Edito. Mieux que prévu
L’opération aura finalement été couronnée d’un succès phénoménal. Le bilan définitif de l’amnistie sur le cash, clôturée fin décembre, dépasse toutes les espérances, résultant sur une collecte finale de plus, de 127 milliards de DH. De quoi satisfaire l’Exécutif qui voit en cette réalisation la réussite d’une politique fiscale qui se veut à la fois incitative et réconciliatrice.
Avec une contribution libératoire de 5%, les caisses de l’État bénéficieront directement d’environ six milliards de dirhams, une bouffée d’oxygène bienvenue pour un budget général sous tension. Mais derrière ces résultats flatteurs, se posent des questions fondamentales sur la pérennité et l’impact réel de telles opérations sur l’économie nationale.
Au-delà de la satisfaction des chiffres, l’amnistie fiscale soulève toujours des débats. Si elle renforce la relation entre contribuables et administration fiscale, elle pourrait aussi encourager une attente latente d’opérations similaires, sapant à terme la discipline fiscale.
Les entreprises et les particuliers pourraient y voir une opportunité cyclique de régularisation, reléguant au second plan leurs obligations légales annuelles. Ce cercle vicieux, même tacite, risque de compromettre les efforts d’assainissement durable du système fiscal. Constat similaire pour l’opération de régularisation spontanée sur les avoirs détenus à l’étranger même si elle témoigne d’un certain pragmatisme de l’État qui montre qu’il sait capter des ressources qui seraient autrement hors de portée.
Ces opérations traduisent une efficacité de court terme, mais le véritable enjeu demeure structurel. La fiscalité doit évoluer vers une plus grande inclusion et une meilleure transparence pour éviter de compter, chaque décennie, sur des solutions ponctuelles.
Les recettes tirées de ces initiatives sont certes significatives, mais elles ne peuvent masquer les défis à long terme : renforcer la confiance, moderniser le système fiscal et, surtout, créer les conditions d’une véritable justice fiscale.
Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO