Transport routier : l’indexation, la panacée ?
Avec une 4e tranche de subventions octroyées aux acteurs du transport, la situation reste maîtrisable. Malgré tout, les professionnels du secteur revendiquent l’instauration de l’indexation le plus tôt possible, en vue de réguler le marché en toute transparence.
Les tranches d’aide aux transporteurs se poursuivent pour en arriver à la quatrième. Dès le 18 juillet, les opérateurs concernés devront s’y inscrire pour l’obtention du soutien supplémentaire destiné aux professionnels du transport routier. C’est ce qui a été annoncé, jeudi dernier, par le ministre du Transport et de la logistique. Cette opération, qui vient en aide aux opérateurs pour supporter les affres de la hausse des prix du carburant et maintenir le pouvoir d’achat des citoyens, sera augmentée de 40%. Ainsi, le montant du soutien accordé par le gouvernement aux professionnels au cours du mois de juillet passe de 500 à 700 millions de dirhams.
L’instauration d’un coût de référence s’impose
Pour les professionnels, la subvention permet d’absorber près de 28% des charges supportées, eu égard au gap entre décembre 2021 et aujourd’hui, en fonction des catégories et du segment de transport routier. Avec cet accroissement, le taux d’absorption passera à 38%. À signaler que le niveau des prix à la pompe est passé de 9,15 dirhams HT à 15, soit une augmentation d’environ 40%.
Or, le prix du carburant a tendance à diminuer vu qu’actuellement le cours du baril a connu une baisse, se situant à un niveau ne dépassant pas les 100 dollars. Mais comment cette diminution se répercutera-elle sur le prix du transport ? À en croire les professionnels du secteur, aucune incidence n’est à constater au niveau local. Pour Rachid Tahri, secrétaire général de la Fédération du transport et de la logistique affiliée à la CGEM, en l’absence d’un cadre réglementaire, la répercussion, aussi positive soit-elle, n’est pas prise en compte. «La subvention de l’État est louable.
D’ailleurs, aucun gouvernement n’a pris une telle initiative, mais jusqu’à quand ? Malheureusement, les budgets ne permettent pas d’accorder davantage d’aides, mais si les coûts de référence subissent une régulation, la donne serait différente», relate-t-il. Il faut préciser que, selon les professionnels, les prix sont restés inchangés malgré la flambée du carburant.
De surcroît, les prix appliqués demeurent en dessous du coût de revient. C’est ce qui est ressorti des résultats de l’étude sur le coût de référence effectuée en 2011. Dès lors, le marché s’est libéralisé et, malgré la levée de la compensation, les prix sont restés stables. Néanmoins, les professionnels du secteur déplorent le fait que ladite étude n’est plus jamais été reproduite et en réclament une nouvelle, en vue d’asseoir une concurrence loyale.
Goulot d’étranglement
Toutefois, en cas de baisse des prix à la pompe, la Fédération de transport et de la logistique prévoit un retour à l’anarchie sur le marché, et les prix à l’arrivée risquent d’être exorbitants. Il s’avère ainsi urgent d’instaurer un cadre législatif adéquat. Pour réguler le marché, les professionnels s’accordent à dire que l’indexation demeure la panacée pour pallier les problèmes structurels dont pâtit le secteur.
«L’indexation est un élément régulateur et de transparence susceptible d’entraver les spéculations qui renchérissent le marché du moment qu’elle permet de s’aligner sur le même niveau de prix et d’éviter ainsi le dumping exercé par certains opérateurs. De plus, qu’il s’agisse d’une baisse ou d’une hausse des intrants, la répercussion sur les prix est indéniable. Elle a également l’avantage de fixer le pourcentage à ne pas franchir lorsqu’il s’agit d’une augmentation des prix. Cette démarche fonctionne avec brio dans les pays européens», selon Rachid Tahri.
La fédération, qui revient à la charge à chaque remaniement ministériel, a soumis le projet de loi de l’indexation au département de tutelle, lequel l’a inséré dans le circuit législatif, selon le bureau de la fédération qui fonde beaucoup d’espoirs sur l’adoption de cette réglementation. Si cette problématique relative au prix est conjoncturelle, d’autres obstacles entravent la structuration du secteur. Hormis l’informel qui pèse de tout son poids, le transport logistique subit la multiplication des intermédiaires.
En effet, le manque de réglementation laisse le champ libre à ces spéculateurs. Résultat des courses, un renchérissement qui influe sur le prix final. «Je tiens à préciser que le coût du transport ne représente qu’une infime partie du prix de vente destiné au consommateur final. C’est dire que l’intervention de plusieurs maillons dans la chaîne rend la prestation plus onéreuse, d’où l’intérêt d’instaurer un cadre législatif», déplore Tahri.
Il faut préciser, à titre indicatif, que le secteur du transport représente 6% du PIB et 9% de la valeur ajoutée du secteur tertiaire. Ce segment assure l’acheminement de 75% des marchandises hors phosphates et compte à son actif une flotte de l’ordre de 92.626 camions pour 58.473 entreprises. Selon les déclarations de la fédération, 70% du flux de marchandises, exploitant un parc de 40.000 véhicule, est déstructuré.
«L’indexation est un élément régulateur et de transparence susceptible d’entraver les spéculations qui renchérissent le marché du moment qu’elle permet de s’aligner sur le même niveau de prix et d’éviter ainsi le dumping exercé par certains opérateurs. De plus, qu’il s’agisse d’une baisse ou d’une hausse des intrants, la répercussion sur les prix est indéniable. Elle a également l’avantage de fixer le pourcentage à ne pas franchir lorsqu’il s’agit d’une augmentation des prix. Cette démarche fonctionne avec brio dans les pays européens».
Maryam Ouazani / Les Inspirations ÉCO