Inclusion des femmes : entre aspirations et réalité, où en est-on ?
En cette année 2024, une dynamique accélérée se profile à l’horizon, touchant divers domaines et causes, dont la question des droits de la femme, figurant en tête des priorités gouvernementales. Le ministère de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille vient de dévoiler le bilan des actions concrètes menées en faveur de la gent féminine au cours de la période 2021-2023. Détails…
La cause féminine est désormais en pole position nationale. L’Exécutif s’est d’ailleurs fixé des objectifs dans ce sens. Il a élaboré une stratégie en bonne et due forme et prévu un budget conséquent. Mais, la besogne est-elle simple ?
Coup de boost
Si le pays accuse encore du retard dans ce domaine, figurant à la 144e place du Global Gender Gap Index, en l’occurrence l’indice mondial de l’écart entre les genres en 2023, les initiatives ne manquent pas pour avancer. Les différents ministères ont enclenché la vitesse supérieure pour booster l’autonomisation et la protection des femmes, avec plus de 80.000 femmes formées, représentant un investissement de 386 millions de dirhams.
De plus, pas moins de 100 centres d’accueil ont vu le jour pour offrir un refuge aux femmes et aux filles victimes de violence à travers le Royaume. Le ministère de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille a déployé des initiatives majeures pour renforcer le tissu social, améliorer la condition des femmes et favoriser leur autonomisation.
Cette action découle des directives royales en faveur d’un Maroc inclusif et durable et s’inscrit parfaitement dans les objectifs du programme gouvernemental 2021-2026. Le ministère dirigé par Aawatif Hayar adopte une approche globale à travers son Pôle social, regroupant toutes les entités telles que l’Entraide nationale, l’Agence de développement social et l’Institut national du travail social, pour élaborer des plans et des politiques axés sur l’autonomisation économique, l’innovation, la promotion des droits et la lutte contre la violence. Cela se traduit par la mise en place d’une démarche participative, qui ont débuté par des consultations régionales dans les douze régions du Royaume entre décembre 2021 et février 2022, pour déboucher sur la stratégie «GISSR : Green inclusive smart social regeneration, to empower people».
Cette stratégie vise à cerner les aspirations et les attentes de toutes les couches de la société, en mettant un accent particulier sur les personnes vulnérables, notamment les femmes en situation difficile. Sur la même lancée et dans le cadre de la Déclaration de Marrakech 2020 de l’Union nationale des femmes du Maroc, sous la présidence de la Princesse Lalla Meryem, le ministère poursuit ses efforts en faveur de la création et du soutien de centres d’écoute, d’hébergement et d’orientation juridique pour les femmes et les filles victimes de violence, fournissant un soutien psychologique à l’échelle nationale, urbaine et rurale. Parallèlement, le département de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille, est engagé dans la création des Espaces multifonctionnels pour les femmes victimes de violence (EMF) dans toutes les régions du pays.
À cette fin, 105 accords de partenariat ont été conclus avec les associations chargées de la gestion de ces établissements, bénéficiant d’un financement total de 21 millions de dirhams en 2023 et 25 millions de dirhams en 2024, afin de garantir aux femmes en situation difficile des services complets de prise en charge, d’hébergement d’urgence et d’autonomisation. Autre démarche significative à ne pas négliger: le gouvernement envisage de donner un coup de pouce à l’approche de genre en gratifiant les entreprises qui respectent le ratio homme-femme établi dans la Charte de l’investissement.
Sortir du cycle de la violence
Dans la même veine, le ministère met en œuvre actuellement le programme phare «Gissr pour l’autonomisation et le leadership» en collaboration avec les régions, les wilayas et les provinces, en s’appuyant sur les différentes composantes du pôle social.
L’objectif de ce programme est de créer un écosystème territorial d’incubateurs sociaux pour favoriser l’autonomisation économique des femmes et les aider à sortir du cycle de la violence. S’inscrivant dans le cadre du Plan gouvernemental pour l’égalité 2023-2026 (PGEIII) et en synergie avec les programmes d’autres départements ministériels, ce programme vise à accompagner jusqu’à l’insertion socio-économique de 36.000 bénéficiaires à l’échelle nationale, avec une moyenne de 3.000 femmes par région et un budget de 386 millions de dirhams. À ce jour, plus de 83.000 femmes se sont inscrites dans toutes les régions et suivent des formations en ligne sur les soft skills et l’entrepreneuriat.
Par ailleurs, le ministère a lancé, à travers toutes les composantes du pôle social, plusieurs initiatives de sensibilisation et de communication sur la promotion des droits des femmes et la lutte contre les stéréotypes. Des campagnes de communication et de sensibilisation ont également été lancées contre la violence à l’égard des femmes et des filles dans les écoles, sur le lieu de travail et dans l’espace public, ainsi qu’une vaste action de sensibilisation sur les violences numériques, en mettant particulièrement l’accent sur les femmes en milieu rural. Bien que les avancées soient salutaires, une zone d’ombre persiste : la participation économique des femmes a fléchi à l’échelle nationale.
En dix ans, leur part est passée de 23,4% à seulement 20%, entraînant une perte de 1 point de pourcentage du PIB, soit 13 MMDH par an, si l’on en croit les chiffres dévoilés par Aziz Akhannouch devant la Chambre des représentants. Mais là n’est pas le seul revers, bien que six femmes sur dix aient accès à l’éducation, seulement deux d’entre elles accèdent au marché du travail et une seule sur dix voit sa contribution rémunérée. L’espoir demeure, donc, mais l’action est impérative.
Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO