Maroc : cap sur la rentabilisation du sport
Au Maroc, le business du sport est l’un des plus développés à travers le continent africain, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) s’était auto-saisi sur la question du développement du sport. «L’économie du sport : un gisement de croissance et d’emplois à mettre en valeur», était l’intitulé de ce document, dans lequel l’institution a émis un important nombre de recommandations pour développer le business du sport dans le royaume.
Sport au Maroc : Une mutation en trois axes
Au terme de l’état des lieux effectué pour l’économie du sport au Maroc, le CESE ambitionne de relever substantiellement la part du secteur du sport dans le PIB, estimée selon les données disponibles, à 0,5% en 2020. Cette ambition nécessite de procéder à des transformations économiques et sociales structurelles qui ont été, grâce au diagnostic effectué, regroupées au niveau de trois axes majeurs : le changement de perception des Marocains envers le sport, l’environnement fonctionnel nécessaire qui permettra aux acteurs d’agir dans des conditions plus favorables et enfin la structuration de l’activité sportive et la professionnalisation du secteur. L’opérationnalisation effective de ces recommandations permettra à terme de faire converger la vision d’un secteur associatif où le sport est facilité pour tous et celle d’un secteur économique porté par des investissements privés et capable de créer de la richesse et des emplois pérennes.
Droits télé, subventions et billetterie : changer d’approche
S’agissant de la question relative à l’amélioration de la capacité des clubs, ligues et fédérations à générer davantage de recettes, le CESE avait estimé qu’il fallait, pour cela, « revoir le mode et le timing de répartition des subventions publiques, en vue de donner plus de visibilité aux fédérations particulièrement celles de petites tailles et d’instaurer des règles et critères d’octroi plus équitables ». Dans ce cadre, poursuit le CESE, il convient de revoir également les modalités de recouvrement par les autorités de tutelle de la part du FNDS (Fonds national de développement du sport) concernant les recettes publicitaires qui représentent une part importante des subventions à redistribuer. Dans cette logique, il était notamment question de libéraliser le marché des droits TV, tout en laissant la possibilité aux clubs de bénéficier au moins partiellement des droits de retransmission, avec en parallèle une mise en valeur de la méritocratie. Pour ce qui est de la stratégie de billetterie, l’objectif consiste à conquérir de nouveaux types de spectateurs, en travaillant sur des gammes d’options pour des clients potentiels tels que le placement numéroté qui permet de proposer plusieurs services à diverses catégories de personnes pour un même événement
Développement des produits dérivés
Pour le CESE, il est urgent de valoriser l’image des clubs sportifs et l’exploiter pour générer plus de revenus, à travers le développement des produits dérivés. Il est également préconisé de sensibiliser les clubs aux opportunités d’externalisation de la promotion et de la distribution de leurs produits dérivés, via des partenariats commerciaux (entreprises, agences de communication, etc.).
Sur un autre volet, le CESE conseille de valoriser l’image de la «star sportive marocaine», car il constitue un élément majeur de l’écosystème du sport et un point de départ d’une professionnalisation réussie. Ainsi donc, l’instance continue de recommander la diversification des modalités de financement des fédérations sportives à travers l’ensemble des parties concernées : adhérents, licenciés, collectivités territoriales, entreprises privées, etc. Toujours dans une logique de développement du business, le CESE avait recommandé de lancer un programme d’appui et de financement, qui ciblerait les jeunes entrepreneurs dans le domaine du sport au Maroc, et qui serait réparti par segments (équipements, distribution, accompagnement, gestion de terrains de proximité, évènementiel, digitalisation, etc.).
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO