L’anglais au Maroc : quel impact sur l’économie et la société ?
Youssef Ennaciri
Expert en entrepreneuriat et ancien vice-président CJD Maroc
Les exemples concrets de réussite d’entreprises marocaines qui ont su exploiter les opportunités liées à l’anglais pour se développer sur le plan national et international sont légion. La 16e édition de la Journée de l’entreprise à Casablanca s’interroge sur l’impact de cette langue sur l’économie et la société. Dans cette interview accordée aux Inspirations ÉCO, Youssef Ennaciri, expert en entrepreneuriat et ancien vice-président CJD Maroc, nous donne un avant-goût de cet événement.
Quel est l’impact de la maîtrise de l’anglais sur la compétitivité des entreprises marocaines, en particulier dans un contexte de mondialisation croissante ?
La maîtrise de l’anglais n’est plus un accessoire, mais plutôt une nécessité. Plus de 80% des transactions mondiales se font en anglais. Donc l’entreprise marocaine a tout à gagner en adoptant l’anglais pour élargir son marché et son réseau de fournisseurs. L’impact ne peut qu’être positif, surtout quand on sait qu’acheter moins cher est l’élément clé de la compétitivité de l’entreprise.
Comment la maîtrise de l’anglais contribue-t-elle à attirer des investissements étrangers au Maroc et à la création d’emplois dans des secteurs clés de l’économie ?
Par le passé, le Maroc n’attirait que les investissements français, vu l’histoire qui lie le Royaume à la France, mais c’est dû, principalement, au fait que les Marocains maîtrisent la langue française. Aujourd’hui, grâce à la maîtrise de l’anglais par les ressources humaines nécessaires aux grands projets, les investisseurs étrangers sont intéressés pour s’installer au Maroc vu que ces firmes vont pouvoir communiquer facilement et surtout faire bénéficier les RH locales des outils et formations déjà existants en anglais.
Quels sont les défis et les opportunités liés à l’apprentissage et à l’utilisation de l’anglais dans le milieu des affaires au Maroc ?
Les principaux défis sont actuellement la non-généralisation de l’anglais dans l’enseignement marocain – surtout supérieur -, et aussi la résistance des ménages à migrer vers l’anglais comme deuxième langue, notamment une certaine élite qui est liée par des intérêts économiques avec la France. Pour les opportunités c’est principalement l’accès à de nouveaux marchés, à la matière première, et aux besoins de leurs chaînes de production à des prix et qualité diversifiés. À l’échelle nationale, le Maroc pourra également bénéficier du transfert technologique plus facilement, car près de 90% des publications de recherche scientifiques et technologiques se font en anglais.
Comment l’anglais facilite-t-il l’accès des entreprises marocaines aux marchés internationaux et favorise-t-il l’exportation de produits et services ?
Tout simplement parce que les produits marocains auront une visibilité et facilité d’accès puisque les fiches techniques et les communications sur leurs produits seront en anglais..
Quelles sont les initiatives et les programmes mis en place par les entreprises et les institutions au Maroc pour renforcer les compétences linguistiques en anglais de leurs employés ?
En fait, plusieurs entreprises ont commencé à faire de la formation continue et des mises à niveau linguistiques pour leurs collaborateurs, et pour cela ils ont conclu des partenariats avec des écoles et des centres de langues.
Quels sont les secteurs d’activité où la maîtrise de l’anglais est particulièrement cruciale?
Les secteurs qui doivent maîtriser l’anglais sont d’abord celui des exportateurs, et aussi tous ceux qui ont un besoin d’achat d’importation des outils et des matières premières.
Quel rôle l’enseignement de l’anglais dans le système éducatif marocain joue-t-il dans la préparation des jeunes au marché du travail et à l’économie globale ?
C’est un rôle vital et il est la base de la capacité du pays à attirer et fidéliser les investisseurs étrangers, et aussi un rôle important dans la migration et l’encouragement des entreprises à s’exporter. Surtout que le Maroc s’inscrit dans la politique de la mise en place des métiers internationaux comme l’automobile et l’aviation.
Comment la maîtrise de l’anglais peut-elle favoriser l’innovation et l’adoption de nouvelles technologies dans les entreprises marocaines ?
Question fort intéressante. Comme dit plus haut, 90% des recherches et publications sont en anglais, ce qui va permettre aux Marocains d’accéder et exploiter ces recherches et de pouvoir capitaliser pour innover. En outre, cela va permettre aux compétences internationales d’échanger également avec nos locaux, ce qui est le meilleur moyen pour bénéficier d’un transfert technologique réussi.
Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO