Désengagement Accor/Risma : Douiri entre dans la danse
Mutris, la société d’investissement gérée par Adil Douiri, récupère les parts du groupe Accor dans le capital de Risma, pour un montant qui avoisine les 620 millions de dirhams.
L’histoire d’amour capitalistique entre Accor et Risma est bel et bien terminée. Pour un montant avoisinant les 620 millions de dirhams (MDH), le groupe hôtelier se désengage en faveur de Mutris, une société créée par Adil Douiri et quelques actionnaires pour l’occasion, qui reprend 33% du capital de Risma.
Après plusieurs décennies de présence dans le tour de table de son bras armé au Maroc, le groupe fondé par Gérard Pelisson décide, suite à une stratégie mondiale consistant à simplifier ses participations minoritaires, de se désengager de la propriété des murs. C’est le même procédé qui a été suivi avec les cessions des parts dans H World Group (Chine) un peu plus tôt cette année et dans Orbis (Pologne) en 2020, déjà. Ceci dit, cette sortie du capital de Risma ne signifie en aucun cas un désengagement de la gestion.
Bien au contraire, Accor affirme vouloir «accélérer son développement au Maroc et continuer à jouer un rôle majeur au service de la promotion et du rayonnement de cette destination dans le monde». C’est justement ce que confirme Sébastien Bazin, président-directeur général du groupe Accor.
«Le Maroc est une formidable destination et un pays doté d’atouts uniques et d’une culture inégalée de l’hospitalité. Accor y a été pionnier, il y a près de 30 ans, et nous y avons bâti des liens forts avec des partenaires de premier plan et des équipes engagées et talentueuses», argue-t-il.
Et d’ajouter: «en simplifiant notre organisation, nous nous donnons des moyens supplémentaires pour continuer à y jouer un rôle majeur, à nous y développer et à faire rayonner le patrimoine culturel et touristique du pays».
L’opération n’aura aucun impact sur les accords contractuels en cours entre Accor et Risma, lesquels demeurent inchangés. Ceci implique que le groupe continuera à gérer les hôtels de Risma tout en se désengageant de la propriété des murs.
Aujourd’hui, le relais va être assuré par la société d’investissement de Adil Douiri and co, qui surprend son petit monde, en faisant son grand retour dans un secteur qu’il maîtrise, celui du tourisme puisqu’il a, faut-il le rappeler, officié en tant que ministre du Tourisme entre 2002 et 2007. Mutris partage, comme Mutandis, la même forme juridique, celle d’une société en commandite par actions, dont le commandité et gérant est la société Mugest SARL dont Douiri est associé unique. L’ex-homme politique, qui croit dur comme fer dans le développement de l’industrie touristique, confie aux Inspirations ÉCO, que cette opération est le fruit du hasard.
«Elle est la coïncidence de deux volontés, celle d’Accor de se désengager des participations minoritaires un peu partout dans le monde et de continuer sa croissance au Maroc, et celle de notre entreprise, composée d’un groupe d’investisseurs qui estiment que c’est le bon moment d’investir dans le secteur», soutient-il.
Aux côtés de l’actionnaire de référence RMA Assurance, qui détient 36,74% du capital, Douiri estime pouvoir «apporter son savoir-faire pour accompagner Risma dans sa croissance». Il juge ainsi le moment favorable pour le développement du secteur vu qu’il y a une forte volonté de voyager post-covid. «C’est donc le moment idéal pour nous d’investir», confirme-t-il.
Mutris affiche donc sa confiance dans le développement du secteur touristique marocain, en particulier hôtelier, s’inscrivant dans l’ambitieux plan de croissance élaboré par le gouvernement et les professionnels du secteur, mais également «dans la qualité du management de Risma, la qualité de ses actifs, et son potentiel de croissance et de leadership sectoriel». Soumise à certains accords réglementaires d’usage, la transaction devrait être finalisée au cours du troisième trimestre de l’année.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO