Éco-Business
Salon Halieutis: L’économie bleue au centre du programme scientifique
Recommandée par le Nouveau modèle de développement, l’économie bleue et ses composantes sont en cours de mise en œuvre à travers un certain nombre de programmes gouvernementaux transverses qui impliquent divers départements ministériels et établissements publics regroupés sous forme de task-force.
Avec 1,4 million de tonnes de production halieutique d’une valeur de 15 MMDH, la pêche et l’aquaculture génèrent des milliers d’emplois, aussi bien au niveau des chaînes de production que de la transformation. En termes d’export, le chiffre d’affaires a atteint 25 MMDH durant l’année 2021 grâce à l’acheminement de 818.000 tonnes de produits exportés, ce qui place le Maroc au 15e rang mondial des pays producteurs de produits de la mer.
Pour mieux capitaliser sur ce positionnement, l’économie bleue est au cœur du cycle de conférence scientifique international en tant que levier d’action en faveur du développement durable, de la croissance économique et de l’inclusion sociale. Recommandée par le Nouveau modèle de développement (NMD), la mise en place d’une économie bleue nationale est un enjeu capital pour amorcer un développement socio-économique compatible avec la préservation des ressources naturelles et des écosystèmes marins et littoraux.
C’est dans ce sens que la seconde mouture de la stratégie Halieutis s’est orientée vers cette question en capitalisant sur les atouts maritimes du Maroc. Actuellement, les composantes de l’économie bleue sont en cours de mise en œuvre à travers un certain nombre de programmes gouvernementaux transverses qui impliquent divers départements ministériels et établissements publics regroupés sous forme de task-force.
De par son potentiel de développement étendu à l’ensemble de la filière de production halieutique, le secteur de la pêche et l’aquaculture revêt à cet effet un caractère aussi stratégique que transversal qui en fait un levier de croissance essentiel pour l’ensemble de l’écosystème économique maritime. Cependant, ce potentiel est étroitement conditionné par la capacité à préserver, restaurer le capital naturel dont sont dotés les océans et améliorer la capacité d’adaptation et de résilience face à tous les défis liés aux changements climatiques, la pollution et la surexploitation.
Création de trois aires marines protégées
Le Département de la Pêche maritime avait annoncé pendant l’été 2022 la création de trois aires marines protégées au niveau d’Agadir, de Larache et du Cap des trois fourches, tout en affirmant en parallèle son engagement pour le développement d’activités génératrices de revenus au profit des pêcheurs marocains. Pour sa part, l’Agence nationale pour le développement de l’aquaculture (ANDA) avait présenté plusieurs projets aquacoles inscrits dans le programme Économie Bleue, notamment dans la région de Souss-Massa. Pour sa part, l’Institut national de recherche halieutique (INRH) avait dévoilé son plan de renforcement des interactions multisectorielles dans le cadre de l’écosystème économie bleue.
Un plan qui vise à favoriser l’implantation effective de clusters économiques côtiers autour de la valorisation et l’exploitation des services écologiques marins. En effet, le Maroc dispose d’un patrimoine halieutique varié avec ses 3.500 kilomètres de côtes, sa double façade maritime sur l’Atlantique et la Méditerranée et sa Zone économique exclusive (ZEE) qui s’étend sur plus d’un million de km² dans une aire géographique connue pour être une des zones les plus poissonneuses dans le monde.
Actuellement, le secteur de la pêche maritime et de la transformation ainsi que l’aquaculture mobilisent près de 19.064 unités opérationnelles, dont 334 dans la pêche hauturière, 1.800 dans la pêche côtière et 17.130 dans la pêche artisanale. Quant aux équipages embarqués à bord de ces unités, toutes spécialités confondues, ils atteignent un effectif total de 119.147 personnes à bord de la flotte nationale. À terre, l’industrie de transformation et de valorisation des produits halieutiques emploie 116.800 personnes qui s’activent principalement dans 485 unités industrielles réparties sur l’ensemble du territoire, en plus de 76 sites de débarquement et de commercialisation.
Soutien de la Banque mondiale
La Banque mondiale avait déjà approuvé un prêt de 350 millions de dollars pour appuyer le lancement du programme gouvernemental Économie bleue. Ce prêt entend stimuler la création d’emplois et la croissance économique, tout en améliorant la durabilité et la résilience des ressources naturelles, ainsi que la sécurité alimentaire. Ce prêt-programme pour les résultats en faveur de l’économie bleue a pour objectif de développer des cadres institutionnels, d’améliorer la gestion intégrée des ressources naturelles et de renforcer certains secteurs pour une économie bleue résiliente au changement climatique dans des zones ciblées. Le projet comprend deux volets interdépendants destinés à étayer le programme gouvernemental.
Le premier, qui s’articule autour d’une commission interministérielle et de mécanismes de coordination régionale, soutient l’établissement de cadres institutionnels visant à renforcer la coordination verticale et horizontale. Il s’attachera également à instaurer un nouveau modèle de fonctionnement collaboratif au sein des secteurs et des régions, à optimiser la planification budgétaire et à œuvrer à des objectifs communs. Le second volet a porté sur l’investissement dans des domaines clés de l’économie bleue, notamment le tourisme durable et le sous-secteur de l’aquaculture, la formation professionnelle dédiée à la gestion de l’économie bleue ; la protection et la gestion des services éco systémiques ; et l’amélioration de la résilience climatique dans des zones ciblées.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO