Fès/transport urbain : la commune veut prendre la main
La commune de Fès a voté un amendement permettant d’accélérer l’acquisition de nouveaux véhicules. Elle lancera un appel d’offres pour acquérir 114 bus qui resteront sa propriété, optant ainsi pour une séparation des biens avec le délégataire City Bus Fès, qui investira de son côté dans 113 bus neufs et la remise en circulation de 50 véhicules d’occasion.
Après des années de retard et de négociations ardues, la ville de Fès vient de franchir une étape décisive vers la modernisation de son réseau de transport urbain par bus. Lors de son assemblée générale extraordinaire, la semaine dernière, la commune a voté en faveur d’un amendement au protocole d’accord pour le soutien du service de transport urbain par bus, ainsi qu’au protocole d’accord 1/24 du contrat de gestion déléguée, visant à permettre à la commune de procéder à l’acquisition de ses propres bus.
Cette décision marque un tournant dans les efforts visant à résoudre les problèmes chroniques de mobilité urbaine auxquels Fès est confrontée depuis trop longtemps. Les véhicules vétustes et la faible fréquence des bus ont longtemps entravé les déplacements quotidiens des habitants et nui à l’attractivité économique de la ville.
La commune opte pour une séparation des biens
Le nouvel amendement de l’accord, qui mobilisera un investissement de 436,3 millions de dirhams (MDH), dont 50% seront assurés par le délégataire City Bus Fès, apporte une solution pour accélérer l’opération d’acquisition des bus. Plutôt que de créer un compte commun pour la collecte des fonds des différents partenaires du protocole d’accord, comme prévu initialement, les parties ont opté pour une séparation de leurs contributions financières. La commune de Fès procédera ainsi au lancement d’un appel d’offres pour l’achat de 114 bus qui resteront sa propriété une fois le contrat de gestion déléguée avec City Bus Fès expiré en 2027.
De son côté, le délégataire investira 228 MDH, dont 206,6 MDH pour l’acquisition de 113 bus et 20 MDH pour la remise en circulation de 50 bus d’occasion en bon état. Cette décision stratégique permettra à la ville de constituer progressivement sa propre flotte de véhicules, assurant ainsi une plus grande maîtrise et une meilleure pérennité du service de transport urbain à long terme.
420 MDH d’investissements prévus
L’introduction de ces nouveaux bus à Fès revêt une importance particulière, car elle découle d’une procédure d’arbitrage menée par le ministère de l’Intérieur pour résoudre les problèmes persistants liés au transport urbain dans la ville.
Cette démarche a abouti à la validation d’un protocole d’accord d’un montant de 420 MDH, signé par des acteurs clés tels que la Direction générale des collectivités territoriales (DGCT), la commune de Fès et la société délégataire City Bus Fès.
Au total, ce sont 227 nouveaux bus qui seront mis en circulation, soit 90 minibus, 125 bus de 12 mètres et 12 bus de 15 mètres. Une flotte entièrement renouvelée qui devrait permettre d’améliorer considérablement la qualité du service, la fréquence des passages et la couverture du réseau.
Lors de cette assemblé, le maire de Fès a souligné que cet accord fait suite au rapport accablant de la Cour des comptes. En effet, cette dernière a dressé un bilan sévère des manquements du délégataire City Bus Fès dans la mise en œuvre du contrat de gestion déléguée du transport urbain.
Selon le rapport, malgré les engagements pris, le parc de bus de la ville est resté très insuffisant, alors que 350 bus étaient initialement prévus. De plus, le délégataire n’a pas respecté son obligation de renouveler la flotte en acquérant 194 nouveaux bus et en retirant 122 anciens bus de l’ex-RAFT.
Bien que City Bus ait reçu des subventions substantielles de l’État, d’un montant total de 136 MDH en 2012-2013 et 2017-2018, ces fonds n’ont pas permis d’améliorer significativement le service. La situation s’est même dégradée avec des décisions unilatérales du délégataire, notamment l’augmentation de 30% des tarifs d’abonnement pour les étudiants en 2020-2021 et l’installation des tourniquets, ce qui entravé l’accessibilité des personnes à mobilité réduite.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO