Ciment : les infrastructures boostent les livraisons
L’année démarre sur les chapeaux de roue pour les cimentiers, le secteur affichant sa bonne santé. Après la stabilité enregistrée en 2022, la progression modérée de 2023 et un regain de vigueur en 2024, c’est donc la confirmation en 2025, avec une hausse de près de 14% des livraisons, en grande partie portées par les investissements dans les infrastructures. Toutefois, si ce secteur et celui du béton prêt à l’emploi stimulent la demande, l’immobilier connaît toujours des difficultés, freiné par les contraintes administratives et la cherté du foncier.
Après des années de morosité, notamment depuis l’avènement de la crise pandémique, l’industrie du ciment commence à reprendre des couleurs. Le marché, qui est resté stable durant l’année 2022, a connu une reprise modérée en 2023 avec des livraisons qui avaient légèrement augmenté suite à la relance économique. Toutefois, la véritable reprise du secteur a été observée l’année dernière puisque les ventes de ciment ont atteint quelque 13,7 millions de tonnes, soit une augmentation de 9,45% par rapport à 2023.
Un bon cru
L’année 2025 démarre en beauté avec une évolution de 13,75% par rapport au mois de janvier 2024, avec des ventes atteignant 1.285.585 tonnes. Cette augmentation de la consommation est particulièrement soutenue par les projets d’infrastructures initiés dans le Royaume.
«L’année démarre sur une note positive et nous espérons qu’elle se poursuivra. L’augmentation substantielle de la demande de ciment est principalement portée par le secteur des infrastructures qui a fortement stimulé la consommation. Les investissements publics dans le BTP représentent également un vecteur», se réjouit David Toledano, président de la Fédération des industries des matériaux de construction (FMC).
Il ajoute que «le secteur du béton prêt à l’emploi présente aussi un potentiel puisqu’il enregistre un fort développement. La facilité de mise en œuvre a contribué à la vitalité du secteur, permettant par ricochet de soutenir la consommation du ciment».
Quant aux perspectives à court terme, les industriels affichent leur optimisme. Pour Toledano, le secteur regorge d’opportunités.
«Avec le lancement du Programme d’aide directe au logement, le potentiel du secteur du bâtiment devrait s’affirmer. Pour l’heure, ce segment ne progresse pas en dépit de l’évolution des ventes du ciment. Ceci dit, le foncier devrait se libérer compte tenu de l’importante demande qui se manifeste», assure-t-il, tout en rappelant que le chantier des infrastructures poursuit son ascension.
«Cependant, l’enjeu majeur pour les cimentiers est de pouvoir maintenir ce même niveau de consommation», prévient-il avant de préciser que «les prix sont restés au même niveau».
L’immobilier en berne
Concernant le secteur de l’immobilier, le constat est sans équivoque : la reprise du marché du bâtiment n’est toujours pas au rendez-vous. Comme corroboré par des opérateurs de la promotion immobilière, l’évolution des ventes de ciment ne reflète en aucun cas l’évolution du secteur du bâtiment. Ce qui reflète réellement la bonne santé de l’immobilier, c’est le nombre de logements construits et autorisés. Une donne qui permettrait de disposer d’une visibilité sur l’évolution des constructions.
Pour un professionnel qui a requis l’anonymat, cet indicateur demeure le plus révélateur de la situation du marché. Or, au grand dam des promoteurs, ces données ne sont pas disponibles. Ce qui certain, c’est qu’elles confirmeront cette tendance à la baisse.
En effet, rappelons que le nombre de transactions immobilières demeure en chute, comme le confirment les chiffres conjoints de Bank al-Maghrib et de l’Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie. Ces dernières renseignent sur les transactions immobilières au titre du troisième trimestre de l’année 2024, lesquelles ont dégringolé de 28,9% en glissement trimestriel. Des chiffres qui suscitent l’inquiétude des promoteurs qui n’arrivent pas à sortir la tête de l’eau.
Selon certains acteurs de la profession, tant que le circuit administratif relève du parcours du combattant, la situation n’est pas prête de s’améliorer.
Dans ce sens, les promoteurs immobiliers ne cessent d’exhorter le département de tutelle à simplifier des démarches qui «peuvent durer plus d’un an», notamment pour obtenir une autorisation de construction. Et ce, sans parler de la cherté du foncier dont les prix doivent être revus à la baisse pour répondre à une demande grandissante.
David Toledano
Président de la FMC
«L’année démarre sur une note positive et nous espérons qu’elle se poursuivra. L’augmentation substantielle de la demande de ciment est principalement portée par le secteur des infrastructures qui a fortement
stimulé la consommation. Les investissements publics dans le BTP représentent également un vecteur. Le secteur du béton prêt à l’emploi présente aussi un potentiel puisqu’il enregistre un fort développement. La facilité de mise en œuvre a contribué à la vitalité du secteur, permettant par ricochet de soutenir la consommation
du ciment.»
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO