Mohamed Astaib : “Un marché concurrentiel mais sans élan”

Mohamed Astaib
Président de l’AMITC
Alors que les cours du café s’envolent à l’échelle mondiale sous l’effet des perturbations climatiques et des tensions géopolitiques, le Maroc tente de contenir le choc. Grâce à une politique douanière ciblée et un renforcement de la torréfaction locale, le Royaume amortit les hausses tout en structurant un marché encore largement dominé par le thé. Mais la volatilité des cours mondiaux et la faible percée à l’export soulèvent encore des interrogations.
Comment les torréfacteurs marocains s’adaptent-ils à la volatilité des prix du café sur fond de tensions climatiques et inflationnistes mondiales ?
Après la sortie de la pandémie du Covid-19, l’économie mondiale a connu une reprise et une évolution progressive des échanges mondiaux, malgré la perturbation des marchés d’approvisionnement. Mais cette étape de démarrage relativement délicate s’était accentuée par une situation inflationniste sans précédent et qui devait connaître un trend baissier au début de l’année 2023 pour se situer à un niveau viable. Les cours du café, au même titre que les autres marchandises, n’ont pas échappé à ces aléas et à ces contraintes exogènes incontournables.
D’ailleurs, des perturbations climatiques enregistrées au Brésil, lequel produit environ 30% de la totalité du café consommé dans le monde, ont largement affecté les cours à l’international. Les prix du café sont sujets à volatilité, à telle enseigne qu’une hausse du prix d’un kilogramme de café vert à atteint 50%, en 2024, par rapport à 2023.
La parade dont dispose nos industriels torréfacteurs est celle de dénicher les origines les plus prometteuses en qualité, en volume et en prix relativement compétitifs pour pouvoir assurer aux consommateurs locaux des cafés moyennant des prix viables et abordables.
Quels sont les principaux freins que rencontrent le marché marocain du café ?
Le marché du café au Maroc est peu structuré mais fortement concurrentiel. Il y a également lieu de relever que d’autres segments du café viennent grignoter une part de marché, à savoir le café soluble et les dosettes et capsules dont le volume augmente crescendo.
En dehors de cinq entreprises disposant d’une infrastructure industrielle moderne conforme aux standards internationaux, il existe une multitude d’opérateurs dans le domaine de la torréfaction «artisanale» munis d’équipements rudimentaires, mais qui a son droit de cité dans ce secteur d’activité, notamment pour des segments bien déterminés.
Toutefois, la cadence de l’évolution de la consommation du café au Maroc n’est pas, dans l’état actuel des choses, susceptible de connaître un trend haussier au regard de la consommation annuelle par habitant qui oscille entre 800 et 900 grammes, niveau jugé relativement modeste. Comparée à la Tunisie où la consommation annuelle par habitant est de 1,5 kg, la demande intérieure n’est pas prête à décoller convenablement.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO