Réseaux sociaux : Meta interdit les médias d’État russes sur ses plateformes pour “ingérence”
Le groupe américain Meta, qui possède Facebook, Instagram et WhatsApp, a annoncé lundi interdire au principal groupe de médias d’État russes d’accéder à ses plateformes dans le monde entier, pour éviter toute «activité d’ingérence étrangère».
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, dénonçait vendredi les activités de déstabilisation du groupe russe Rossia Segodnia, auquel appartient RT, devenu selon lui une véritable «branche» du renseignement russe dans le monde.
«Après une réflexion approfondie, nous avons élargi notre action contre les médias d’État russes», a déclaré Meta en réponse à une demande de l’AFP.
«Rossia Segodnia, RT et d’autres entités apparentées sont désormais bannies de nos applications dans le monde entier en raison de leurs activités d’ingérence étrangère», a affirmé la société américaine.
Il y a une dizaine de jours, les autorités américaines avaient dévoilé une batterie de mesures visant notamment le groupe de médias russe, dont des poursuites pénales et des sanctions, pour répondre à des tentatives d’ingérence dans les élections aux États-Unis, qu’elles imputent à la Russie.Le département d’État avait alors imposé des restrictions de visa à l’encontre de Rossia Segodnia et ses filiales.
Propagande
«Ces médias soutenus par le Kremlin ne jouent pas seulement un rôle d’influence clandestine pour saper la démocratie aux États-Unis, mais aussi pour s’immiscer dans les affaires souveraines de pays du monde entier», a déclaré Blinken vendredi, citant des campagnes de déstabilisation en Moldavie, Argentine, France, Allemagne ou encore en Afrique.
Aux États-Unis, RT a notamment financé une société de création de contenu en ligne, implantée au Tennessee, qui a publié depuis fin 2023 près de 2.000 vidéos, visionnées plus de 16 millions de fois sur YouTube, selon un acte d’accusation du parquet américain publié début septembre.
«RT a mené des campagnes d’influence malveillantes dans des pays opposés à ses politiques, y compris les États-Unis, dans le but de semer la discorde au niveau national et d’affaiblir ainsi l’opposition aux objectifs du gouvernement russe», affirment les procureurs.
La Russie est la plus grande source d’opérations d’influence secrètes détectée par Meta sur sa plateforme depuis 2017, ses campagnes s’étant intensifiées après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, selon les rapports sur les menaces publiés régulièrement par le géant des médias sociaux. Le média public russe RT, lancé en 2005, est considéré par les Occidentaux comme un pur organe de propagande en faveur du Kremlin. Son site web et ses chaînes de télévision diffusent en plusieurs langues, dont l’anglais, l’espagnol, le français, l’allemand et l’arabe.
Au-delà de la guerre de l’information
Les capacités de RT ont été étendues au début de l’année dernière, avec de nouvelles «capacités opérationnelles cyber et des liens avec les services de renseignement russes», a indiqué le département d’État américain dans un communiqué récent.
«Cette entité s’est principalement concentrée sur des opérations d’influence et de renseignement dans le monde entier», selon cette source.
Selon Washington, RT a également lancé un programme de financement participatif en ligne en Russie «pour fournir un soutien et de l’équipement militaire (…) aux unités militaires russes en Ukraine», y compris venant de Chine. Le département d’État a indiqué qu’il déployait des efforts diplomatiques pour informer les gouvernements du monde entier de l’utilisation de RT par la Russie pour mener des activités secrètes et les encourager à prendre des mesures pour limiter «la capacité de la Russie à s’ingérer dans des élections étrangères et à se procurer des armes pour sa guerre contre l’Ukraine».
Facebook et Instagram sont bloqués en Russie depuis 2022, à la suite d’une décision d’un tribunal qui avait qualifié Meta d’«extrémiste», dans le cadre de la campagne menée par le Kremlin contre les géants occidentaux des médias sociaux.
Sami Nemli avec Agence / Les Inspirations ÉCO