Maroc

Intelligence artificielle : David et Goliath à armes égales

En abattant la barrière d’accès à la technologie, l’intelligence artificielle place les grands groupes et les nouveaux entrants dans une même arène économique où l’avantage concurrentiel ne tient plus qu’à l’usage.

C’est un fait, la généralisation des solutions d’intelligence numérique remet en question les logiques traditionnelles de création de valeur et oblige les grands groupes à repenser leurs modes opératoires en vue de maintenir leur compétitivité. L’IA a ainsi cette particularité troublante d’être accessible à tous. Formulé autrement, le tissu économique évolue dans un rapport de force plus symétrique.

Dans ce nouveau terrain de jeu où la barrière technologique s’efface, un Goliath n’est pas à l’abri d’un David bien armé. C’est dans cet esprit que SAP Afrique a tenu, mardi à Casablanca, une conférence dédiée à l’impact de l’intelligence artificielle sur les processus métiers.

L’événement a permis de mesurer la maturité croissante des entreprises face aux enjeux de la digitalisation, mais aussi l’ambition de SAP de consolider son rôle d’architecte de cette transformation. L’éditeur allemand de logiciels d’entreprise se revendique pionnier à l’échelle locale avec l’implantation d’un data center national à Casablanca (Customer experience center), entièrement orienté vers les usages avancés de l’IA.

Une tendance lourde
Au Maroc, cette pression à la transformation s’observe d’abord dans la sphère productive. Dans un contexte de montée en gamme industrielle, l’IA n’est plus un luxe stratégique. Elle devient une exigence de compétitivité. Une tendance lourde observée parmi les entreprises, lesquelles adaptent leurs modèles pour répondre à ces nouvelles exigences.

Dans le secteur pharmaceutique, où la traçabilité s’impose comme impératif clé, le groupe Laprophan a misé sur une architecture numérique évolutive et dont la finalité est de structurer un écosystème où données et IA convergent au service de la performance industrielle.

«Nous ne digitalisons pas seulement notre présent, nous construisons l’infrastructure d’un leader pharmaceutique mondial de demain», affirme Azzedine El Fezzazi, CTO du groupe, qui voit dans cette transition un socle stratégique capable de s’adapter aux spécificités locales sans pour autant remettre en cause la vision globale du groupe.

Dans l’industrie lourde, où la standardisation guide les choix technologiques, Maghreb Steel poursuit, depuis 2023, le déploiement d’un système unifié de gestion et de données. Ce projet, conçu pour couvrir l’ensemble des modules de production, vise une optimisation continue des flux.

«Ce projet stratégique devrait aider à standardiser et améliorer la traçabilité de nos processus», explique Anas Chraibi, directeur général délégué, qui voit également dans cette transformation un levier d’intégration progressive de l’IA dans les opérations.

Dans le secteur financier, l’évolution des Fintechs incite les acteurs à adopter des solutions souples, de plus en plus axées sur l’interopérabilité.

«Nous optimisons nos processus métiers et bâtissons un socle technologique qui s’appuie sur le Cloud et l’IA, ce qui nous permet, in fine, d’anticiper les évolutions du marché», souligne Hamza Belmejdoub, en charge de l’organisation et des systèmes d’information auprès de Zine Capital Invest.

Levier transversal
Pour les différents opérateurs concernés, ces démarches s’inscrivent dans un contexte national plus large, porté par la stratégie «Digital Morocco 2030», qui entend positionner le pays comme un hub technologique régional. Rappelons que dans le cadre de cette feuille de route nationale, l’IA est appréhendée comme un levier transversal pour les services publics, mais aussi un catalyseur de transformation économique dans des secteurs productifs essentiels.

Cette évolution, rendue possible grâce aux agents d’IA, s’accompagne du déploiement de nouvelles technologies conçues pour automatiser les tâches répétitives, fluidifier l’accès aux données et accélérer la prise de décision.

«La capacité de l’IA à traiter les données de manière granulaire facilite son déploiement dans les process de grands groupes mais aussi auprès d’entreprises de taille plus réduite qui adoptent ces technologies, sans complexe», précise Hicham Iraqi Houssaini, directeur général de SAP Afrique francophone.

Loin d’une approche gadget, ces outils s’inscrivent dans une logique de simplification des processus. Encore faut-il que les entreprises soient prêtes à repenser leur fonctionnement interne et à rompre avec une culture du cloisonnement pour en tirer les effets escomptés.

Ayoub Ibnoulfassih /  Les Inspirations ÉCO



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