit et l’endettement, la maîtrise de l’inflation, la modernisation du système fiscal pour garantir la pérennité financière du pays sans oublier l’amélioration de l’investissement public.

Néanmoins, les défis structurels, qu’il s’agisse de la vulnérabilité climatique, de la qualité et de la durabilité de l’emploi, de la gestion des coûts de l’État social, ou de la réduction effective des disparités territoriales et surtout la faible efficacité de l’investissement, malgré son niveau élevé, demeurent des chantiers de fond. Derrière les chiffres encourageants se cachent aussi d’autres défis qui tempèrent, de facto, l’optimisme et appellent à une vigilance, notamment le creusement du déficit commercial qui devrait ainsi connaître une aggravation, passant de 19,1% en 2024 à 19,8% du PIB en 2025, et 20,1% en 2026.

De même, la vigueur de la demande intérieure, si bénéfique pour la croissance, a un revers : elle aspire les importations des biens d’équipement et de consommation qui devraient croître plus vite que les exportations, bridées par un environnement mondial instable. En conséquence, la contribution de la demande extérieure nette à la croissance restera négative
(-1,4 point en 2025).

Le Maroc fait face à des défis structurels
Selon Ali Ghanbouri, président du Centre de la prospection économique et sociale, le discours du chef du gouvernement devant le Parlement «reflète l’engagement du Maroc dans un développement économique, social et financier visant à bâtir une économie moderne et compétitive, tout en consolidant l’État social, le tout dans un contexte mondial et national marqué par des défis majeurs, notamment les impacts de la pandémie de Covid-19 et les tensions géopolitiques».

En ajoutant que «le gouvernement a réalisé des progrès significatifs dans la relance économique, le PIB a crû de 3,8% en 2024 avec une prévision de 4,6% en 2025, les investissements publics ont atteint 340 MMDH en 2025 contre 230 MMDH en 2021, le nouveau Pacte de l’investissement a attiré 43,2 MMDH d’investissements étrangers en 2024, soit une hausse annuelle moyenne de 13,6% depuis 2020. Aussi, les finances publiques se sont améliorées, avec un déficit budgétaire réduit de 7,1% en 2020 à 3,8% en 2024 et un endettement ramené de 72,2% à 67,7% du PIB».

Sur le plan social, la couverture de l’assurance maladie obligatoire a bondi de 42,2% à 88%, bénéficiant à 11,4 millions de citoyens, l’aide sociale directe soutient 4 millions de ménages avec 34 milliards de dirhams déboursés, des augmentations salariales ont été accordées à 4,25 millions de personnes, mobilisant 45 MMDH d’ici 2026, ces mesures renforcent le pouvoir d’achat et la dignité des Marocains, tout en s’inscrivant dans la vision d’un État social inclusif. Toujours, selon Ali Ghanbouri, malgré ces avancées, le Maroc fait face à des défis structurels.

«La sécheresse a causé une baisse de la production céréalière et la perte de 417.000 emplois agricoles entre 2022 et 2023, l’inflation a atteint 10,1% en février 2023, affectant le pouvoir d’achat, le chômage reste une préoccupation malgré une baisse de 0,4 point en 2025, et les PME, représentant 80% des emplois, peinent à accéder au financement, le contexte international, marqué par des perturbations géopolitiques, continue de peser sur l’économie», explique l’expert.

Des réformes soutenues par une gestion des finances publiques
Pour lui, le gouvernement s’est attelé à consolider ces acquis. «Des stratégies comme Maroc Digital 2030 et la feuille de route touristique 2023-2026 visent à faire du Maroc un hub régional. Une enveloppe de 18 MMDH est allouée au programme national de l’eau pour assurer la sécurité hydrique, le développement de l’hydrogène vert renforcera aussi la souveraineté énergétique. Ces efforts, soutenus par une gestion rigoureuse des finances publiques, visent à transformer les défis en opportunités, tout en garantissant un développement inclusif et durable pour tous les Marocains».

Akhannouch a insisté sur l’effort du gouvernement au maintien des financements nécessaires pour l’ensemble des chantiers. Cela passe par la maîtrise des équilibres macroéconomiques et la sauvegarde des équilibres des finances publiques tout en mettant l’accent sur les mesures de politique monétaire. Elles ont permis une réduction du taux d’inflation et des réformes fiscales à commencer par celle de la TVA, l’IS et l’IR en plus de l’amélioration des recettes qui sont passées de 199 MMDH en 2020 à 300 milliards en 2024 (+100 milliards, soit +11% par an) avec une hausse des ressources ordinaires de plus de 143 MMDH (+13% par an).

Aussi, le déficit budgétaire a été ramené de 7,1% du PIB en 2020 à 3,8% en 2024, avec un objectif de 3,5% en 2025. Le taux d’endettement a également diminué, passant de 72,2% en 2020 à 67,7% en 2024, avec une projection à moins de 67% en 2025 alors que les réserves de change ont atteint 402 MMDH au 26 juin 2025, couvrant plus de 5 mois d’importations.

La faiblesse du rendement de l’investissement

Par ailleurs, l’investissement devrait afficher une progression de 9,8% en 2025 et de 7,2% en 2026 après 10,9% enregistrée en 2024, contribuant à la croissance économique de 3 points et 2,3 points respectivement en 2025 et 2026. Ce niveau d’investissement brut devrait représenter 31,2% du PIB en 2025 et 31,6% en 2026, induisant un creusement du besoin de financement qui devrait atteindre 1,8% du PIB en 2025 et 1,9% du PIB en 2026 après 1,2% en 2024.

Toutefois, l’autre vulnérabilité de l’économie marocaine est la faiblesse du rendement de l’investissement et sa capacité réelle à générer une croissance soutenue et durable. Une amélioration a été observée sur la période 2021-2024, avec une contribution remontant à 1,2 point, portée par une accélération du rythme d’évolution de la FBCF, en lien avec le processus d’investissement massif engagé au cours des dernières années.

Actuellement, malgré une amélioration du taux d’investissement au Maroc, la performance économique ne s’est pas renforcée en proportion. En effet, le taux de croissance économique moyen s’est limité à 3,5%, contre 5,5% en moyenne pour les pays à revenu intermédiaire.

Sur la période 2000-2009, la croissance moyenne de l’économie nationale s’est établie à 4,9% pour un taux d’investissement moyen avoisinant 26,1% du PIB, ce qui correspond à un rendement moyen (ICOR) de 6,1. Un tel niveau témoigne d’une efficacité relativement plus faible, selon la Banque mondiale, par rapport à celui observé au niveau des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et supérieure qui affichaient, sur la même période, un rendement moyen plus favorable respectivement de 4,9 et de 4,7.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



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