Maroc

Exportations d’agrumes : le Maroc souhaite renforcer sa compétitivité sur le marché européen

Confronté à la rude concurrence de l’Égypte sur le marché européen, le Maroc a décidé d’octroyer une prime forfaitaire aux exportateurs d’agrumes pour renforcer leur compétitivité et leur permettre de regagner des parts de marché. Voici les détails de ce dispositif qui est récemment entré en vigueur.

Longtemps fournisseur privilégié en agrumes de l’Europe, le Maroc fait face à une concurrence accrue de l’Égypte sur ce marché stratégique. D’après les données de la Commission européenne, les exportations marocaines d’agrumes frais et transformés vers le Vieux continent sont passées de 181.720 tonnes (t) lors de la campagne 2021-2022 à 91.360 t en 2023-2024. Un chiffre très loin des 230.560 t de l’exercice 2016-2017.

Cette chute contraste avec la montée en puissance des ventes égyptiennes qui ont atteint 635.350 t lors de la précédente campagne, contre 240.790 t en 2021-2022 et 514.880 t en 2022-2023.

Afin de renforcer la compétitivité des fruits marocains sur le marché européen, le gouvernement avait annoncé, le 10 octobre 2024, la mise en place d’un nouveau dispositif de soutien aux exportations d’agrumes frais. Les détails de ce soutien, fixés par un arrêté conjoint des ministres de l’Intérieur et du Budget, ont été publiés au Bulletin officiel du 21 avril dernier.

Une prime plafonnée à 90.000 tonnes pour l’année 2025
Il s’agit d’une prime forfaitaire de 1.000 dirhams/t qui sera accordée aux exportations par voie terrestre et/ou maritime, à destination des pays membres de l’UE, du Royaume-Uni, ainsi que des pays d’Afrique subsaharienne. Elle concerne toutes les variétés d’agrumes, à l’exception de la Nadorcott, quelle que soit la destination.

Seules les unités de conditionnement exportatrices, disposant d’un agrément valide, et ayant réalisé des exportations effectives lors de la campagne concernée, sont éligibles à cette subvention, laquelle est plafonnée à une quantité maximale par campagne.

De 65.000 t en 2024 et 90.000 t en 2025, elle devrait passer à 120.000 t pour les campagnes 2026 et 2027, avant d’atteindre 125.000 t en 2028. L’arrêté précise qu’au cas où – au terme d’une campagne -, les exportations totales restent inférieures ou égales au plafond défini, chaque unité de conditionnement bénéficiera d’une aide sur l’intégralité de son volume exporté.

En revanche, si les volumes exportés dépassent la limite fixée, la quantité éligible à l’aide sera calculée en fonction de la part de chaque unité dans le volume total exporté.

Cette prime forfaitaire entre dans le cadre du contrat-programme 2021-2030 relatif au développement de la filière agrumicole, signé en 2023 entre le gouvernement et la Fédération interprofessionnelle marocaine des agrumes Maroc-Citrus. Objectif : exporter 1 million de t à l’horizon 2030 contre 630.000 t en 2020.

Hausse du tonnage à l’export et allongement du temps de travail des stations de conditionnement
Contacté par nos soins, Kacem Bennani Smires, président de la Fédération interprofessionnelle marocaine des agrumes, Maroc Citrus, affirme que cette subvention permettra aux exportateurs «de rester compétitifs et de regagner des parts de marché en Europe face à l’Égypte, qui bénéficie d’une dévaluation monétaire incessante et continue depuis plusieurs années, notamment pour les oranges fraîches, dont elle est le premier producteur mondial».

Et d’ajouter : «L’autre avantage de cette prime est l’augmentation du tonnage à l’export et l’allongement du temps de travail des stations de conditionnement. Celles-ci pourront mieux amortir leur frais de fonctionnement et améliorer le volet social des ouvriers».

D’après notre interlocuteur, ce soutien permettra aussi de cueillir plus tôt la Maroc late (orange à maturité très tardive) dont la récolte s’étale jusqu’en été, à cause de la baisse des exportations, une pratique qui fatigue l’arbre et diminue les rendements.

«Avec cette prime, on pourra augmenter la production en améliorant les rendements. Le verger compte environ 25.000 ha d’orange tardive et une amélioration de seulement 10 t par ha équivaut à une augmentation de 250.000 t pour améliorer le tonnage à l’export et les revenus des producteurs», soutient-il.

Diversification des partenaires
Confronté à une rude concurrence de l’Égypte, mais aussi de la Turquie, sur le marché européen, le Maroc diversifie ses zones d’expédition en ciblant de nouveaux marchés en Asie, particulièrement vers le Japon, treizième client du Royaume en produits agroalimentaires.

Le 17 avril dernier, Morocco Foodex, l’organisme chargé de la promotion des exportations agricoles et maritimes, avait annoncé la réception d’un premier conteneurs d’agrumes marocains au pays du Soleil levant. Une première livraison qui est intervenue presqu’un mois après le lancement, le 6 mars, d’une campagne de communication, confiée à la société K Events, visant à promouvoir les fruits marocains dans ce marché exigeant. Une délégation composée d’exportateurs marocains, de représentants institutionnels ainsi que des acteurs clés du secteur, s’était également déplacée, fin avril, à Tokyo.

Singapour est également dans la ligne de mire des exportateurs marocains. Une mission commerciale, composée notamment de six exportateurs, s’était rendue dans cette cité-État, le mois dernier, et ce, d’après la plateforme spécialisée Eastfruit. Un déplacement fructueux puisqu’ayant débouché sur la signature des premiers accords préliminaires, conclus avec les douze principaux importateurs de produits frais du pays, pour l’exportation de myrtilles, cerises, mandarines premium, tomates cerises, melons et avocats marocains.

Kacem Bennani Smires
Président de la Fédération interprofessionnelle marocaine des agrumes, Maroc Citrus

«Cette mesure nous permettra de rester compétitifs et de regagner des parts de marché en Europe face à l’Égypte. Ce pays bénéficie d’une dévaluation monétaire incessante et continue depuis plusieurs années, notamment pour les oranges fraîches dont il est le premier producteur mondial.»

Les oranges fraîches, principal terrain de concurrence entre le Maroc et l’Égypte

La rude concurrence des exportations égyptiennes avec les cargaisons marocaines destinées aux pays de l’UE est particulièrement perceptible, au cours des dix dernières années, dans le segment des oranges fraîches.

Selon la Commission européenne, les expéditions égyptiennes ont atteint 492.220 tonnes lors de la campagne 2023-2024, représentant 78% de ses ventes d’agrumes sur le marché européen, contre 457.440 t en 2022-2023. En revanche, le Maroc est resté loin derrière avec 8.710 t en 2023-2024, en hausse par rapport aux 5.230 t de la saison précédente.

Elimane Sembène / Les Inspirations ÉCO



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