Maroc

Technologie : l’IA bouscule les processus créatifs

Une étude récente publiée dans la Revue internationale de la recherche scientifique met en lumière les impacts de cette technologie sur les processus créatifs chez les utilisateurs marocains. Si les opportunités sont nombreuses, des inquiétudes émergent quant à la déqualification des compétences humaines.

L’engouement des Marocains pour l’intelligence artificielle (IA) ne se dément pas. Le Maroc figure d’ailleurs parmi les pays les plus actifs dans l’utilisation de ChatGPT, témoignant d’une dynamique numérique effervescente.

Cependant, au-delà de cet intérêt croissant, des chercheurs marocains ont exploré les effets de l’IA sur la créativité humaine. Publiée dans la Revue internationale de la recherche scientifique, leur étude analyse les opportunités offertes par cette technologie mais émet aussi des réserves sur ses impacts à long terme.

L’IA, un partenaire créatif émergent
Des domaines aussi variés que le design, la musique ou la publicité intègrent désormais l’IA dans leurs processus créatifs.

«L’IA agit comme un partenaire créatif, offrant des gains de productivité et de nouvelles perspectives dans des secteurs variés comme le design, la musique et la publicité», notent les auteurs de l’étude.

Au Maroc, des outils comme ChatGPT ou Adobe Sensei permettent aux créateurs de générer rapidement des idées, d’automatiser des tâches techniques et d’accélérer les processus de production. Ces avancées renforcent la productivité et ouvrent de nouvelles perspectives, notamment dans les industries culturelles et médiatiques.

Des inquiétudes sur la déqualification des compétences
Malgré ces apports, l’étude met en garde contre une dépendance excessive aux technologies d’IA. «L’adoption rapide de l’IA soulève des préoccupations quant à la déqualification des compétences humaines essentielles, telles que l’intuition et la pensée divergente», précisent les chercheurs.

L’automatisation des tâches routinières, bien que pratique, pourrait amener les créateurs à perdre en originalité et en intuition, des qualités fondamentales dans les processus créatifs.

Cette «paresse cognitive», comme l’appellent les auteurs, pourrait à terme standardiser les productions et limiter l’innovation radicale. Les données récoltées dans le cadre de cette recherche indiquent que l’IA est majoritairement utilisée pour automatiser les étapes finales du processus créatif, telles que le rendu visuel, le mixage audio ou encore la production de contenus graphiques.

Cependant, ce gain de temps et de productivité peut entraîner une perte progressive de compétences humaines essentielles, comme la sensibilité artistique ou l’adaptation culturelle. Ces qualités, jugées irremplaçables, constituent pourtant le fondement de l’originalité dans des secteurs comme le design ou la musique.

Une intégration réfléchie de l’IA
Pour éviter cet écueil, l’étude appelle à une intégration éthique et stratégique de l’IA dans les processus créatifs. Si l’IA représente un levier puissant pour repousser les limites de l’imagination, elle doit être maniée avec prudence pour préserver les compétences humaines.

Le défi consiste à exploiter les atouts de l’IA tout en préservant le potentiel créatif intrinsèque des individus, insistent les auteurs. Les chercheurs insistent sur la nécessité d’un équilibre entre l’utilisation de l’IA et la préservation des compétences humaines. Ils recommandent tout d’abord de renforcer les programmes éducatifs, en intégrer des modules axés sur la pensée critique et la créativité afin de préparer les jeunes générations à coexister avec des outils d’IA. Les chercheurs défendent aussi la nécessité d’établir des cadres éthiques garantissant la reconnaissance des contributions humaines et la diversité culturelle dans les créations, tout en sensibilisant aux limites de l’IA.

Toutefois, le recours à l’IA devraient être promu, mais dans un cadre de «co-création», estiment les chercheurs, notant que l’IA devrait être considéré comme un partenaire et non un remplaçant, en limitant son rôle aux phases de production et d’optimisation. Selon eux, ces mesures permettraient non seulement de tirer parti des innovations technologiques, mais aussi de préserver l’essence même de la créativité humaine.

«Une réalité nuancée»

L’étude sur l’impact de l’intelligence artificielle sur la créativité humaine a été réalisée par Yassine Khomsi, Houda Khomsi, Imane Soukri, doctorante, et Youssef Khoms, une équipe de chercheurs marocains issus de la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales d’Aïn Sebâa, relevant de l’Université Hassan II de Casablanca.

Leur démarche repose sur des entretiens menés avec des data scientists, ingénieurs en IA, designers UX/UI, artistes numériques, directeurs de l’innovation ou encore des responsables R&D, mettant ainsi en lumière une réalité nuancée, car si l’IA peut amplifier la créativité, elle requiert une intégration réfléchie pour éviter la déqualification des compétences humaines.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO



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