Maroc

Casablanca-Settat : le conseil régional passe à la vitesse supérieure

Plusieurs projets structurants ont été annoncés en marge de la session ordinaire du Conseil régional de Casablanca-Settat, dont la création d’un fonds d’investissement, de pépinières pour jeunes pousses, ainsi que le lancement d’un Réseau express régional (RER). 

Lundi 7 octobre 2024, à 10 heures. Une foule d’élus converge vers la préfecture de Mohammédia pour assister à la session ordinaire du Conseil de la région Casablanca-Settat. Une rencontre attendue, au vu des grandes lignes à l’ordre du jour, qui visent à rehausser les enjeux économiques de la région qui contribue le plus au PIB national (32 % du PIB).

L’ouverture de la session, assurée par la présidence, a été marquée par la mise en vote de la création d’un fonds régional d’investissement. À l’unanimité, les membres du conseil ont approuvé le lancement de ce fonds doté d’une enveloppe globale de 241 millions de dirhams, destiné à accompagner les très petites et moyennes entreprises (TPME) et à générer des retombées économiques sur les populations locales. En parallèle, le conseil a validé la création d’une société anonyme (SA), chargée de gérer ce fonds et d’assurer son bon fonctionnement.

Ce premier point à l’ordre du jour s’inscrit pleinement dans la mise en œuvre de la régionalisation avancée, un cadre politique qui cherche à renforcer l’autonomie et le développement des territoires. Cette initiative vise à doter la région de Casablanca-Settat d’outils financiers adaptés pour soutenir l’entrepreneuriat local et favoriser une croissance inclusive.

Bilan étape
La session s’est ensuite poursuivie avec la présentation d’un rapport d’étape détaillant les activités du Conseil, suivie d’un bilan à mi-mandat (2021-2024), où les principales réalisations de la région ont été mises en avant. L’un des projets phares présentés concerne la création d’un Campus Tech à Nouaceur, un partenariat avec la société Nomaya et African Tech Campus.

Ce campus, pensé comme un incubateur, doit favoriser l’émergence de startups spécialisées dans les technologies liées à l’intelligence artificielle.

«Le campus servira d’incubateur, offrant un cadre propice au développement des jeunes talents, avec un accompagnement spécialisé et des infrastructures adaptées», a précisé le président du Conseil de la région Casablanca-Settat, Abdellatif Maâzouz.

Dans la même veine, un partenariat conclut avec le Réseau marocain d’accompagnement des entrepreneurs (REM) a pour finalité de promouvoir l’auto-entrepreneuriat et faciliter l’insertion des jeunes dans le tissu économique régional.

Ce programme, particulièrement destiné aux jeunes sans emploi, se présente comme une véritable opportunité pour les catégories les plus vulnérables. Le secteur sportif n’a pas été en reste, avec un autre projet discuté visant à former 30 jeunes dans les métiers du sport, en partenariat avec l’ONG TIBU. Ce programme de formation professionnalisante s’inscrit dans une stratégie plus large de développement de l’économie sportive régionale. Il vise à offrir des débouchés concrets à une jeunesse à la recherche d’opportunités dans ce secteur en pleine expansion.

«Rentabilité sur les capitaux investis»
La réunion a également mis en avant des projets d’aménagement territorial clés pour le développement des zones industrielles et logistiques de Casablanca-Settat. À ce titre, la région se positionne comme un pôle logistique de premier plan avec deux initiatives d’envergure.

Le premier projet concerne la zone logistique d’Ouled Saleh, située dans la province de Nouaceur, mobilisant un investissement global de 550 millions de dirhams, dont 150 millions proviennent du financement régional.

Ce projet ambitionne de répondre aux besoins croissants des entreprises implantées dans l’hinterland de la métropole économique, en s’appuyant sur des infrastructures locales.

En parallèle, un autre projet d’envergure a été annoncé dans la province d’El Jadida, avec l’extension de la zone industrielle de Laghdira, pour laquelle un budget de 970 millions de dirhams a été alloué, dont 200 millions provenant directement de la région.

«Ces zones sont d’une importance capitale pour la région. Le but est de permettre de générer une rentabilité sur les capitaux investis», lance Abdellatif Maâzouz.

Concernant la province de Settat, le Conseil a pris note de la suspension temporaire d’un projet de zone logistique, en attente des résultats d’une étude sur les risques d’inondation. Une décision définitive devrait être prise dès la conclusion de cette analyse. La zone de Zenata a aussi été évoquée comme un pilier structurant du paysage logistique régional. Son développement continu s’inscrit dans une stratégie globale visant à maximiser l’efficacité du réseau logistique de Casablanca-Settat, en renforçant la connectivité régionale et nationale.

Réseau express régional
La session du Conseil a permis ainsi de dresser un état des lieux des priorités régionales, tout en rappelant le rôle clé de la connectivité économique.

En ce sens, la création d’un Réseau express régional (RER) a été présentée comme un axe central du développement des infrastructures. Ce réseau, destiné à relier les principales villes de la région, vise à améliorer la mobilité interurbaine, tout en désengorgeant les axes routiers souvent saturés. Ce projet s’inscrit également dans une vision plus large en vue de l’organisation de la Coupe du monde.

Le RER jouera un rôle essentiel en facilitant le déplacement des visiteurs, offrant un accès rapide aux stades et autres infrastructures sportives. Mais ce réseau ne servira pas seulement cet événement ponctuel, mais apportera une solution durable aux défis de transport posés par l’expansion économique et démographique de la région.

«Une annonce officielle du projet est attendue dans les semaines à venir», fait savoir Abdellatif Maâzouz.

En lien avec cet effort de modernisation, la rénovation des infrastructures sportives a occupé une place importante dans les discussions.

Le Conseil a examiné plusieurs projets répartis dans les différentes communes de la région, visant à répondre aux normes internationales d’accueil des événements sportifs. Les travaux de réhabilitation du stade annexe du complexe sportif de Sidi Bouzid et l’achèvement des infrastructures du stade municipal de Bir Jdid ont été les premiers points abordés.

Ces projets ont pour objectif de moderniser les équipements sportifs tout en augmentant la capacité d’accueil. Le complexe sportif international de Sidi Belyout a également fait l’objet d’un débat, avec des travaux de rénovation prévus pour assurer sa conformité aux standards internationaux. Enfin, la réhabilitation des infrastructures sportives dans les quartiers périphériques, comme le complexe sportif de Sidi Bernoussi, a été discutée. Ces travaux visent à offrir aux habitants des équipements modernisés pour un usage local, tout en préparant ces sites à accueillir des événements internationaux.

Résilience régionale
La préservation de ressources hydriques s’est également invitée à maintes reprises dans les débats, en raison du contexte de stress hydrique aigu que traverse le Royaume. Plusieurs projets ont été présentés pour renforcer les infrastructures et adopter des solutions durables, notamment en matière de réutilisation des eaux usées et d’accès à l’eau potable dans les zones rurales.

Des initiatives telles que l’irrigation des espaces verts de Casablanca et Mohammédia par des eaux usées traitées, ainsi que l’extension des infrastructures d’eau potable à Bouskoura, visent à soulager la pression croissante sur les ressources locales. Les débats ont mis en exergue la nécessité d’explorer des alternatives à plus long terme, comme les stations de dessalement, afin d’assurer la sécurité hydrique de la région.

Cette gestion des eaux fait écho aux autres grandes priorités du Conseil, qui cherche à développer une résilience durable face aux défis environnementaux, tout en améliorant la qualité de vie des habitants.

Lutte contre le cancer
Dans la continuité de son engagement pour le bien-être des populations, le Conseil a ensuite abordé la question de la santé, avec un accent particulier sur la lutte contre le cancer. Un partenariat avec la Fondation Lalla Salma a été approuvé, visant à améliorer les infrastructures de santé et à renforcer les services de soins et de prévention.

Ce projet, étalé sur la période 2024-2026, prévoit la modernisation de plusieurs centres de traitement et la formation des professionnels de santé, pour une prise en charge plus efficiente des patients. Dans une démarche plus préventive, le Conseil a également validé un programme de dépistage médical, en collaboration avec des associations locales, à destination des élèves souffrant de troubles de la vue.

Ce programme souligne l’importance d’une approche proactive dans le domaine de la santé publique, afin d’améliorer la prévention et la prise en charge précoce des maladies au sein de la région.

Dissolution actée de Casa Patrimoine

La dissolution de la Société de développement local (SDL), Casa Patrimoine, est désormais actée. La décision, prise en marge de la session du Conseil régional, vise à rationaliser les ressources et à améliorer la gestion des projets de réhabilitation, jusqu’ici dispersée et jugée inefficace. Les missions de Casa Patrimoine, notamment la gestion de sites emblématiques comme la Kasbah de Mohammédia, seront transférées à Casa Aménagement.

À en croire la présidence du conseil régional, cette structure serait mieux équipée pour répondre aux exigences techniques et financières, et plus à même de renforcer l’efficacité des projets de sauvegarde et d’aménagement urbain, souvent freinés par des blocages administratifs.

Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO

 


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