Transports routiers : la compensation conjoncturelle avant l’adoption de l’indice du gasoil ?
Protestant contre la flambée des prix à la pompe, plus de 75% des transporteurs de marchandises ont répondu à l’appel à la grève nationale des 7, 8 et 9 mars 2022, lancé par les bureaux nationaux de cinq syndicats du transport routier. Pendant ce temps, le patronat du secteur poursuit les pourparlers avec la tutelle. La dernière proposition de la Fédération du transport et de la logistique de la CGEM à la tutelle porte sur la mise en place d’un mécanisme de compensation conjoncturelle, en attendant l’adoption de l’indice du gasoil, prévue d’ici deux mois.
Comme annoncé dans Les Inspirations Eco n° 3051 du lundi 7 mars 2022, dans lequel nous annoncions que l’indice du gasoil est au laboratoire, après la réunion du groupe de travail, tenue le vendredi 4 mars dernier, une seconde était prévue cette semaine en vue de finaliser le projet de mise en œuvre de l’indice du gasoil, de manière à ce qu’il entre en vigueur le plus tôt possible. Effectivement, une rencontre a eu lieu avec le secrétaire général du ministère de tutelle.
«Nous nous sommes mis d’accord sur le projet de loi qui va être adopté incessamment, c’est à dire d’ici environ 2 mois», estime le SG de la Fédération du transport et de la logistique de la CGEM. Nous nous sommes également mis d’accord sur la mise en place d’un comité qui va travailler sur la manière de calculer l’indice du gasoil, qui sera légal et qui va prendre en compte le prix du carburant dans la fixation du tarif du transport.
Ce comité sera institutionnalisé dans la mesure où il comprend aussi bien les transporteurs, les chargeurs que les distributeurs de manière à ce qu’il y ait une régularité au niveau de la publication de cet indice, éventuellement de manière journalière, comme ce qui se fait en France avec le comité national qui se réunit régulièrement. L’objectif étant de se mettre d’accord, à chaque fois, sur les règles de calcul. Lequel se fera, après coup, de manière automatique afin que les répercussions soient faites dans les règles de l’art et la transparence.
Compensation conjoncturelle
Dans le contexte actuel de guerre entre l’Ukraine et la Russie, la conjoncture s’annonce de plus en plus difficile. Sachant que 90% des besoins énergétiques du Maroc sont, aujourd’hui, couverts par des importations, principalement de pétrole, et vu la crise et la hausse du prix du baril, qui dépasse les 100 dollars.
Pour faire face à la flambée de la facture énergétique induite par l’envolée du prix du gasoil, la Fédération du transport et de la logistique de la CGEM propose à la tutelle et au gouvernement de voir dans quelle mesure il serait possible de «trouver une compensation conjoncturelle qui peut durer autour de deux mois, de manière à faire face à cette période difficile», nous explique Tahri.
L’enjeu étant d’éviter autant que possible les répercussions sur le consommateur final. l’issue des pourparlers sera connue bientôt, une réunion étant prévue la semaine prochaine avec le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch. À noter que ce dernier a appelé, jeudi, les ministres concernés à programmer une réunion avec les professionnels du transport.
Pour les grévistes, l’heure est au bilan de la mobilisation
Pour les grévistes, l’heure est au bilan de la mobilisation. Pendant ce temps, la grève des syndicats de transporteurs de marchandises afche un taux de mobilisation de 75% à l’échelle nationale, revendiquent les syndicats. Ces derniers ont observé, depuis le lundi 7 mars dernier, un mouvement de grève de trois jours pour protester contre la hausse du prix du gasoil. Une grève qui intervient suite à plusieurs rounds de discussions menés par le ministère du Transport avec des syndicats ainsi que des fédérations de transporteurs routiers.
Dans un communiqué diffusé jeudi 10 mars, les syndicats des transports routiers de marchandises, affiliés à l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), à la Confédération démocratique du travail (CDT), à l’Union marocaine du travail (UMT) et à l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), indiquent que «le taux de participation, de 75%, à cette grève générale nationale, a dépassé toutes les attentes».
Ces centrales annoncent également leur décision de renoncer à une prolongation de deux jours supplémentaires de cette grève générale (initialement prévue ces 10 et 11 mars 2022). Signalons que plusieurs transporteurs routiers, dont ceux affiliés à la Fédération du transport et de la logistique (FTL) et aux associations de professionnels relevant de l’Union générale des entreprises et professions (UGEP), n’ont pas suivi ce mouvement de grève.
Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO