Éco-Business

Endettement : le Trésor a doublé ses levées sur le domestique en 2023

2023 a été un exercice riche en enseignements pour le Trésor. À commencer par le doublement des levées sur le domestique malgré des remboursements importants. À noter également la réorientation de la politique d’émission sur le long terme. Les détails

À défaut de sortir à l’international, le Trésor s’est retourné, en 2023, vers le marché domestique pour se financer. Il a, cependant, dû faire face à des remboursements importants pour plus de 221 MMDH en particulier de bons à court terme émis une année auparavant. Cela ne l’a pour autant pas empêché d’en doubler le volume (+98,3%) pour atteindre un record de 255,2 DH.

Le début de l’année a aussi été marqué par la persistance des tensions sur les taux primaires qui se sont caractérisées par une augmentation pour l’ensemble des maturités. On aura ainsi relevé des hausses, en particulier pour les bons à 52 semaines, à 2 ans et à 10 ans.

Réorientation
D’après Bank Al-Maghrib (BAM), les levées ont été marquées par une réorientation vers les bons à long terme. Ainsi, leur part est passée de 10% en 2022 à 34% en 2023, au détriment des bons à court terme qui en ont représenté 33% au lieu de 50%.

Cette situation est en grande partie induite par «l’anticipation par les investisseurs d’une poursuite du resserrement de la politique monétaire». Dans ce sillage, l’encours des bons du Trésor est ressorti en accroissement de 5%, à 699,4 MMDH. Il reste dominé par les bons à long terme avec une part de 63% contre 56% un an auparavant, les poids de ceux de moyen et court termes étant revenus, respectivement, de 37% à 32% et de 7% à 5%. À noter le renforcement de la part des OPCVM, de 36,2% à 38,2%.

Dans de moindres proportions, CDG a légèrement augmenté à 7,8% et ce, au détriment de celles des banques et des «assurances et organismes de prévoyance sociale» qui ont connu des reculs respectifs de 31,2%, à 30,3% et de 17,9%, à 16,9%. Dans ces conditions, BAM pour réguler le marché a procédé, en janvier et février, à des injections de liquidité via des opérations d’achats de titres sur le compartiment secondaire.

Hausse des levées de dette privée
Dans le sillage des titres du Trésor, les levées sur le marché de la dette privée ont augmenté. Elles se sont améliorées de 36% à 86,7 milliards de dirhams (MMDH), tirées par les émissions des banques, en certificats de dépôts, et d’OCP, en billets de trésorerie.

Les établissements bancaires ont essentiellement émis des certificats de dépôts à court terme à hauteur de 75% avec un taux moyen de 3,1% et de 25% de moyen terme, assortis d’un taux de 3,6%, à l’exception de 6,6 MMDH d’obligations. Les levées des autres sociétés financières se sont accrues à 8,7 MMDH dont 6,9 milliards sous forme de bons de sociétés de financement.

Suivant la même tendance, les émissions des sociétés non financières, quant à elles, ont augmenté de 59,4%, à 22,2 MMDH. Celles des entreprises publiques sont passées de 2,9 MMDH, à 19,4 milliards, dont 13,2 sous forme de billets de trésorerie émis exclusivement par OCP, alors que les levées des entreprises privées ont diminué de 74,8%, à 2,8 MMDH.

Jules Gabas / Les Inspirations ÉCO



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