Compétitivité : l’UE doit carburer
L’industrie européenne est frappée par la hausse des prix de l’énergie en Europe depuis l’invasion russe de l’Ukraine, au moment où elle doit affronter une concurrence américaine et chinoise bénéficiant de subventions massives et de réglementations allégées.
L’Union européenne doit agir vite pour combler son retard de compétitivité face aux États-Unis en créant un véritable marché intérieur pour les services financiers, a averti l’ancien Premier ministre italien Enrico Letta qui doit présenter ses propositions jeudi lors d’un sommet européen. L’industrie européenne est frappée par la hausse des prix de l’énergie en Europe depuis l’invasion russe de l’Ukraine, au moment où elle doit affronter une concurrence américaine et chinoise bénéficiant de subventions massives et de réglementations allégées.
«Il y a un sentiment d’urgence car l’écart avec les États-Unis s’accroît. Nous devons intervenir rapidement, il n’y a pas de temps à perdre», a déclaré à des journalistes Enrico Letta, président de l’Institut Jacques Delors, avant une réunion des chefs d’État et de gouvernement de l’UE mercredi soir et jeudi à Bruxelles.
L’UE redoute en particulier de se laisser distancer dans les technologies d’avenir: panneaux solaires, batteries, puces électroniques, intelligence artificielle, etc. Rien que pour effectuer sa mue écologique et numérique, l’Europe devra investir ces prochaines années plus de 620 milliards d’euros supplémentaires par an, selon la Commission européenne. Pour cela, les 27 devront être capables de mobiliser de vastes fonds privés.
«L’achèvement d’un marché unique des services financiers est au cœur de la solution», assure Letta.
Outre les marchés de capitaux, son rapport traite aussi longuement de l’approfondissement du marché unique dans les télécoms, l’énergie et la défense. Ces quatre secteurs ont en commun d’être largement morcelés par des réglementations nationales divergentes qui empêchent ou freinent les effets d’échelle. Résultat, l’UE ne tire pas tous les bénéfices d’un marché de 450 millions d’habitants. L’impossibilité de réaliser des levées de fonds géantes pénalise par exemple les start-up européennes du numérique et les pousse vers les États-Unis, dont les puissants marchés financiers aimantent par ailleurs l’épargne des Européens.
«La proposition principale est de travailler à la construction d’une Union de l’épargne et de l’investissement», a expliqué Letta. «Plus de 300 milliards d’euros d’épargne quittent l’Europe chaque année vers le marché américain parce que le marché européen est fragmenté et pas assez attractif», a-t-il souligné.
«C’est aujourd’hui l’un de nos principaux problèmes». Dans le domaine de la défense aussi «nous payons le prix de la fragmentation», a-t-il prévenu, au moment où l’Europe peine à mobiliser les milliards nécessaires pour augmenter ses capacités d’armes et munitions. «Environ 80% de ce que nous avons dépensé pour soutenir militairement l’Ukraine est allé vers des fournisseurs non européens. C’est de la folie», a-t-il poursuivi. «Nous devons être moins naïfs», a-t-il lancé, en expliquant être «un grand supporter» des idées du commissaire au Marché intérieur Thierry Breton pour promouvoir la filière européenne.
Sami Nemli Avec Agence / Les Inspirations ÉCO