Stress hydrique : plaidoyer pour une gestion intégrée des eaux
Face à la sécheresse et aux défis hydriques croissants, Fès a accueilli un séminaire international sur la Gestion intégrée des ressources en eau (GIRE). Experts et décideurs ont débattu des solutions durables pour garantir la sécurité hydrique, partageant expériences et bonnes pratiques, notamment l’approche marocaine.
Dans un contexte mondial où la crise hydrique s’intensifie, exacerbée par le changement climatique, la croissance démographique et l’urbanisation rapide, la gestion durable des ressources en eau devient une priorité absolue. C’est dans cette optique que la ville de Fès a accueilli, mardi, un séminaire international réunissant experts, chercheurs et décideurs pour discuter des défis actuels et futurs liés à cette ressource vitale.
Sous le thème «Application de la Gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) pour relever les défis de l’eau», cet événement, organisé par le ministère de l’Équipement et de l’Eau en collaboration avec l’Agence du bassin hydraulique du Sebou, a offert une plateforme unique pour échanger des idées, partager des expériences et promouvoir des approches durables face aux défis liés à l’eau.
Trois piliers pour garantir sa sécurité en eau
Abdelfattah Sahibi, secrétaire général au ministère de l’Équipement et de l’Eau, a souligné l’importance de cette rencontre en mettant en avant la nécessité d’une approche pragmatique, innovante et résiliente pour garantir la sécurité hydrique et la pérennité du développement socioéconomique.
Il a rappelé que le Maroc traverse l’une des pires sécheresses de son histoire récente, avec des températures en hausse et un taux de remplissage des barrages ne dépassant guère les 30%. Cette situation, conséquence directe des changements climatiques, exacerbe le stress hydrique, réduit les réserves en eau et affecte gravement des secteurs économiques essentiels, notamment le secteur agricole.
Sahibi a partagé l’expérience marocaine en matière de gestion de l’eau, inspirée par la vision de Sa Majesté le Roi, soulignant que la feuille de route repose sur trois piliers principaux. Il s’agit, notamment, du développement des eaux environnementales par la construction de barrages, la collecte d’eau pluviale et l’exploitation durable des ressources en eau souterraine. La feuille de route concerne aussi la promotion des eaux non conventionnelles, notamment le dessalement de l’eau de mer et la réutilisation des eaux usées épurées, ainsi que la gestion de la demande en eau pour réaliser des économies et valoriser les ressources en eau mobilisées.
Le secrétaire général a également souligné que la politique de l’eau au Maroc a connu plusieurs inflexions majeures, dont la transition vers les ressources en eau non conventionnelles, le passage de la gestion de l’offre à la gestion de la demande, la gestion à long terme basée sur des plans directeurs d’aménagement intégrés des ressources en eau, et la solidarité entre les zones urbaines et rurales pour assurer une équité territoriale dans la répartition de l’eau.
Sebou, un pari sur l’avenir
Khalid El Ghomari, directeur de l’Agence du bassin hydraulique du Sebou, a présenté les principales réalisations et contraintes dans le bassin du Sebou. Parmi les réalisations, on compte 11 grands barrages et 51 petits barrages mobilisant 6.059 Mm3 d’eau, 5 grands barrages en cours de réalisation avec un volume supplémentaire d’environ 2.000 Mm3, un réseau bien développé pour le suivi quantitatif et qualitatif des ressources en eau, et la galerie Matmata pour le transfert d’eau du barrage Allal Fassi vers le barrage Idriss Ier.
Le bassin du Sebou a également vu la généralisation et la sécurisation de l’alimentation en eau potable en milieu urbain et l’amélioration du taux d’accès en milieu rural à plus de 90%, l’irrigation de 355.000 ha de terres dont 114.000 équipés en grande hydraulique, et la production de 600 GWH d’énergie hydro-électrique par an.
Cependant, le bassin du Sebou fait face à plusieurs contraintes majeures, notamment la croissance démographique, les changements climatiques, la surexploitation des ressources en eaux souterraines, la pollution de l’eau, l’envasement des barrages et la problématique des inondations. La croissance démographique, avec 7,6 millions d’habitants actuellement et 9,2 millions à l’horizon 2050, et les changements climatiques, avec une baisse notable des précipitations et des apports et une augmentation des températures, exacerbent ces défis.
La surexploitation des ressources en eaux souterraines, avec un bilan déficitaire de 268 Mm3 par an, et la pollution de l’eau, avec des taux de traitement des rejets domestiques et industriels insuffisants, sont également des préoccupations majeures pour le bassin. L’envasement des barrages, avec une perte de 31 Mm3 de capacité de stockage annuellement, et la problématique des inondations, avec 178 sites à risque d’inondation inventoriés, nécessitent des solutions urgentes.
La GIRE, clé pour la sécurité hydrique de demain
Le séminaire international organisé à Fès sur la GIRE a mis en lumière l’importance d’une gestion intégrée et durable des ressources en eau pour relever les défis actuels et futurs. Les interventions des experts ont souligné la nécessité de renforcer la coopération internationale, de partager les bonnes pratiques et de promouvoir des approches innovantes pour garantir la sécurité hydrique et le développement durable.
Les réalisations et les défis présentés par les intervenants montrent que, malgré les contraintes climatiques sévères, des efforts significatifs sont déployés pour assurer un avenir durable aux générations futures.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO