Éco-Business

Café : la pression sur les prix va continuer

Dans un contexte de flambée inédite des prix du café en raison des conditions climatiques, la consommation, elle, continue de progresser. Ce qui risque encore de maintenir, pour plusieurs mois, le niveau des prix du café à des tarifs record.

C’est une très mauvaise nouvelle pour les inconditionnels, mais aussi pour les propriétaires de cafés au Maroc. La flambée inédite des prix du café va surement se maintenir pour le reste de l’année, voire pour l’année prochaine. Et pour cause, la consommation mondiale de café est censée augmenter pour ce qui reste de l’année, et même en 2026. C’est du moins ce que prévoit un nouveau rapport du Département américain de l’agriculture (USDA) qui vient de s’intéresser à ce sujet qui fait l’actualité partout dans le monde.

En effet, selon les calculs de l’Administration américaine, la consommation globale de fèves devrait atteindre 169,4 millions de sacs contre 166,5 millions de sacs un an plus tôt (1 sac = 60 kg). Il s’agirait d’un nouveau record dans l’utilisation des grains qui vient confirmer la demande soutenue enregistrée sur la dernière décennie. Et qui dit augmentation de la demande et de la consommation, dans un contexte de baisse de la production, dit certainement une potentielle hausse des prix. Des prix qui sont d’ores et déjà devenus lourds à supporter pour bons nombre d’amateurs de café.

Impact
Bien évidemment, le Maroc n’échappe nullement à cette réalité. Dans le Royaume, les détenteurs de cafés ont beau essayer de jouer sur leurs marges, mais au finish, c’est le client qui finit par voir la facture monter en flèche, en raison, très logiquement, de l’incapacité à suivre l’évolution des charges. Cela, malgré certaines mesures prises par l’État pour contrer cette hausse des prix des fèves de café au niveau mondial.

«Cette réduction tarifaire a permis de contenir l’impact de la hausse mondiale tout en dynamisant le tissu industriel national», se félicitait récemment sur nos colonnes, Mohamed Astaib, président de l’Association marocaine des industriels du thé et du café (AMITC).

Ce dernier rappelait ainsi que les importations de café vert sont passées de 44.140 tonnes en 2023 à 54.508 t en 2024, tandis que les volumes de café torréfié consommé en l’état n’ont progressé que modestement, soit de 2.790 à 3.426 t. «Cette croissance s’explique par un renforcement des capacités locales de transformation, confortant le choix de miser sur la valeur ajoutée industrielle», insistait le président de l’AMITC.

Sécheresse
Il faut noter que le Maroc importe principalement du café robusta (85% des importations) et de l’arabica (15%). Ce dernier, plus cher, influence également les prix locaux. Le pays diversifie ses sources d’approvisionnement, en important du café vert de divers pays producteurs, ainsi que du café torréfié, principalement d’Europe. Mais la persistance de la sécheresse dans plusieurs régions du monde maintient les tensions sur les prix du café, en raison d’une production en baisse.

Selon la FAO, en 2024, les prix mondiaux du café ont enregistré une hausse de 38,8% par rapport à la moyenne de l’année précédente, atteignant ainsi leur plus haut niveau depuis plusieurs années, principalement sous l’effet d’un temps peu clément dans les principaux pays producteurs.

«Les prix élevés devraient inciter à investir davantage dans la technologie et la recherche-développement dans le secteur du café, qui dépend en grande partie des petits exploitants, afin d’accroître la climato-résilience», conseille, pour sa part, Boubaker Ben-Belhassen, directeur de la Division des marchés et du commerce de la FAO.

Prix du café : Situation très évolutive

Selon les statistiques de la Banque mondiale, la production mondiale de café, estimée à 169,8 millions de sacs pour la saison 2023-2024, devrait augmenter légèrement pour atteindre 172,4 millions de sacs en 2024-2025. Elle reste cependant inférieure aux niveaux de 2020-2021.

«Le cours du café demeure très exposé aux risques qui pèsent sur l’offre mondiale», note la Banque mondiale.

Si l’amélioration des conditions météorologiques en Asie de l’Est a quelque peu atténué les pressions sur les prix du robusta, la production d’arabica du Brésil accuse des déficits considérables pour la campagne (2024-2025), qui risquent de se prolonger la saison prochaine.

Malgré tout, l’institution estime que les prix de l’arabica devraient, selon les prévisions, reculer de 5% environ en 2025, puis se stabiliser en 2026. De même, les prix du robusta devraient enregistrer un repli similaire à ceux de l’arabica en 2025, suivi d’une nouvelle baisse de 7% en 2026. Mais, là, au regard de l’évolution de la situation selon les derniers rapports de la FAO et de l’USDA, un retour à la normale n’est pas pour demain.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO



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