Égalité fille-garçon à l’école : l’Association démocratique des femmes du Maroc tire la sonnette d’alarme
Si les enfants représentent le socle et le moteur d’un monde meilleur, la ségrégation sociale au sein de l’école pénalise l’égalité entre filles et garçons, et constitue un frein pour l’édification d’une société plus juste et équitable. L’Association démocratique des femmes du Maroc alerte les pouvoirs publics sur l’importance du sujet.
Après la présentation, en décembre dernier, d’un mémorandum au ministère de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports, l’Association démocratique des femmes au Maroc (ADFM) tente de faire résonner de nouveau sa voix en lançant l’initiative citoyenne «Pour l’école de l’égalité».
Un enjeu crucial sur le plan de l’égalité
Amina Lotfi, présidente de l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) insiste sur la nécessité de tirer les leçons du passé en mettant en place une vision globale, réfléchie, intégrée, prospective et ciblant l’effectivité. Et d’ajouter que «nous attendons aujourd’hui du ministère de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports qu’il intègre «l’École de l’égalité» dans les indicateurs clés du «changement de paradigme» et de la «nouvelle école marocaine», annoncés comme réponses adaptées aux problèmes majeurs du système éducatif. Si tous les efforts sont coordonnés, l’objectif est atteignable. C’est la vision de l’association qui lance l’Initiative citoyenne pour l’école de l’égalité. Une initiative soutenue par des centaines d’associations féministes, de droits humains et de développement ainsi que par les syndicats de l’enseignement, les organismes représentant les inspecteur(trice)s pédagogiques, les associations de professeur(e)s de diverses disciplines ainsi que les fédérations des associations de parents d’élèves. «Cette initiative bénéficie également d’un soutien particulier des anciens ministres de l’Éducation nationale», fait savoir la présidente. Plusieurs actions ont été menées par l’ADFM pour soutenir cette cause, dont l’élaboration d’un mémorandum «pour l’école de l’égalité entre les deux sexes qui prend acte du changement annoncé par le programme gouvernemental (2021/2026) «La nouvelle école» et la «Renaissance éducative», prônée par la feuille de route du ministère de l’éducation nationale pour les prochaines années».
Ce mémorandum rappelle ainsi les initiatives prises au sein du ministère de l’Éducation nationale durant les trois dernières décennies, et propose des analyses critiques ainsi qu’un argumentaire en faveur d’une école qui éduque garçons et filles au respect du principe d’égalité entre les êtres humains, indépendamment de leur sexe, et qui démontre que cette revendication est à la fois nécessaire, possible et urgente pour le Maroc. L’école n’use pas suffisamment de son «pouvoir» et de ses canaux d’influence pour lutter efficacement contre les divers stéréotypes et pratiques discriminatoires. Pour cela, l’ADFM propose, dans le cadre de son mémorandum, plusieurs recommandations et pistes de réflexion et d’action pour la mise en œuvre d’une école qui offre au quotidien, aussi bien aux filles qu’aux garçons, les moyens et les outils d’apprendre pour vivre égaux en dignité et en droits.
Sensibilisation pour garantir l’effectivité de l’école de l’égalité
À noter que la présentation du mémorandum au ministre de l’Éducation nationale a été suivie, le 27 décembre 2022, par une rencontre et une journée d’étude avec les parlementaires, en partenariat avec la Commission Éducation, culture et communication de la Chambre des représentants sous le thème «Pour une école libre de stéréotypes sexistes», avec pour objectif de mener une réflexion sur le rôle du Parlement dans l’instauration de l’école de l’égalité.
Lors de cette rencontre, les parlementaires, ainsi que les associations présentes, ont souligné l’importance de la culture de l’égalité dans le système éducatif et l’urgence de lever les entraves à son effectivité à travers une approche globale et concertée entre les différentes parties prenantes, et une évaluation récurrente des résultats de ce processus. «Les stéréotypes sexistes agissent sur les personnes et leur devenir, notamment par la construction d’identités sexuées à travers lesquelles les enfants intériorisent la supériorité, pour les garçons, et l’infériorité, pour les filles. À grande échelle, les stéréotypes sexistes sont lourds de conséquences, et expliquent largement l’état des inégalités homme-femme dans notre pays, et ce, dans tous les domaines. Les récentes données officielles, statistiques et analytiques, illustrent cet état de fait. À titre d’exemple, «le dernier Global gender gap (2021) classe notre pays au 144e rang sur les 156 pays indexés et au 12e dans la région MENA1», conclut Aatifa Timjerdine, vice-présidente du bureau de Rabat de l’ADFM et également membre du groupe de travail pour la promotion de la culture de l’égalité dans le système éducatif.
Focus sur l’adfm
Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO