Incendies de forêt : après le Nord, Taroudant touchée à son tour
À l’heure où nous mettions sous presse, aucune victime n’était à déplorer. Ces feux de forêt ont provoqué l’évacuation des familles, «à titre préventif», de certains douars avoisinants alors qu’une vingtaine d’hectares de couvert végétal ont été ravagés.
La course contre les flammes se poursuit au Maroc. Après les provinces du nord, les localités de Taroudant sont à leur tour touchées par de violents feux de forêt. Mardi soir, un incendie s’est déclaré au niveau de la forêt d’Anzal relevant de la commune rurale de Tizi-N’test. Selon l’association Paysages, dédiée à l’environnement, le feu s’est tout d’abord déclenché au niveau de la montagne Agueni, située entre les douars Tirqnit et Idbadi, à proximité de Taouinekhte, relevant du caïdat de Tafingoult, avant que l’incendie ne se propage vers d’autres massifs forestiers. Au moment où nous mettons sous presse, l’incendie n’a pas encore été complètement circonscrit. Depuis mardi soir, les moyens terrestres ont été déployés pour éteindre le feu alors que les autorités locales, notamment la commission de veille provinciale, la Gendarmerie royale, la Protection civile, les Forces auxiliaires et les Eaux forêts, en plus de la population locale, sont mobilisés pour éteindre l’incendie.
Pour l’instant, aucune victime n’est à déplorer. Ces feux de forêt, attisés par la hausse des températures, ont provoqué l’évacuation des familles, «à titre préventif», de certains douars avoisinants. Selon le bilan provisoire, le feu s’est propagé aux champs de végétation dense, détruisant une vingtaine d’hectares de couvert végétal constitué principalement de chêne vert, de caroubier, d’arganier et d’autres arbres fruitiers. De surcroît, la cause de cet incendie n’est pas connue. Les fortes chaleurs et les vents pourraient constituer des éléments déclencheurs, même si l’origine humaine n’est pas à écarter.
Les efforts se poursuivent pour maîtriser l’incendie
Actuellement, les efforts se poursuivent dans l’espoir de maîtriser complètement ces incendies, alors que les équipes déployés sur le terrain ont trouvé des difficultés à accéder aux massifs forestiers avec l’absence de sentiers pédestres. Pour rappel, le Maroc est frappé depuis plusieurs jours par une vague caniculaire, avec des températures très élevées selon le département de la météorologie. Ces températures sont accompagnées de fortes rafales de vent et de chergui dans un contexte de sécheresse hors norme et de stress hydrique.
Sur ce dernier point, la maîtrise des incendies est compliquée encore davantage par la rareté de l’eau surtout au niveau des périmètres touchés par le déficit hydrique, notamment les barrages relevant de la province de Taroudant. Aujourd’hui, les réserves d’eau ont considérablement diminué pour se situer à moins de 14 % de taux de remplissage dans la région Souss-Massa.
Dans ce sens, force est de constater que sur la capacité totale des barrages estimée à 731,39 Mm3, 85,7 % est complètement vide. Dans ce contexte de hausse de thermomètre, le tarissement des barrages continue d’exercer non seulement une pression sur l’eau potable et l’irrigation, mais aussi sur les modalités de maîtrise des incendies et des foyers de feu qui progressent dans les régions boisées surtout avec l’utilisation du dispositif aérien tels que les canadairs, les avions «Turbo-Trash» et les hélicoptères. C’est d’ailleurs le barrage Abdelmoumen, sur Oued Issen, à Taroudant, qui représente le déficit le plus chronique parmi les barrages de la région. D’autre part, le barrage d’Aoulouz, le plus proche de la zone touchée, dispose d’un taux de remplissage de 24,3%. Ce barrage est sous pression, en raison de la sécurisation des besoins de l’irrigation à partir de cette infrastructure en faveur du périmètre agricole de Sebt El Guerdane, à Taroudant.
10.300 ha brûlés à ce jour
Pour rappel, Mohamed Sadiki, ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, a indiqué, lundi dernier, à la Chambre des représentants, que la superficie totale touchée par les feux de forêt survenus dans plusieurs régions du Royaume a atteint 10.300 hectares. Le ministre a noté que la superficie qui était menacée par les flammes est de 123.000 hectares, ajoutant que les incendies ont failli toucher, dans la région de Larache, des habitations de 5.200 familles, et que 35 douars étaient concernés. Au total, 4.200 éléments des Eaux et forêts, de la Protection civile, des Forces Armées Royales, de la Gendarmerie Royale, des Forces auxiliaires, des autorités locales, de la Promotion nationale, ainsi que des volontaires ont été mobilisés. Ils sont appuyés par des camions de pompiers, des citernes à eau, des véhicules d’intervention, des ambulances, des engins et des bulldozers qui ont contribué à circonscrire les incendies. En plus de l’intervention de cinq canadairs, de huit avions «Turbo-Trash» et des hélicoptères de la Gendarmerie Royale. Pour atténuer l’impact des récents incendies sur l’activité agricole et les forêts, 290 MDH ont été mobilisés pour apporter un soutien aux populations locales touchées. Par ailleurs, la période estivale est la période la plus propice aux feux de forêt. Et si la sécheresse en est à l’origine, l’activité humaine est également responsable de la majorité des départs de feu, que ce soit du fait d’une activité économique, agricole ou touristique.