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Chaudières industrielles : le Maroc mise sur la formation pour accélérer la transition énergétique

Alors que l’industrie représente un levier majeur de la transition énergétique au Maroc, un programme national ambitieux de formation à l’efficacité énergétique des chaudières est déployé par la GIZ en partenariat avec le ministère de la Transition énergétique. L’objectif est de doter les entreprises et les prestataires de compétences pratiques pour optimiser un poste clé de consommation, réduire les émissions et soutenir la décarbonation du tissu productif.

Dans un contexte de transition énergétique accélérée, le Maroc franchit une nouvelle étape stratégique. Avec le soutien de la coopération allemande (BMZ) et la mise en œuvre de la GIZ en partenariat avec le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable (MTEDD), un programme de formation inédit consacré à l’efficacité énergétique des chaudières industrielles est lancé.

Ce dispositif s’inscrit dans le cadre du Projet d’appui à l’efficacité énergétique au Maroc (PEEM), et vise à répondre à l’un des plus grands défis de l’industrie nationale, celui de maîtriser une consommation énergétique dominée par les combustibles fossiles, tout en préparant la décarbonation progressive du tissu productif.

Un levier structurant pour la stratégie énergétique nationale
Entre 2007 et 2017, la consommation d’énergie finale au Maroc a bondi de 32%, grevant lourdement la balance énergétique du pays. L’industrie figure parmi les secteurs les plus énergivores, en particulier dans les usages thermiques.

Dans certaines usines, les chaudières consomment jusqu’à 85% de l’énergie totale, constituant un poste critique en matière de rentabilité économique et d’impact environnemental. Optimiser ces équipements revient donc à conjuguer impératifs de compétitivité industrielle et engagements climatiques. La Stratégie nationale d’efficacité énergétique (SNEE 2030), adoptée en 2020, prévoit une réduction de 20% de la consommation d’énergie finale.

Dans ce cadre, le programme de formation initié par le PEEM apparaît comme un outil opérationnel décisif pour sensibiliser, outiller et accompagner les acteurs industriels sur le terrain.

Le programme, qui court jusqu’en 2026, prévoit l’organisation de six sessions de formation à destination de trois groupes mixtes composés de prestataires de services spécialisés (opérateurs, bureaux de contrôle, responsables maintenance) et de représentants de vingt entreprises industrielles sélectionnées pour leur potentiel d’économie d’énergie. Trois villes ont été retenues pour accueillir ces sessions, à savoir Agadir, Marrakech et Casablanca.

La formation, répartie sur deux sessions de trois jours par groupe, repose sur une approche équilibrée entre théorie et pratique. Au menu : principes de thermodynamique appliqués aux chaudières, diagnostic énergétique, techniques de réglage et d’optimisation, étude de cas réels, ainsi que maîtrise du cadre réglementaire. Un accent particulier est mis sur les solutions de décarbonation, notamment les chaudières à biomasse, les chaudières électriques et les technologies de condensation. L’ambition est double : réduire les coûts d’exploitation tout en diminuant significativement les émissions de gaz à effet de serre.

Capitaliser, documenter, diffuser
Au-delà de l’aspect pédagogique, le programme se distingue par l’intégration d’un volet opérationnel de réglage sur site. Vingt entreprises bénéficieront d’interventions concrètes réalisées par les prestataires formés, sous la supervision du contractant.

Cette mise en situation permettra d’identifier les gisements d’économies, d’affiner les pratiques de maintenance et d’enregistrer les premiers résultats mesurables. Grâce aux équipements mis à disposition par la GIZ (analyseurs de gaz, caméras infrarouge, thermomètres de précision…), les performances seront évaluées avant et après intervention, garantissant une traçabilité rigoureuse et des retours d’expérience exploitables.

Ces actions n’exigent aucun investissement majeur, ni modification structurelle des équipements, ce qui les rend immédiatement applicables. Elles illustrent le potentiel souvent sous-estimé d’un simple réglage bien conduit, capable de faire baisser sensiblement la facture énergétique sans surcoût.

Pour renforcer l’appropriation des bonnes pratiques, le programme prévoit également la production de documents techniques et de supports de capitalisation. Un livret opérationnel sur l’optimisation des chaudières sera diffusé, de même que des fiches d’études de cas restituant les méthodologies et les résultats des interventions.

Ces supports seront conçus dans un format visuel accessible, afin de toucher un public large, au-delà du cercle des bénéficiaires directs. Un atelier national de restitution viendra couronner l’ensemble du dispositif, permettant aux parties prenantes – institutions, industriels, prestataires – de dresser un bilan collectif et d’envisager les conditions de démultiplication du programme à plus grande échelle.

Une dynamique de terrain au service de la transition
À l’heure où le Maroc intensifie sa transition énergétique, ce programme s’inscrit dans une logique de transformation systémique, en rapprochant compétences locales, savoir-faire technique et objectifs climatiques. Il illustre la capacité d’un partenariat public-privé-institutionnel à produire des résultats concrets, en phase avec les orientations du Nouveau modèle de développement et de la Contribution déterminée au niveau national (CDN).

Au-delà des chaudières, ce sont les fondations d’un nouveau modèle industriel plus sobre, plus efficient et plus résilient qui se dessinent. Car investir dans la montée en compétence, c’est préparer aujourd’hui les économies d’énergie de demain.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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