Coopération décentralisée : Fès et Montpellier ravivent leur jumelage autour de projets culturels

En renouvelant, lundi dernier, à Fès, leur protocole de jumelage, les deux villes entendent donner un nouvel élan à une relation de coopération entamée il y a plus de vingt ans.
Depuis 2003, Fès et Montpellier cultivent une relation de partenariat marquée par des échanges culturels et universitaires. En signant un nouveau protocole de jumelage, les deux municipalités affirment leur volonté de structurer davantage ces échanges, dans un contexte où les collectivités locales entendent jouer un rôle actif dans la consolidation des liens franco-marocains.
Cette cérémonie, organisée à Fès, a rassemblé les maires des deux villes ainsi qu’un large éventail d’acteurs institutionnels et économiques, témoignant de la diversité des domaines concernés par cette coopération renouvelée.
Une relation consolidée autour de la culture et de la jeunesse
«À l’heure où certains dressent des murs, nous, nous construisons des ponts », a déclaré le maire de Montpellier, également président de la Métropole Montpellier Méditerranée, venu à Fès accompagné d’une délégation d’élus, dont plusieurs issus de la diaspora marocaine.
Pour l’édile français, cette visite incarne un engagement politique clair : celui de renforcer les liens entre les deux rives de la Méditerranée à travers des projets concrets et inclusifs. La culture figure parmi les priorités de cette coopération. Un rapprochement est envisagé entre le festival Arabesques, organisé chaque année à Montpellier, et le Festival des Musiques sacrées de Fès, deux rendez-vous majeurs du dialogue interculturel.
Au-delà de ces événements phares, les échanges universitaires devraient être intensifiés, avec en ligne de mire un accroissement de la mobilité estudiantine entre les établissements des deux villes. Des liens plus étroits sont notamment attendus entre l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès et Polytech Montpellier.
Un cadre formel pour des projets structurants
Pour le maire de Fès, Abdelslam El Bekkali, ce protocole actualisé témoigne de l’importance stratégique accordée à cette relation. Il a salué la mobilisation des partenaires locaux — universités, chambres professionnelles, Conseil régional du tourisme, représentants des secteurs de la santé, de l’énergie et de l’investissement — venus participer à cette rencontre. Le texte signé sera soumis à l’approbation du conseil communal lors de sa session du mois de mai.
Ce nouvel accord vise à inscrire la coopération dans un cadre opérationnel élargi. Outre les échanges culturels et académiques, il prévoit le développement de nouvelles liaisons aériennes entre les deux villes, la valorisation du patrimoine historique de Fès — notamment à travers la bibliothèque Al Quaraouiyine — ainsi qu’une coopération économique centrée sur les énergies renouvelables et les industries culturelles et créatives.
Une diplomatie des territoires en action
À travers ce jumelage réaffirmé, Fès et Montpellier illustrent une diplomatie des territoires en plein essor. Face aux tensions politiques et diplomatiques entre États, les collectivités locales apparaissent de plus en plus comme des acteurs de proximité capables de faire avancer des projets concrets, en phase avec les aspirations des sociétés civiles.
Cette dynamique prend tout son sens dans le contexte des relations entre le Maroc et la France, où les initiatives locales peuvent contribuer à retisser des liens parfois distendus. En ce sens, les maires des deux villes n’ont pas manqué de souligner le rôle moteur des diasporas dans cette coopération renouvelée, à la fois pont entre les cultures et levier pour de nouvelles synergies.
Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO