Marché obligataire : vers une révision à la hausse des taux à court terme
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Dans un contexte de réajustement des liquidités et de tensions sur le financement du Trésor, le marché obligataire enregistre une correction haussière des taux à court terme. Cette dynamique pourrait se maintenir en raison du manque de visibilité sur les levées de fonds à l’international.
Les investisseurs obligataires scrutent attentivement l’évolution des taux alors que le marché primaire amorce une correction haussière sur les maturités courtes. Une dynamique qui traduit la légère pression qui pèse sur le financement du Trésor dans un contexte de réajustement des liquidités.
Selon le dernier Fixed Income Weekly publié par BMCE Capital Global Research (BKGR), cette tendance pourrait perdurer dans les semaines à venir en raison du manque de visibilité sur les conditions de levée à l’international.
Un marché monétaire sous le signe de l’allègement
Après plusieurs semaines marquées par des tensions sur la liquidité bancaire, un certain répit s’observe. Le déficit moyen s’est allégé de 2,51 %, s’établissant à -136,1 milliards de dirhams (MMDH), tandis que les avances à 7 jours de Bank Al-Maghrib progressent de 4,61 milliards pour atteindre 59,7 MMDH.
Parallèlement, les placements hebdomadaires du Trésor enregistrent une contraction, leur encours quotidien maximal passant de 17,3 milliards de dirhams à 12,2 MMDH. Malgré ces évolutions, le taux moyen pondéré interbancaire (TMP) reste stable à 2,501 %, tandis que le taux MONIA (Moroccan Overnight Index Average), indicateur clé du coût du refinancement interbancaire au jour le jour, s’établit à 2,49 %.
Une pression haussière sur les taux primaires
Sur le marché primaire, le Trésor a procédé à des levées à hauteur de 3,665 milliards, soit 76 % du montant proposé (4,815 milliards de dirhams). Ces opérations ont concerné les maturités de 13 semaines, 52 semaines et 2 ans, avec des taux limites respectifs de 2,38 %, 2,5833 % et 2,6549 %.
L’évolution des taux témoigne d’un réajustement haussier : une hausse de 10 points de base pour les maturités de 13 et 52 semaines, et de 5 points de base pour le 2 ans.
Ce mouvement traduit une remontée de la prime de risque exigée par les investisseurs sur le court terme, en réponse à la nécessité accrue du Trésor de financer ses besoins domestiques. Ce réajustement s’inscrit dans un contexte où l’incertitude autour des conditions de levée de fonds sur les marchés internationaux persiste.
Un marché secondaire en ordre dispersé
Sur le marché secondaire, la tendance est contrastée. Si la maturité 13 semaines enregistre une correction à la baisse de 12,84 points de base à 2,34 %, les rendements des maturités 26 semaines, 52 semaines et 5 ans progressent respectivement de 4,75, 2,03 et 3,25 points de base. Les taux sur les longues maturités, quant à eux, demeurent globalement stables, signe d’une prudence des investisseurs sur les perspectives à long terme.
À court terme, selon BKGR, Bank Al-Maghrib devrait renforcer ses interventions sur le marché monétaire, augmentant le volume de ses avances à 7 jours à 64,4 MMDH, contre 59,7 milliards précédemment.
Du côté obligataire, la pression haussière sur les taux à court terme pourrait se maintenir, portée par une résurgence des tensions sur le financement du Trésor. L’évolution future du marché dépendra largement des choix stratégiques en matière de mobilisation de ressources à l’international et du positionnement des investisseurs face aux ajustements de la politique monétaire.
En attendant, la prudence reste de mise pour les acteurs du marché, dans un environnement où l’équilibre entre liquidité et coût de financement demeure fragile.
S.R. / Les Inspirations ÉCO