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Pouvoir d’achat : les mesures prises sont-elles suffisantes ?

C’est une kyrielle de mesures gouvernementales qui ont été prises pour préserver le pouvoir d’achat sans pour autant avoir recours à l’endettement. Une prouesse, selon le département des Finances, qui est même arrivé à résorber 0,6% du déficit budgétaire. Mais au détriment de qui ?

Certes, le contexte est exceptionnel et inédit. Entre crise pandémique, crise énergétique et stress hydrique, on ne sait plus où donner de la tête. Le Maroc reste mal loti de par sa dépendance de l’extérieur. Le mouvement inflationniste exogène n’a pas tardé à frapper de plein fouet le pouvoir d’achat des Marocains. La pression a également pesé de tout son poids sur les finances publiques. Sur ce point, le Maroc s’en est bien sorti en dépit de la conjoncture. C’est ce qui ressort de l’allocution de Nadia Fettah, ministre des Finances, lors de la deuxième lecture du projet de loi de Finances 2023 à la Chambre des conseillers, le 5 décembre dernier.

Niet au système des compensations
En effet, malgré la kyrielle de subventions allouées de l’ordre de 40 milliards de dirhams, l’État a pu réduire son déficit budgétaire de 0,6% du PIB, soit 7 MMDH. Pour la ministre, le gouvernement n’a pas lésiné sur les moyens pour préserver le pouvoir d’achat des citoyens. Des actions ont été entreprises pour maintenir la capacité financière des Marocains et de l’État sans pour autant avoir recours à l’endettement ni rogner sur le budget alloué à l’investissement public. Mieux encore, le pays a poursuivi les réformes structurelles sur lesquelles il s’est engagé. «Le retour au système de compensation semblait être l’issue la plus appropriée en ces temps de crise, mais il s’avère que le prix à payer risque d’être lourd à long terme», dixit la ministre des Finances.

Dans le même sillage, elle a précisé que la compensation des hydrocarbures aurait coûté une enveloppe budgétaire supplémentaire de l’ordre de 87 MMDH. Ce qui aurait contraint l’État à abandonner le budget destiné à financer les chantiers structurants tels que l’éducation, la santé ou encore la protection sociale. Toutefois, pour sauvegarder le pouvoir d’achat, le gouvernement a continué à subventionner les produits de première nécessité dont l’enveloppe inhérente a atteint 40 MMDH en 2022.

Dans le détail, ce sont 22,1 MMDH qui ont été consacrés au gaz butane, 9,1 MMDH pour le blé importé, 1,4 MMDH pour la farine de blé tendre, 1,3 MMDH pour le sucre importé et 3,5 MMDH pour le sucre raffiné. Toujours en termes de subventions aux secteurs sinistrés, seul le secteur du transport a bénéficié d’une enveloppe budgétaire qui s’est élevée à 5 MMDH. Le secteur touristique en a totalisé 2 MMDH. Pour maintenir la stabilité des prix, l’État a consacré 10 MMDH pour lutter contre la sécheresse. Les énergies ne sont pas en reste. L’ONEE a bénéficié de 5 MMDH suite à la flambée des prix des matières premières afin d’éviter l’impact sur la facture énergétique pour les citoyens.

Quid de l’enseignement ?
Le volet social constitue également un aspect que la ministre a mis en avant. Le dialogue social et l’augmentation du SMIG font également partie de la panoplie des mesures entreprises. Pallier le déficit des caisses de retraite reste une préoccupation.

D’ailleurs, l’État se donne 6 mois pour parvenir à une réforme du régime des retraites et envisage de poursuivre les réformes entamées dans l’objectif de garantir un État social. Faciliter l’accès à un logement y figure également.

Selon Nadia Fettah, le département de tutelle travaille sur un projet de décret qui fixe les conditions d’éligibilité. Mais, au moment où l’inflation continue de sévir, l’État a pu tirer son épingle du jeu. Ce qui est inconcevable à en croire les économistes qui jugent que ces mesures restent insignifiantes face à une inflation galopante. Alors que des mesures plus drastiques étaient prises dans certains pays pour préserver le pouvoir d’achat, telles que la diminution de l’impôt sur le revenu, la suppression progressive de la taxe habitation… S’ajoute à cela la revalorisation de certaines prestations sociales comme les chèques énergie, la majoration de l’allocation de la rentrée scolaire… Un volet qui n’a pas été pris en compte par le gouvernement, sachant qu’un budget colossal est consacré à l’enseignement privé par bon nombre de familles marocaines.

Maryam Ouazani / Les Inspirations ÉCO


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