Maroc

TIR et Visas Schengen : grogne des conditionneurs de fruits et légumes

Dans une lettre au ministère de l’Équipement, du transport et de la logistique, l’Association marocaine des conditionneurs maraîchers (AMCOM) sollicite l’intervention de Nizar Baraka en vue d’engager, avec le concours des autres départements concernés, des actions urgentes de nature à débloquer la situation des professionnels du TIR et de la filière fruits et légumes.

Après les actions entreprises par l’AMTRI Maroc et l’APEFEL, l’Association marocaine des conditionneurs maraîchers (AMCOM), a décidé, pour sa part, de solliciter l’intervention de Nizar Baraka, ministre de l’Équipement, du transport et de la logistique au sujet des difficultés auxquelles est confrontée l’actuelle campagne d’export. «La filière des fruits et légumes, en tant qu’importante filière économique d’export marocaine ouverte sur les pays de l’Union Européenne, est assujettie à des pressions de plus en plus pesantes exercées par les autorités de quelques pays de destination de nos produits. Ces pressions sont de nature et de taille à compromettre et hypothéquer la saison d’export avec toutes les conséquences sociales et économiques qui peuvent en découler», explique Abdelfattah Baalla, président de l’AMCOM, dans la lettre adressée, ce premier mars 2022, au ministre. Selon l’association, les professionnels du Transport international routier (TIR) subissent des pressions depuis des mois, et font face à des obstacles contraignants dressés par les voisins européens, principalement l’Espagne et la France. Une situation qui commence à devenir intenable pour les entreprises du secteur. Faisant l’inventaire des difficultés rencontrées en Europe par la corporation durant cette saison, l’AMCOM cite les délivrances de visas aux chauffeurs, le contrôle des réservoirs avec l’application de la franchise carburant et, récemment, les contrôles sur la durée de séjour des chauffeurs marocains voire, parfois, leur refoulement.

Difficultés d’accès au sol européen
Concernant la restriction des visas, l’AMCOM explique qu’il est devenu particulièrement difficile d’accéder au sol européen. «Depuis plusieurs mois déjà, les entreprises subissent de plein fouet les différentes politiques de restrictions appliquées par les voisins européens du Maroc en matière de visas, avec notamment des refus non justifiés, des prises de rendez-vous tardifs, des délais de traitement des demandes trop longs et des durées de séjours accordées de plus en plus courtes. Ces dernières s’établissent, ainsi, à trois mois en moyenne actuellement, contre neuf à douze mois auparavant. S’agissant du carburant européen, les autorités des ports espagnols refusent, selon l’AMCOM, que les camions marocains accèdent sur leur sol avec plus de 200 litres dans leur réservoir. Une manière indirecte d’obliger les routiers marocains à consommer davantage de gasoil dans les pays de transit européens. «Tout transporteur qui entre, par exemple, au port d’Algésiras avec plus de 200 litres se voit automatiquement infliger une amende allant de 472 à 800 euros», explique l’AMCOM dans sa lettre. À noter que cette franchise est appliquée aussi par les autorités françaises. Ces mesures impliquent des coûts supplémentaires pour les entreprises et un impact important sur leur trésorerie, avec des sorties de devises conséquentes pour le pays. Par ailleurs, un nouveau durcissement des mesures de contrôle des autorités espagnoles vis-à-vis des chauffeurs marocains, a été constaté, portant sur le décomptage des entrées et sorties en Europe et aboutissant à de nombreux refoulements de chauffeurs marocains.

Garantir le statut professionnel des visas
Désormais, les visas des chauffeurs sont contrôlés à leur arrivée au port d’Algesiras, avec des vérifications qui portent sur la durée totale de leur séjour en Europe, indiquée sur leurs visas, laquelle ne doit pas dépasser 90 jours/an. Cette disposition est appliquée même à ceux qui disposent de visas valables un an, avec entrées multiples. À signaler que les contrevenants, disposant donc d’un délai de séjour excédant trois mois, sont considérés comme des clandestins en situation irrégulière, et refoulés en tant que tels, sans qu’il soit tenu compte de leur statut de travailleurs exerçant de manière régulière auprès d’une entreprise TIR. Cette énième contrainte activée par les autorités européennes pèsera lourdement, selon l’AMCOM, sur les activités des transporteurs et des exportateurs marocains. Raison pour laquelle l’association a demandé l’activation du statut professionnel des visas accordés aux chauffeurs. Elle a également proposé une approche qui prenne en compte la particularité de ce mode de transport routier en introduisant une catégorie «Chauffeur TIR» au lieu de type «C». L’association a rappelé, en outre, les retombées négatives sociales et économiques sur l’ensemble des opérateurs du TIR et de la filière marocaine des fruits et légumes, surtout lorsqu’elles sont conjuguées avec la flambée actuelle des prix du carburant.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



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