Monde

Macron-LePen : deux programmes, deux visions diamétralement opposées

Le 24 avril, les électeurs français désigneront leur président pour cinq ans. Ils auront le choix entre la continuité ou la rupture. Entre  Emmanuel Macron, président sortant, ou la représentante de l’extrême droite, Marine Le Pen. Les deux candidats présentent des programmes opposés qu’ils défendront lors d’un débat télévisé, prévu mercredi.

Plus que cinq jours et l’on saura qui présidera la République française durant les cinq prochaines années. D’ici là, le président sortant, Emmanuel Macron, et la candidate d’extrême droite, Marine Le Pen, vont jeter toutes leurs forces dans la bataille, pour convaincre les 48,7 millions de Français inscrits sur les listes électorales. Lesquels attendent, avec impatience, le débat télévisé qui doit les opposer mercredi. Cette rencontre est généralement décisive dans le choix des électeurs.

En 2017, Marine Le Pen avait perdu le match. Cette année, elle semble plus sûre d’elle et se voit déjà à l’Élysée. Pour préparer ce rendez-vous crucial, elle  s’accordera une journée et demie de retraite dans l’Ouest de la France pour potasser ses dossiers. Parviendra-t-elle à briser la forteresse Macron, crédité d’un avantage substantiel dans les sondages d’opinion ? Le président candidat, et chef de file de la République en marche (LREM), semble déterminé à donner l’estocade à l’extrême droite.

Chasse aux voix

Une chose est sûre, les deux candidats accélèrent la cadence dans cette dernière ligne droite, avec l’objectif de convaincre les indécis, ceux qui ont voté Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise) et les 12,8 millions de personnes qui se sont abstenues dimanche 10 avril.

Pouvoir d’achat, réforme des retraites, diplomatie et construction européenne, éoliennes… le président sortant et la candidate d’extrême droite défendent des projets radicalement différents et se rendent coup pour coup. Macron, comme ses équipes, est conscient que la stratégie du «tout sauf Le Pen» risque de ne pas fonctionner, d’autant plus que sa rivale s’est dédiabolisée, en lissant son image et en édulcorant ses idées sur les sujets sensibles comme l’immigration ou l’islam.

«C’est vraiment du projet contre projet, argument contre argument, ligne à ligne qu’il faut faire sur tous les enjeux qui nous séparent violemment, totalement, du projet de Marine Le Pen », expliquait récemment sur RFI, Roland Lescure, un proche du président. Face aux soutiens, de gauche comme de droite, engrangés par son adversaire ou émanant de la société civile, Le Pen a substitué la thématique du pouvoir d’achat à son premier cheval de bataille, l’immigration, et s’efforce de convaincre la frange populaire de l’électorat.

Ses lieutenants se sont encore employés, dimanche, à déminer un sujet sensible, le port du voile, affirmant que son interdiction dans l’espace public, voulue par la candidate, n’était plus sa priorité dans la lutte contre l’islamisme. «Je souhaite que le débat se déroule sereinement. Nous n’avons pas du tout les mêmes idées, la même vision du pays, de ce que doit être l’économie, vers qui elle doit être tournée», a-t-elle indiqué samedi, lors d’un meeting en Normandie.

«L’avantage de ce 2e débat, c’est que M. Macron n’est plus dans la même position. Il a un bilan. Ça ne va pas être la même histoire», a renchéri le maire RN de Perpignan, Louis Aliot, sur France Inter.

Les sondages  favorables au président
Pour Emmanuel Macron, le débat de mercredi sera un moment de «clarification». «Je crois que j’ai un projet qui gagne à être connu et j’ai le sentiment que, du côté de l’extrême droite, il y a un projet qui mérite d’être clarifié», a-t-il déclaré dans un entretien diffusé dimanche par la chaîne de télévision TF1.

Sur la forme, «l’enjeu est d’être persuasif et convaincant sans prendre un ton trop professoral», souligne son entourage. Emmanuel Macron a, notamment, pris pour cible son adversaire sur un sujet régalien par excellence, la réforme des institutions, en se posant comme le garant du droit et du respect de la Constitution, espérant ainsi décrédibiliser Marine Le Pen.

«J’ai un clivage profond avec la candidate d’extrême droite, c’est que, moi, je suis pour réformer la Constitution en respectant les règles de la Constitution, ce qui me paraît justement être la définition même d’appartenir au champ républicain», a-t-il déclaré à France Culture, samedi dernier.

«L’implicite de la démarche de Mme Le Pen, c’est qu’au fond, une fois élue, elle considère qu’elle est supérieure à la Constitution, puisqu’elle peut ne pas la respecter pour en changer les règles, ça c’est une rupture, et c’est grave», a ajouté Macron. En effet, la candidate du RN compte soumettre au référendum son projet de révision constitutionnelle sur l’immigration et l’inscription de la «priorité nationale».

Par ailleurs, le président candidat doit effectuer, mardi, un court déplacement en Ile-de-France et, mercredi matin, il présidera le Conseil des ministres. Pour l’après-débat, il devrait effectuer un dernier déplacement en région, conclu par un rassemblement public vendredi. «Aller au contact, expliquer, partager, parfois les joies, les colères, les craintes…», a-t-il résumé dans son entretien à TF1.

Selon les derniers sondages, Macron l’emporterait dimanche dans une fourchette de 53 à 55,5% contre 44,5 à 47% pour Marine Le Pen, le président-candidat étant en légère progression mais toujours dans la marge d’erreur et, donc, pas à l’abri d’un faux pas ou d’une forte mobilisation de l’électorat
anti-Macron.

Sami Nemli avec Agence / Les Inspirations ÉCO



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