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Mobile payment : quels enjeux et quels défis ?

Alors que le Maroc avance dans sa transformation numérique, le paiement mobile se distingue comme un levier majeur pour favoriser l’inclusion financière et renforcer la modernisation économique.

Le secteur du paiement mobile a connu une expansion rapide, atteignant près de 10,4 millions de comptes M-wallet actifs fin 2023, soit une augmentation significative de 35% par rapport à l’année précédente.

Ce développement est en grande partie soutenu par la Stratégie nationale d’inclusion financière (SNIF) lancée en 2019, qui met l’accent sur l’accessibilité des services financiers pour les populations non bancarisées, en particulier dans les zones rurales. L’adoption accrue de solutions de paiement mobile répond également aux ambitions du Plan Maroc Digital 2030, qui vise une digitalisation extensive des services pour promouvoir une économie plus inclusive.

Bank Al-Maghrib, en collaboration avec les opérateurs de télécommunication et les établissements financiers, a initié des campagnes de sensibilisation pour encourager l’utilisation des M-wallets, en particulier pour les transactions de la vie courante, comme le paiement de factures et les transferts d’argent.

Inclusion financière, un enjeu national
Selon le Rapport annuel sur les infrastructures des marchés financiers et les moyens de paiement, leur surveillance et l’inclusion financière publié récemment par Bank Al Maghrib, plus de 28 % de la population adulte demeure en dehors du système bancaire. Le paiement mobile se présente ainsi comme une alternative pour intégrer ces populations dans l’écosystème financier.

En 2023, l’Indice d’inclusion financière (IIF) s’est établi à 0,532, soit une progression de 2,2 % par rapport à 2022. Ce progrès est attribuable en partie à l’augmentation des points d’accès financiers pour 10.000 adultes, atteignant 12,5 en 2023, contre 11,5 en 2022, soulignant une expansion des canaux d’accès financier, dont le paiement mobile.

Les usages et les comportements des utilisateurs
La répartition des transactions M-wallet montre des tendances intéressantes. Pour les établissements bancaires, la majorité des transactions via M-wallets sont des transferts d’argent, représentant 56% de la valeur totale des transactions, suivis des retraits aux guichets automatiques à 28% et du paiement de factures à 15%. Quant aux établissements de paiement, les transactions de paiement de factures dominent avec 70%, suivies des transferts (27%).

Le développement du paiement chez les commerçants reste limité (seulement 2% des transactions pour les établissements de paiement), ce qui met en évidence la nécessité d’une sensibilisation accrue des commerçants à l’acceptation des paiements électroniques. Cette étape est cruciale pour permettre une utilisation plus diversifiée du M-wallet, en particulier pour les achats du quotidien.

Obstacles et défis pour le développement du paiement mobile
Malgré les progrès réalisés, le paiement mobile au Maroc se heurte encore à plusieurs obstacles significatifs. L’un des principaux freins réside dans l’accès restreint à la connectivité dans certaines zones rurales, ce qui empêche de nombreux citoyens de profiter pleinement des services de paiement mobile.

De plus, un manque de sensibilisation et de confiance envers les transactions numériques demeure, notamment, parmi les petites entreprises et les commerçants, qui restent souvent hésitants à adopter ces modes de paiement.

Enfin, les infrastructures de paiement électronique, encore peu développées dans les régions moins peuplées, limitent l’accès des populations éloignées aux services financiers digitaux, freinant ainsi l’inclusion financière complète.

Les initiatives en cours pour favoriser l’adoption
Pour surmonter ces obstacles, plusieurs initiatives sont en cours. Bank Al-Maghrib, en collaboration avec des partenaires comme le Groupement marocain de paiement mobile (GP2M), a mis en place des campagnes de sensibilisation et de formation destinées aux commerçants et aux consommateurs.

Par ailleurs, l’assouplissement du cadre réglementaire pour les établissements de paiement facilite la création de nouvelles offres de services financiers pour les populations mal desservies. De plus, la Banque mondiale et Bank Al-Maghrib ont collaboré sur des ateliers de travail pour établir une gouvernance nationale pour le développement des paiements électroniques, permettant de réduire les coûts de transactions et d’encourager une adoption plus large des solutions de paiement digital.

Le paiement mobile est bien plus qu’une simple technologie, il représente une opportunité d’inclusion pour les segments de population historiquement éloignés des services financiers.

Grâce aux efforts conjoints de Bank Al-Maghrib, des institutions financières et du secteur des télécommunications, le paiement mobile continue de se développer, ouvrant la voie à un système financier plus inclusif. Cependant, la pérennisation de cette dynamique nécessitera des efforts constants pour sensibiliser les populations et lever les obstacles structurels. En renforçant ces initiatives, le Royaume peut réaliser ses ambitions d’une économie inclusive et moderne, s’appuyant sur des solutions de paiement digital accessibles à tous.

Des exemples inspirants

À l’international, plusieurs pays émergents ont démontré comment le paiement mobile peut transformer l’inclusion financière. Au Kenya, par exemple, l’adoption de M-Pesa a permis à plus de 70% de la population adulte d’accéder aux services financiers, réduisant ainsi considérablement le taux de non-bancarisation.

Ce modèle a inspiré des pays comme le Maroc, où l’extension des M-wallets s’inscrit dans une logique similaire, visant à démocratiser l’accès aux services financiers.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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