Maroc

Sustainable mobility forum : comment changer la donne ?

H2O HUB, soutenu par le ministère du Transport et de la logistique, lance la première édition du Sustainable mobility forum, à Rabat. L’occasion d’aborder les enjeux liés à la promotion d’une mobilité plus durable et inclusive.

Avec l’augmentation des défis environnementaux résultant des émissions croissantes de gaz à effet de serre dans le secteur des transports au Maroc, il est préoccupant de constater que près de 35 millions de tonnes de CO2 ont été émises, doublant ainsi les chiffres enregistrés en 2015, selon l’ITF2019. Ainsi, le secteur des transports, qui représente à lui seul 28% des émissions de gaz à effet de serre, se positionne au deuxième rang après celui de l’énergie, contribuant à hauteur de 40% aux émissions totales de GES.

Cette réalité souligne de manière urgente la nécessité impérative d’une transition vers une mobilité durable. En tant que carrefour stratégique entre le nord et le sud, le Royaume se trouve à un point crucial de son développement durable. La transition vers une mobilité respectueuse de l’environnement exige une action concertée, impliquant des innovations technologiques, une sensibilisation accrue du public, des cadres réglementaires résilients et une collaboration étroite entre les ministères concernés.

Dans ce contexte, les entreprises, en tant que moteurs économiques et acteurs clés de la société, ont un rôle crucial à jouer dans le processus de transformation du paysage de la mobilité au Maroc. Leur implication active devrait dépasser les considérations purement économiques, englobant des initiatives visant à promouvoir une mobilité plus inclusive et respectueuse de l’environnement. C’est dans cette optique que H2O HUB a orchestré une rencontre inaugurale, donnant naissance à la première édition du Sustainable mobility forum.

Création de nouveaux emplois
Intervenant à cette occasion, Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du commerce estime qu’ «actuellement, le Maroc s’engage dans une stratégie visant à renforcer la mobilité durable, offrant ainsi une opportunité d’évaluer le système industriel en place. Cette transition suscite un intérêt accru en termes d’investissements, ouvrant la voie à la création de nouveaux emplois».

Pour sa part, Abdellatif Miraoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, a souligné l’importance de considérer trois aspects clés pour promouvoir la mobilité durable. Il s’agit de l’outil de déplacement, de l’aspect énergétique, et du rôle de l’individu utilisant le moyen de transport.

De son côté, Assia Benhida, présidente de la Commission développement durable de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), a présenté l’étude de la confédération qui a impliqué l’ensemble des parties prenantes.

Cette étude, inscrite dans la feuille de route 2021, souligne la nécessité d’une infrastructure adaptée pour impulser la transformation, particulièrement d’un point de vue fiscal. Au cœur de cette proposition, réside une politique intégrée d’aménagement territorial, un vecteur puissant susceptible de créer toute une filière industrielle et de générer des emplois. L’étude de la CGEM repose sur quatre priorités cruciales.

Au Maroc, l’enjeu de la pénétration des véhicules électriques est clair. Des mesures visant à stimuler la demande sont essentielles. Cela nécessite la mise en place de politiques incitatives et de mesures concrètes pour accélérer l’adoption des véhicules électriques. Le deuxième pilier de la feuille de route concerne le renforcement des bornes de recharge. Cela englobe l’élaboration d’un programme national d’infrastructure de recharge, prenant en compte la taille du réseau, l’accessibilité, les standards et le cadre réglementaire.

De même, la compétitivité du Royaume dans ce contexte repose sur la mise en place d’une base industrielle nationale. D’où la nécessité de l’identification et de l’utilisation de leviers stratégiques pour établir une solide infrastructure de production de batteries à recharge rapide. Enfin, la quatrième priorité concerne l’ensemble du dispositif électrique, soulignant l’importance de fournir une énergie propre pour alimenter cette révolution. Adapter l’infrastructure énergétique est impératif pour absorber la demande croissante liée à la mobilité électrique.

Un plan d’action
Dans le cadre de son plan d’action pour l’année en cours, le ministère du Transport envisage de lancer une étude visant à établir une Charte nationale pour la mobilité durable. Cette initiative vise à définir une vision à long terme pour orienter les priorités des projets d’infrastructures routières, en tenant compte des besoins actuels et futurs des usagers.

L’objectif est d’harmoniser les politiques à l’échelle nationale et territoriale, avec un accent particulier sur le renforcement de l’utilisation des véhicules électriques et le développement des systèmes de transport intelligents (ITS). Les ITS regroupent des systèmes utilisant l’informatique, les technologies des télécommunications, le radiorepérage et l’automatisation pour améliorer la sécurité, la gestion et l’efficacité des transports terrestres. La future charte nationale mettra également l’accent sur le développement des moyens de transport individuels plus écologiques, tels que les bicyclettes.

L’objectif est de promouvoir l’utilisation des transports en commun en assurant un accès facile, un bon rapport qualité-prix et une régularité du service, tout en favorisant le développement d’un système de transport complémentaire et multimodal. De grandes villes telles que Rabat, Casablanca, Tanger et Marrakech seront les pionnières de cette nouvelle politique de transport collectif axée sur le développement durable. Rabat et Casablanca disposent déjà de lignes de tramway, la métropole comptant également deux lignes de busway. Les autorités de Casablanca envisagent d’évoluer vers un système complémentaire et multimodal avec des tickets uniques pour différents modes de transport en commun.

À Tanger, une convention a déjà été signée pour étudier la faisabilité d’un train urbain desservant plusieurs sites clés dans le but de fluidifier la circulation et de lutter contre la pollution liée aux transports. D’autres villes devraient emboîter le pas, avec la perspective de la création de nouvelles lignes RER entre différentes villes, en prévision de l’organisation de la Coupe du monde 2030.

Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO



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