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Portrait : Mark Rutte, l’homme qui murmure à l’oreille de Trump, à la tête de l’OTAN

Connu pour se rendre au travail à vélo en croquant une pomme, le Néerlandais Mark Rutte aura besoin de tous ses talents d’équilibriste pour diriger l’OTAN dans l’une des périodes les plus difficiles de son histoire.

Les 32 pays de l’OTAN ont nommé mercredi l’ex-Premier ministre néerlandais comme prochain secrétaire général. Il prendra ses fonctions le 1er octobre, devenant ainsi le quatrième Néerlandais à diriger l’alliance. Du haut de son 1m93, Mark Rutte, 57 ans, porte de nombreux surnoms, dont «Teflon Mark» en raison de sa résistance face aux scandales, ou «The Trump Whisperer» (celui qui murmure à l’oreille de Trump), pour sa capacité à raisonner l’ancien président américain. La première qualité lui a permis de rester Premier ministre 14 ans, soit la plus grande longévité du pays, survivant notamment en 2021 à la démission de son gouvernement à la suite d’un scandale sur les allocations sociales. Il a fini par démissionner l’année dernière après des luttes intestines au sein de sa coalition sur le thème de l’asile. La deuxième compétence peut s’avérer cruciale à la tête de l’OTAN, avec le retour au pouvoir possible de Donald Trump, notoirement sceptique quant à l’engagement des États-Unis au sein de l’alliance.

Franchise à toute épreuve
On lui reconnaît ainsi d’avoir sauvé un sommet de l’OTAN en 2018 en discutant avec Trump sur les dépenses de défense. Il a également fait preuve d’une franchise typiquement néerlandaise avec l’ancien président républicain lors d’une visite à Washington en 2018, où il l’a interrompu avec un «non» résolu lorsqu’il avait affirmé qu’il serait «positif» de ne pas parvenir à un accord commercial avec l’UE. Plus récemment, Mark Rutte a encore étalé son franc-parler à la Conférence de Munich sur la sécurité, en affirmant que l’Europe devait travailler «avec tous ceux sur la piste de danse». «Tous ces gémissements et pleurnicheries à propos de Trump, j’entends cela constamment ces derniers jours, arrêtons», a-t-il déclaré. Concernant l’Ukraine, Mark Rutte a été le fer de lance des efforts visant à doter le pays d’avions de combat F-16, une décision qualifiée d’»historique» par le président Volodymyr Zelensky lors d’un voyage aux Pays-Bas. «L’Ukraine doit gagner cette guerre. Pour sa sécurité et la nôtre», a déclaré celui qui n’a pas hésité à qualifier le président russe Vladimir Poutine de «froid, brutal, impitoyable» peu après l’invasion russe de l’Ukraine.

Un «Monsieur Normal» à la tête de l’alliance transatlantique
Pour parvenir à la tête de l’OTAN, le dirigeant néerlandais a su faire montre d’un grand talent de diplomate afin de convaincre les principaux réfractaires, la Turquie et la Hongrie. Cette dernière avait été froissée par ses propos, lorsqu’il a déclaré que Budapest ne devrait pas faire partie de l’UE après l’adoption d’une loi interdisant la promotion de contenus LGBTQ auprès des mineurs. Il a également rendu furieux des pays du sud de l’Europe avec sa ligne dure sur les plans de sauvetage financiers, ce qui lui a valu un autre surnom : «Monsieur Non».

Dans son pays, Mark Rutte peut se targuer d’une image de «Monsieur Normal». Outre arriver à vélo pour rencontrer des dirigeants étrangers, il fait ses courses au supermarché et conduit lui-même sa Saab pour se rendre chez le roi. Dans une vidéo devenue virale, il insiste pour nettoyer le café qu’il vient de renverser dans un des bâtiments du gouvernement, sous les applaudissements du personnel.

Sa carrière politique a cependant été entachée de plusieurs scandales. L’effondrement soudain, l’année dernière, de sa coalition a déclenché des élections remportées par l’extrême droite de Geert Wilders. Mark Rutte est le plus jeune d’une famille de sept enfants.

Son père Izaak était commerçant. Sa mère Mieke était la soeur de la première épouse d’Izaak, décédée dans un camp japonais pendant la Seconde Guerre mondiale. Rêvant tout d’abord d’une carrière de pianiste, il a rejoint le géant de la consommation anglo-néerlandais Unilever après ses études. Son célibat a suscité des spéculations médiatiques mais il a toujours contourné les questions, se contentant d’affirmer qu’il était «heureux». Il se décrit comme un «homme d’habitude et de tradition» et a passé toute sa vie à La Haye, où il donne des cours bénévolement. «Mark n’aime pas le changement, il veut toujours la même chose», résume Marco Rimmelzwaan, son coiffeur.

Sami Nemli Avec Agence / Les Inspirations ÉCO



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