Mi-mandat du gouvernement : la majorité et l’opposition déjà aux prises
Alors que le Chef du gouvernement s’apprête à présenter le bilan à mi-mandat de son gouvernement, après l’ouverture de la session de printemps du Parlement prévue pour vendredi prochain, l’opposition ne perd pas de temps pour exprimer ses critiques.
La scène politique s’anime à l’approche de la mi-mandat et de l’ouverture de la session parlementaire printanière, avec des échos discordants entre la majorité gouvernementale et l’opposition. Alors que la présidence de la majorité gouvernementale brandit un bilan «très honorable» de son action, l’opposition soulève des critiques acerbes lors de réunions récentes. Les partis de l’opposition dénoncent, notamment, le manque d’assiduité du Chef du gouvernement aux séances parlementaires, pointant du doigt son absence répétée lors des discussions mensuelles de politique générale.
Dynamiser le processus législatif
Au cœur des reproches de l’opposition se trouvent les séances mensuelles des questions de politique générale, auxquelles le Chef du gouvernement est tenu d’assister selon les dispositions constitutionnelles. Les groupes politiques de l’opposition, réunies récemment à Rabat, ont unanimement déploré cette récurrence de l’absentéisme, soulignant l’importance de ce rendez-vous constitutionnel dans le processus démocratique.
Le président du groupe parlementaire du Mouvement populaire, Driss Sentissi, a appelé le Chef du gouvernement à respecter ce devoir constitutionnel et à présenter rapidement le bilan de son gouvernement devant le Parlement. Les critiques de l’opposition ne s’arrêtent pas là. Elles pointent également du doigt le manque d’interaction du gouvernement avec l’institution législative, dénonçant ses réticences à examiner les propositions de loi émanant des partis opposants. Ces reproches s’inscrivent dans un contexte où les partis de l’opposition affirment leur détermination à défendre les initiatives parlementaires et à renforcer leur rôle de contrôle responsable de l’action gouvernementale, conformément aux prérogatives définies par la loi.
Cependant, cette position ne trouve pas d’écho au sein de la majorité gouvernementale. Celle-ci affirme sa volonté de lancer un débat public sur son bilan mi-mandat, invitant l’institution parlementaire, les médias et l’espace public à y participer. Pour cette instance, le bilan présenté traduit la volonté politique ferme du gouvernement de mettre en œuvre des réformes économiques et de renforcer l’État social, tout en respectant les engagements du programme gouvernemental.
L’Instance de la majorité insiste sur l’esprit de cohésion et de coopération qui anime les relations avec les groupes de majorité parlementaire, tout en soulignant la nécessité de renforcer la solidarité et la coopération mutuelle avec les composantes de l’opposition. De même, elle exprime sa disposition à examiner les propositions de loi présentées par les groupes parlementaires opposants, tout en mettant en place un mécanisme d’évaluation pour celles qui sont en cohérence avec les choix du gouvernement.
Dans la même veine, le président du groupe du Parti authenticité et modernité (PAM) à la Chambre des conseillers, Karim El Hamss, met l’accent sur la nécessité d’accélérer le processus de promulgation des lois. Une proposition émerge alors : la création d’un comité mixte regroupant des experts et des avocats.
Renforcement de l’opposition
Par ailleurs, suite à une réunion du bureau politique du Parti du progrès et du socialisme (PPS), divers aspects relatifs à la coordination du parti avec l’Union socialiste des forces populaires (USFP) et d’autres composantes de l’opposition ont été abordés. Le bureau politique a réaffirmé son engagement à poursuivre les efforts visant à rapprocher les points de vue et à trouver des formules consensuelles pour garantir le succès des initiatives communes envisagées dans les prochaines semaines.
Le parti met l’accent sur l’importance de remplir l’espace politique et de renforcer le rôle de l’opposition, que ce soit au sein du Parlement ou en dehors. L’objectif est également d’exercer un contrôle effectif sur les politiques du gouvernement, qui, à mi-mandat, «ont été largement critiquées pour leur ‘’échec’’ à réaliser les objectifs de leur programme initial», laisse entendre le parti politique. Le gouvernement a été vivement critiqué en particulier pour son incapacité à mettre en œuvre des réformes majeures dans les domaines démocratique, économique et social.
Face à ces défis, le PPS et ses partenaires de l’opposition s’engagent à intensifier leurs actions et à travailler de manière concertée pour promouvoir une gouvernance plus transparente, équitable et efficace. Cela implique non seulement la critique constructive des politiques gouvernementales, mais aussi la proposition de solutions alternatives et la mobilisation de la société civile pour soutenir les réformes nécessaires.
Dans les semaines à venir, il est prévu que le PPS et l’USFP, ainsi que d’autres partenaires de l’opposition, intensifient leurs efforts de coordination et de collaboration, afin de présenter des initiatives communes visant à adresser les défis urgents auxquels le pays est confronté.
A noter que le Chef du gouvernement présentera le bilan à mi-mandat de son gouvernement après l’ouverture de la session de printemps du Parlement qui se tiendra vendredi prochain. Bien que certains chantiers semblent être en stand-by, nul ne peut nier les efforts consentis et les réalisations accomplies par l’Exécutif, et ce, dans plusieurs secteurs, notamment en matière d’aide directe, de logement et de protection sociale. Reste à voir si le bilan dressé par le Chef du gouvernement sera le coup de pouce nécessaire pour dénouer les fils de ces projets en suspens.
Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO