Sécurité routière. Anne Vermonet : «Chez Renault, nous sommes convaincus qu’il faut mettre en commun les innovations pour réduire les accidents»
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Anne Vermonet
Vice-présidente en charge du software et de la sécurité active chez Renault
Chaque année, des millions d’accidents routiers rappellent que la sécurité sur les routes reste un défi mondial. Facteur humain, infrastructures inadaptées, absence de régulations harmonisées, les causes sont multiples et nécessitent des réponses concertées. Lors de la 4e Conférence ministérielle mondiale sur la sécurité routière à Marrakech, Renault a mis en avant ses innovations pour agir avant, pendant et après un accident, misant sur la technologie et la sensibilisation pour transformer durablement la conduite et la mobilité urbaine. Anne Vermonet, vice-présidente en charge du software et de la sécurité active chez Renault Group, nous éclaire sur l’approche du constructeur où technologie et prévention convergent au service de la sécurité routière.
Renault met régulièrement en avant son engagement en faveur de la sécurité routière. Quelles sont les priorités qui orientent votre approche ?
L’ADN de notre groupe repose sur une vision globale qui allie innovation et responsabilité. Notre stratégie s’appuie sur trois engagements majeurs, l’inclusion, l’environnement et la sécurité. Sur ce dernier point, nous avons structuré notre démarche autour de quatre principes fondamentaux, en mettant l’accent sur la prévention, l’éducation, la protection et le secours. L’objectif est d’agir à toutes les étapes, en amont pour éviter l’accident, pendant la conduite grâce aux aides à la décision, et en aval pour limiter les conséquences en cas de choc.
Votre groupe a choisi de rendre la technologie Fireman Access accessible gratuitement. Pourquoi ce choix et quelle est sa portée ?
Cela fait quinze ans que nous avons intégré Fireman Access dans nos véhicules, et nous connaissons bien son efficacité. Mais la sécurité routière est une responsabilité partagée. Nous sommes convaincus qu’il faut mettre en commun les innovations pour réduire les accidents. En rendant cette licence gratuite, nous permettons à d’autres constructeurs de l’adopter, de l’améliorer et d’en faire un standard de sécurité. Ce n’est qu’en travaillant collectivement que nous pourrons progresser.
La ville est un terrain où la sécurité routière pose des défis spécifiques. Comment Renault adapte-t-il ses innovations à cet environnement ?
Nous avons adopté une double approche. D’abord, agir avant même que l’accident ne survienne. Nous avons développé des outils comme Safety Score et Safety Coach, qui permettent aux conducteurs d’analyser leur manière de rouler et de recevoir des conseils personnalisés pour améliorer leur comportement au volant.
L’objectif est d’intégrer la sécurité dès l’apprentissage et de l’inscrire dans une démarche continue. Ensuite, nous avons investi dans des technologies post-accident. En cas de collision, nos dispositifs permettent d’alerter rapidement les secours et d’optimiser leur intervention. Fireman Access, par exemple, facilite l’extinction des incendies sur les véhicules électriques.
L’erreur humaine étant la principale cause d’accidents, comment Renault agit-il sur cet enjeu ?
Les statistiques sont claires. Près de 90 % des accidents impliquent un facteur humain, et dans près d’un cas sur deux, il s’agit de la seule cause. Nous avons donc conçu des aides à la conduite qui assistent le conducteur sans se substituer à lui. L’alerte d’ouverture de portière, qui signale l’arrivée d’un cycliste, ou encore le freinage d’urgence automatique, en sont de bons exemples. Ces dispositifs permettent de compenser les inévitables erreurs d’inattention.
L’attention portée aux usagers vulnérables (les piétons et les cyclistes) fait partie des grandes attentes des villes. Quels dispositifs mettez-vous en place ?
Nous développons des systèmes qui tiennent compte des interactions entre les usagers. L’alerte d’ouverture de portière en est un bon exemple. Elle détecte un cycliste approchant et empêche le passager d’ouvrir la porte à un moment inopportun. Nous intégrons également des technologies qui prennent le relais du conducteur en cas de danger imminent, comme le freinage automatique. Enfin, en cas d’accident, la rapidité d’intervention est essentielle. Nos systèmes permettent une transmission immédiate des données aux secours, pour une prise en charge plus efficace.
Vous avez évoqué l’anticipation des réglementations. Dans quelle mesure celles-ci influencent-elles votre stratégie ?
Nous nous conformons évidemment aux réglementations en vigueur, mais notre philosophie est d’aller plus loin que les exigences minimales. Nous anticipons, par exemple, les critères qui seront introduits dans l’Euro NCAP (Le European New Car Assessment Program) – organisme qui teste la sécurité des voitures, ndlr – d’ici 2028 ou 2030, en proposant certaines innovations dès aujourd’hui.
Quelles sont les technologies qui marqueront la sécurité automobile dans les prochaines années ?
L’intelligence artificielle jouera un rôle central dans la prévention des accidents. Nous travaillons déjà sur des systèmes connectés capables d’alerter en temps réel en cas de danger et d’analyser les comportements pour proposer des recommandations personnalisées. Le véhicule devient ainsi un acteur actif de la sécurité, en lien avec son environnement et avec les autres usagers de la route.
Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO