Maroc

Entretien. Younes Sekkouri : “Le taux de déperdition est quasi nul en Formation professionnelle”

Younes Sekkouri
Ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences

Près de 4 MMDH d’investissement ont été consentis jusqu’ici pour promouvoir le développement de la Formation professionnelle au Maroc. Les efforts collectifs de l’État, des régions, des professionnels, des bailleurs de fonds et des investisseurs privés commencent à porter leurs fruits avec des taux d’insertion plutôt satisfaisants pour les jeunes diplômés des centres de formation.  Entretien.

Quels sont les grands défis auxquels le Maroc doit faire face pour répondre au besoin grandissant de la formation par apprentissage, une approche de plus en plus préconisée par l’entreprise ?
Le Maroc doit faire face à de grands défis majeurs pour répondre au besoin grandissant de la formation par apprentissage, à savoir : • Défis liés à la mise à niveau de l’économie : la Formation professionnelle est en effet appelée à témoigner de grandes capacités d’adaptation et d’innovation, en rapport avec les évolutions de la technologie et des structures d’entreprise.
L’enjeu majeur reste d’assurer une implication accrue des professionnels pour une meilleure qualité aussi bien de la formation initiale des jeunes que de la formation continue des travailleurs et leur adaptation à leurs exigences.• Défis de l’intégration sociale et professionnelle : la Formation professionnelle n’a pas pour seule finalité la satisfaction des besoins des secteurs économiques structurels, mais elle est aussi sollicitée pour injecter de la technicité dans les secteurs non structurés et favoriser l’intégration et la réintégration des populations marginalisées pour prévenir les exclusions sociales sachant que le tissu économique marocain est marqué par un secteur informel constituant le plus grand réservoir d’emplois et un milieu rural prédominant.
L’efficacité du dispositif de formation professionnelle dépendra, donc, en partie de sa capacité d’intégration du secteur informel et de la population rurale dans l’économie et dans la société moderne.
 
Quel est le taux d’insertion des jeunes stagiaires diplômés des centres de formation au Maroc ? 
L’enquête nationale sur le suivi de l’insertion professionnelle des lauréats de la Formation professionnelle de la cohorte 2019 a enregistré un taux d’insertion global de 69,8 % près de 9 mois après leur sortie. Toutefois, et contrairement aux taux d’insertion des autres formations, et notamment universitaire, celui de la Formation professionnelle prend en compte la déperdition. En effet, le taux de déperdition est quasi nul dans la formation professionnelle, c’est à dire que grâce à un système de recrutement très rigoureux et un suivi de proximité, la quasi-totalité des stagiaires arrivent à décrocher leurs diplômes.
Par conséquent, le taux d’insertion de 69,8% est très élevé car il est calculé sur la base des stagiaires qui se sont inscrits depuis la première année de formation. Dans d’autres spécialités, le taux de déperdition est très important, beaucoup d’étudiants décrochent et ne seront jamais lauréats. Du coup, le taux d’insertion calculé ne prend pas en compte ceux qui se sont inscrits en première année, mais seulement ceux qui ont pu obtenir leurs diplômes. C’est pourquoi nous trouvons beaucoup de jeunes qui, après avoir décroché une licence ou même un master, venir parfois s’inscrire dans un établissement de formation professionnelle car ils savent que leurs chances d’insertion sont importantes.
Quel est le montant des investissements consentis jusqu’ici pour promouvoir le développement de la formation professionnelle au Maroc ? 
L’investissement dans la Formation professionnelle est un effort collectif de l’État, des régions, des professionnels, des bailleurs de fonds, des investisseurs privés pour le développement du dispositif de Formation professionnelle. A titre d’indication, 3,6 milliards de DH ont été mobilisés pour le financement de la mise en place des 12 Cités des Métiers et des Compétences (CMC). 92 millions de dollars ont été également consacrés par le Fonds «Charaka» à la mise en place de quinze autres établissements dans le cadre du programme de coopération «Compact II», conclu entre le Maroc et les Etats-Unis.
Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO


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