SIAM : le Maroc à l’école britannique
Le Royaume-Uni sera à l’honneur au Salon international de l’agriculture du Maroc, prévu du 2 au 7 mai, à Meknès. Un choix qui s’explique par plusieurs facteurs, alors que les deux partenaires célèbrent le deuxième anniversaire de leur accord d’association post-Brexit.
Après trois années d’absence, le Salon international de l’agriculture du Maroc (SIAM) – dont la dernière édition remonte à 2019 – fait son grand retour. Considéré comme le rendez-vous phare de l’agenda agricole à l’échelle continentale, le SIAM, déployé sur une superficie de 18 ha dont 11 ha couverts, réunira cette année 900.000 visiteurs et 1.400 exposants de 65 pays participants.
Prévu du 2 au 7 mai à Meknès, l’événement, dédié à l’agriculture et aux acteurs du secteur, met à l’honneur le Royaume-Uni. Un choix logique qui «reflète l’excellence des relations ancestrales qui lient les deux pays, et offre aux participants une belle opportunité pour découvrir et explorer la richesse et la diversité de l’agriculture britannique», ont estimé les organisateurs du SIAM.
D’autres facteurs pourraient également expliquer le choix porté sur ce pays qui représente un marché très porteur pour les exportations de produits agricoles du Maroc, notamment les agrumes, les fruits rouges et les primeurs. À ce propos, les chiffres sont éloquents : rien que depuis janvier 2021, date de sortie officielle du Royaume-Uni de l’UE, les exportations de produits alimentaires marocains vers le Royaume-Uni ont bondi de 40%.
Les agrumes et les tomates pèsent 80% des exportations agricoles marocaines
En tête des produits marocains les plus exportés vers le Royaume-Uni, figurent, notamment, les tomates qui couvrent quelque 25% des besoins britanniques. Les agrumes étant aussi très demandés sur ce marché, les deux produits concentrent 80% des exportations agricoles marocaines.
En gros, pour les fruits et légumes, les ventes à l’international sur le marché en question ont atteint la barre des 4 milliards de dirhams depuis janvier 2021. À l’inverse, le Maroc a importé des céréales pour un total de 300 millions dirhams sur la même période. À cela s’ajoutent d’autres échanges, notamment dans le domaine de l’agro-industrie, qui viennent consolider l’axe Rabat-Londres, fort d’un accord d’association en vigueur depuis deux ans.
L’accord d’association post-Brexit
Ce deal prévoit que les produits industriels originaires du Royaume-Uni ou du Maroc sont admis dans les territoires des deux parties en exonération des droits de douane et taxes d’effet équivalent, à condition de respecter les règles d’origine. Concernant les produits agricoles, produits agricoles transformés, poissons et produits de la pêche, l’accord conclu entre les deux pays offre deux opportunités.
Premièrement, les exportations des produits marocains vers le Royaume-Uni continueront de bénéficier de la franchise douanière à l’exception d’une liste restreinte qui demeurera soumise à des contingents et/ou calendriers. Toutefois, l’exportation des fruits et légumes ne sera plus soumise au système de prix d’entrée mais plutôt au nouveau régime tarifaire du Royaume-Uni «UK global tariff» qui prévoit des variations saisonnières du tarif britannique.
En deuxième lieu, les produits agricoles, transformés ou non, les poissons et les produits de la pêche en provenance du Maroc sont soumis au même régime que celui prévu par l’Accord d’Association Maroc-UE, avec quelques adaptations.
Aujourd’hui, les deux partenaires, qui veulent aller plus loin, ambitionnent de développer d’autres créneaux, notamment dans les domaines de la formation agricole et des activités en lien avec le développement durable, sans oublier le développement de la production de la filière viande et laitière bovine au Maroc. Dans ce domaine, les Britanniques ont beaucoup à nous apprendre. Si l’agriculture ne représente que 1% du PIB du Royaume-Uni, son cheptel, qui occupe la troisième place à l’échelle continentale, joue un rôle incontournable sur le vieux continent.
Un cas d’école
Mieux, de plus en plus d’éleveurs anglais adoptent des démarches en phase avec le respect de l’environnement tout en générant davantage de revenus. Un cas d’école qui pourrait faire tâche d’huile au Maroc, à l’issue du Salon qui se profile à l’horizon.
Signalons toutefois que la liste des produits agricoles concernés par l’Accord d’association entre le Maroc et le Royaume-Unis a été réduite, avec l’exclusion d’un certain nombre de produits, notamment les bovins et une catégorie spécifique de viande rouge. L’explication donnée est que ces «produits ne feront pas l’objet d’importation au Maroc, au titre de l’année 2023 et ce, en raison du statut sanitaire du Royaume-Uni.
D’ailleurs, du 1er janvier au 31 décembre 2023, il a été décidé, par les autorités marocaines en charge de l’Agriculture et du Commerce, dans une circulaire publiée à cet effet, de suspendre les importations de bovins et viandes de bovins en provenance du Royaume-Uni.
Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO