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Accès des pays du Sahel à l’Atlantique : des corridors pour accélérer le commerce

Si l’initiative marocaine d’ouverture sur l’Atlantique arrive à se concrétiser, elle se matérialiserait par la réalisation d’infrastructures transnationales favorisant le commerce intra-africain, et, par ricochet, l’action des organisations sous-régionales. 

C’est l’un des principaux objectifs affichés à Marrakech lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays enclavés du Sahel, aux côtés de leur homologue marocain. Créer des infrastructures au niveau national et transnational, afin de faciliter l’accès de ces pays à la façade maritime.

«Cela nous permettra de faciliter notre commerce avec d’autres pays africains, mais aussi avec le reste du monde. Le Mali est dans une logique de diversification de ses voies d’accès à la mer, afin de ne pas dépendre d’un ou de deux ports maritimes uniquement pour ses échanges extérieurs», résume le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop.

Et ses autres homologues sahéliens sont tous du même avis. Surtout qu’il est aussi question de favoriser le commerce intra-africain, donc in fine, de réaliser les objectifs de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Si ce pari est réussi avec le Maroc, malgré les nombreux obstacles géographiques (le Maroc n’étant frontalier avec aucun de ces pays enclavés du Sahel), ce serait donc faciliter le travail pour les organisations économiques sous-régionales, chargées de favoriser les conditions de la concrétisation de la ZLECAF. En effet, les communautés économiques régionales (CER ) sont considérées comme les véritables réacteurs capables de propulser la ZLECAF.

Ces zones regroupent, dans chaque partie du continent, un ensemble de pays qui partagent une proximité géographique. Certainement, la plus médiatisée parmi elles ces dernières années n’est autre que celle de l’Afrique de l’Ouest, à savoir la CEDEAO. Cela, en raison des nombreux événements politico-sécuritaires qui continuent de secouer certains de ses pays membres.

D’ailleurs, trois d’entre eux – le Burkina, le Mali et le Niger – entretiennent actuellement des relations plutôt tendues avec la Communauté. Pour l’Union africaine, la mise en œuvre concrète de la ZLECAF doit se baser sur les avancées réalisées par les différents espaces économiques sous-région. Toutefois, plus de deux ans après son entrée en vigueur, la ZLECAF peine à véritablement s’appuyer sur ces ensembles sous-régionaux.

Le cas de l’UMA
En Afrique du Nord, l’Union du Maghreb arabe (UMA) est déclarée morte depuis des années. L’on se rappelle d’ailleurs le constat amer fait par le Roi Mohammed VI, en janvier 2017, lors du retour du Maroc à l’Union africaine à propos de cette «mort» de l’UMA.

Depuis, aucune résurrection n’a été constatée. L’institution s’enfonce même dans un oubli inquiétant, et aucune politique sous-régionale ne semble se dessiner ou s’appliquer dans le sens de la réactivation effective de l’UMA. Comme certaines études l’ont démontré, l’absence de coopération coûte au moins 2 points de PIB aux pays de cet espace septentrional du continent. Pire, la multiplication des incidents diplomatiques entre ses pays membres renforce une impasse de plus en plus obscure.

Actuellement, les frontières terrestres entre le Maroc et l’Algérie sont fermées, et l’espace aérien entre les deux voisins s’est également verrouillé. Il faut ajouter à cela les difficultés de la stabilisation de la Libye ou encore de l’incertitude qui s’abat sur la marche de la Tunisie. Un ensemble d’éléments qui sont venus compliquer une équation déjà difficile à résoudre.

Manque de production
Mais l’UMA n’est pas la seule zone où les choses trainent. Elle est certes la sous-région la moins intégrée du continent, mais ailleurs, le problème qui se pose réside dans l’existence de produits échangeables entre économies.

Dans l’espace CEDEAO, considéré comme la sous-région la plus avancée en termes d’intégration, et ailleurs sur le continent, le commerce entre pays africains tourne toujours autour de 15%. Aucune évolution significative n’a été constatée depuis l’entrée en vigueur de la ZLECAF en janvier 2021 et sa ratification par quelque 45 pays. Jusqu’à présent, l’Afrique ne fournit pratiquement que de la matière première. Et la transformation de cette matière première se fait en dehors du continent. Donc, il serait judicieux de considérer que les organisations sous-régionales doivent d’abord endosser la stratégique question de la transformation locale des matières premières africaines.

Vision industrielle régionale
Pourquoi ne pas développer des projets industriels sous-régionaux permettant de transformer les produits pour chaque pays dans son espace géographique ? De la manière dont des infrastructures routières sous-régionales sont encouragées, il serait également opportun de lancer des projets industriels de transformation locale des produits à large échelle. Et pour cela, les patronats et acteurs privés de chaque sous-région doivent parvenir à identifier les points de convergence de leurs différentes forces. Ainsi, les communautés économiques sous-régionales pourront gagner davantage de temps dans leur mission de faciliter la concrétisation de la ZLECAF.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO



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