Maroc
Ali El Harti : “Pour l’export, un fonds souverain est de mise”
Ali El Harti
Président de la Fenelec
Le secteur «Électricité et Électronique», un des piliers de l’activité industrielle, est amené à redoubler d’efforts pour suivre la cadence des projets d’envergure initiés par le pays. Dans ce sens, les opérateurs sont appelés à repenser leur manière de faire pour disposer de la capacité à suivre cette tendance.
Quel est l’objectif poursuivi à travers la tenue du Fenelec meeting day ?
L’idée est d’intercaler un événement fort mais de taille moyenne entre deux grands salons. Il est donc question d’échanger sur les dernières nouveautés technologiques ainsi que les opportunités à saisir. Il faut savoir que le marché de l’énergie connait une forte évolution. Nous nous devons ainsi, en tant qu’opérateurs, d’anticiper ces avancées et de suivre la cadence. Pour mieux illustrer mes propos, je citerai l’exemple des batteries électriques de stockage dont le coût est inférieur à 100 dollars le kilowattheure. Au lieu de grandes centrales solaires, nous allons assister à la construction de centrales de moyenne taille. Cette avancée changera l’architecture énergétique du pays, mais elle présente également une opportunité pour les entreprises marocaines en vue de se positionner en Afrique et de transférer leur expertise en matière d’énergies renouvelables.
Le ministre a exhorté les opérateurs à doubler leur capacité de recrutement. Dans quelle mesure est-ce réalisable ?
En tant que professionnel, je peux assurer que nous pouvons dépasser cette capacité, voire la quadrupler, vu les opportunités qui s’offrent au secteur. Je fais allusion justement aux commandes publiques qui demeurent le premier client. Les principaux projets étant menés par l’État, les entreprises doivent suivre, sauf que la problématique de la taille se pose avec acuité. Pour cela, les entreprises doivent se renouveler et adopter une nouvelle approche basée sur les groupements pour atteindre la taille nécessaire ainsi que l’agilité requise en vue de décrocher les grands chantiers en cours. Il n’y a pas de recette miracle: pour avancer, il est primordial de changer de mindset et de manière de faire.
Quid du financement ?
Le financement a été problématique et le restera toujours. Avec le ministre, nous avons discuté des solutions possibles, parmi lesquelles figure l’ouverture du capital. Or, cela ne financera pas le besoin en fonds de roulement. Pour nous, l’une des solutions reste de disposer des garanties de l’État pour pouvoir financer des projets. Pour l’export, nous préconisons la mise en place d’un fonds souverain pour mieux nous positionner, notamment sur l’Afrique. À ce propos, l’investissement requis pour électrifier la région est estimé à 100 MM$. Ce fonds souverain pourrait, à titre d’exemple, mettre à disposition 1 MM$ par l’État au profit de ces pays pour réaliser des centrales qui devraient être réalisées par les entreprises marocaines.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO