Sécurité maritime : le Maroc verrouille sa place dans le commerce mondial

À la croisée des grandes routes maritimes mondiales, le Maroc consolide sa position stratégique en s’associant aux États-Unis dans le cadre du programme CSI. Ce nouvel accord, centré sur la sécurisation des flux de conteneurs, confirme le rôle croissant du Royaume dans la gouvernance des échanges transatlantiques et la logistique portuaire globale.
Dans les échanges maritimes mondiaux, le Maroc a franchi le cap d’un simple point de passage pour devenir un véritable hub de redistribution et de réexportation. Un positionnement stratégique qui lui vaut aujourd’hui des partenariats de grande envergure. Dernier en date, l’accord bilatéral conclu avec les États-Unis dans le cadre de l’Initiative de sécurité des conteneurs (CSI).
Cette entente marque une avancée notable dans la coopération entre les deux pays en matière de sécurité portuaire et de prévention des menaces transfrontalières. Elle vise à fluidifier et sécuriser les importants flux de marchandises transitant entre les deux rives de l’Atlantique, à travers une stratégie partagée de détection et d’analyse des cargaisons à risque.
La signature de l’accord s’est tenue en présence de Donald Conroy, directeur exécutif des opérations internationales au sein du Service des douanes et de la protection des frontières (CBP) des États-Unis, d’Abdellatif Amrani, directeur général de l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) du Maroc, et d’Aimee Cutrona, chargée d’affaires de l’ambassade des États-Unis à Rabat.
Les ports de Casablanca et Tanger, piliers d’une architecture innovante
«La signature marque non seulement l’expansion du programme CSI, mais aussi le renforcement d’un partenariat fondé sur la confiance, l’innovation et la responsabilité partagée de protéger notre communauté mondiale», a déclaré Conroy.
Lancé en 2002 par la CBP, le programme CSI repose sur une idée simple : la première ligne de défense des États-Unis se situe en dehors de leurs frontières. L’objectif est d’identifier, depuis les ports partenaires, les conteneurs à risque avant même leur expédition vers le territoire américain. Pour cela, le dispositif s’appuie sur des technologies de détection, des bases de données partagées et une coopération étroite entre administrations douanières.
Dans ce dispositif, les ports marocains de Casablanca et Tanger Med revêtent une importance stratégique. Casablanca, en tant que centre névralgique du commerce national, et Tanger Med, en qualité de premier port d’Afrique et de la Méditerranée, constituent des plaques tournantes clés du commerce mondial. «Par cette adhésion, nous réaffirmons notre engagement à concilier sécurité et fluidité des échanges, consolidant ainsi le statut de Tanger Med en tant que hub maritime sécurisé de classe mondiale», a affirmé Abdellatif Amrani.
Retombées économiques
Sur le terrain, les répercussions d’une telle coopération devraient se traduire par une plus grande confiance des opérateurs privés, une réduction des délais logistiques et, potentiellement, une intensification des échanges commerciaux. Autant d’éléments favorables à l’investissement étranger, à la croissance économique et à la création d’emplois. Cette démarche est saluée par les professionnels du secteur.
Pour Najib Cherfaoui, expert maritime, «cet accord apparaît comme une conséquence logique de la montée en puissance du Maroc sur le plan maritime. Le Royaume offre aujourd’hui une solution maritime complète et s’identifie à l’international comme une ressource logistique maritime fiable. Son positionnement géographique, au carrefour des grands courants commerciaux, renforce cette attractivité durable».
Ce positionnement se trouve d’autant plus consolidé par les détournements actuels des routes maritimes passant par la mer Rouge, en raison des tensions géopolitiques qui y persistent. Le développement d’infrastructures portuaires de haut niveau et la politique volontariste en matière d’investissements confèrent au Maroc une stature croissante dans le commerce mondial. Plusieurs observateurs anticipent d’ailleurs que d’autres partenariats du même type pourraient suivre, confortant le rôle du Royaume comme acteur-clé de la logistique internationale.
À noter que ce nouvel accord s’inscrit dans la continuité d’une coopération déjà engagée entre Rabat et Washington. En 2013, les deux pays avaient signé un Accord d’assistance administrative mutuelle en matière douanière, posant le cadre juridique pour l’échange d’informations et de preuves en vue de prévenir, détecter et enquêter sur les infractions douanières.
Pour les autorités américaines, cet accord constitue un pas supplémentaire vers un modèle de sécurité de la chaîne logistique mondialisée, qui conjugue contrôle et facilité des échanges. Aimee Cutrona a par ailleurs souligné que cette collaboration avec le Maroc marque une étape importante dans le partenariat durable.
Cet accord renforce non seulement la collaboration pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement mondiales, mais il témoigne aussi de l’engagement commun en faveur de l’innovation, de la sécurité et de la prospérité économique.
Najib Cherfaoui
Expert maritime
«Cet accord apparaît comme une conséquence logique de la montée en puissance du Maroc sur le plan maritime. Le Royaume offre aujourd’hui une solution maritime complète et s’identifie à l’international comme une ressource logistique maritime fiable. Son positionnement géographique, au carrefour des grands courants commerciaux, renforce cette attractivité durable.»
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO