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Électricité : 20 MMDH sont nécessaires pour maintenir les prix inchangés

La hausse des cours pétroliers et du charbon conjuguée à celle du dollar devraient pousser la facture énergétique à un sommet jamais atteint. C’est un miracle si les prix de l’électricité n’ont pas été touchés. Le gouvernement devra trouver 20 milliards de dirhams pour continuer la perfusion de l’énergéticien national.  

Et si c’est Christine Lagarde qui était notre rempart contre les dégâts de l’appréciation du dollar sur la balance commerciale?  La déclaration de la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) d’en finir avec les taux négatifs a suffi à faire bondir l’euro face à la devise américaine sur le marché de change. La patronne de la BCE a clairement indiqué que l’institution allait procéder à deux hausses des taux au 3e trimestre. Aussitôt, le dollar a commencé à perdre du terrain face à l’euro.

Par ricochet, le dirham, dont le panier de cotation est composé à 60% de l’euro et 40% du dollar, retrouve un peu de peps face au billet vert. Sur le marché de change au comptant du jeudi 26 mai, 1 dollar cotait 9,91 dirhams. Il y a un mois (21 avril), le dollar valait 9,80 dirhams.Ce répit pourrait n’être que provisoire tant l’incertitude qui pèse sur la croissance de la zone euro devrait remettre l’euro sous pression, tempèrent les professionnels du marché.

Sur le marché à terme, on peut redouter que la tendance baissière du dirham face à la devise américaine se poursuive. Dans les salles de marché, à Casablanca, les cambistes sont parfois désorientés, ils sont eux-mêmes dans l’impossibilité d’émettre le moindre pronostic sur la trajectoire euro/dollar.

En plus des industriels, dont les prix des intrants atteignent des sommets, les importateurs de céréales et de produits pétroliers sont pris en tenailles entre la flambée des cours des matières premières et un dollar fort. Faute de pouvoir répercuter intégralement ces hausses, ils vont devoir sacrifier une partie de leurs marges.

L’alimentaire, notamment le blé et l’orge, les produits pétroliers ainsi que les intrants utilisés dans l’industrie sont des achats incompressibles. La moindre appréciation du dollar se répercute immédiatement sur le solde de la balance commerciale et les réserves de change.

Par exemple, un dollar de plus sur le baril de pétrole entraîne une dépense supplémentaire de 500 millions de dirhams sur la facture énergétique et quelques dizaines de millions de dirhams sur le service de la dette libellée en dollar.L’appréciation actuelle de la devise américaine face à l’euro renchérit mécaniquement les importations marocaines.

En première ligne, les produits pétroliers, les céréales et les intrants industriels. La métastase de l’inflation importée s’étend à tous les secteurs. Le déficit de la balance commerciale pourrait battre des records. Un dollar de plus sur le baril de pétrole, c’est 500 millions de dirhams sur la facture énergétique à l’import. La photographie de la balance commerciale du premier trimestre renseigne sur l’impact de la hausse du dollar et des cours de quasiment tous les produits de base et les matières premières.

Selon l’Office des changes, les importations des demi-produits marquent une forte hausse de 52,4%, entraînée par les achats de l’ammoniac -dont les cours ont été multipliés par trois- qui ont plus que quadruplé passant de 1, 04 milliard de DH à 5,4 milliards. Impactée par le double effet cours et dollar, la spectaculaire hausse de la facture énergétique au cours du 1er trimestre (+87,3%, soit 13 milliards de dirhams de plus) devrait battre tous les records.

Les importations du gas-oil et du fuel encaissent de plein fouet l’effet-prix. Les cours de la tonne ont littéralement explosé de 77,4% : 7.884 DH contre 4.444 DH l’année dernière. Les volumes enregistrent une augmentation contenue de 5,3%.Pareil pour le charbon. C’est un miracle si les prix de l’électricité domestique n’ont pas été ajustés à la hausse jusqu’à présent. Jusqu’à quand l’ONEE, aujourd’hui sous perfusion financière par le Trésor, peut-il tenir ?

Le prix de l’électricité est un sujet politiquement sensible, le gouvernement préfère assurer les transferts financiers à l’ONEE plutôt que de prendre le risque d’un mécontentement social. Il faut au moins 20 milliards de dirhams pour maintenir les prix inchangés, selon une estimation officielle, un effort qui devrait être supporté par le contribuable.

Au siège de l’énergéticien national à Casablanca, le management s’arrache les cheveux. Il a reçu le feu vert du gouvernement de muscler son processus de recouvrement des impayés qui traînent auprès des régies. Pour les entreprises qui n’étaient pas encore convaincues de l’intérêt de souscrire aux couvertures contre le risque de change et la variation de cours des matières premières, la tempête qui s’abat actuellement sur les marchés des céréales et des intrants industriels (aluminium, acier…) devrait finir par les en convaincre.

Merci à la présidente de la BCE

Le cours de l’EURO/USD a atteint mardi dernier (24 mai) un plus haut d’un mois à 1,07 dollar suite au durcissement de ton de Christine Lagarde à l’égard du resserrement monétaire. La présidente de la BCE a annoncé vouloir mettre un terme aux taux négatifs d’ici la fin du troisième trimestre, ouvrant ainsi la voie à plusieurs hausses des taux cet été.

En effet, une première hausse des taux le mois prochain est très peu probable étant donné que les officiels ont indiqué que la première hausse des taux interviendra peu de temps après la fin des achats d’actifs en juin.Une première hausse des taux en juillet est déjà scellée, mais les suivantes dépendront essentiellement de l’inflation et de l’état de l’économie de la zone euro d’ici là.

Un net ralentissement de l’inflation et une récession pousseraient les officiels à ralentir le resserrement monétaire (à peine commencé) tandis qu’une inflation toujours très élevée les pousserait à l’accélérer. Le rythme de resserrement monétaire dépendra également de l’inflation de l’autre côté de l’Atlantique.

La Réserve fédérale américaine devrait continuer à remonter ses taux directeurs de 50 points de base par réunion en juin et juillet, puis selon l’évolution de l’inflation d’ici là. BAM qui tient son prochain conseil, le 22 juin, observe ces décisions avec beaucoup d’attention.

Abashi Shamamba / Les Inspirations ÉCO



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