Fès : la ville manque d’espaces verts
Face à l’extension inquiétante du béton au détriment des espaces verts, les associations de la société civile de la ville lancent un appel pour la création d’un mécanisme de coordination afin de renforcer la convergence des programmes et des projets relatifs au développement des espaces verts et des milieux forestiers.
La ville de Fès va-t-il manquer son rendez-vous avec les recommandations internationales en matière d’espaces verts ? Alors que les normes internationales stipulent que chaque habitant doit bénéficier de 10 m² d’espaces verts au minimum, la ville de Fès est loin du compte avec seulement 2m²/hab. L’étalement urbain, la forte présence de grandes infrastructures et les coupures urbaines qu’elles induisent sont à l’origine d’une extension inquiétante du ciment au détriment des espaces verts.
Dans ce cadre, plusieurs acteurs de la société civile ont plaidé pour la création d’un mécanisme de coordination pour renforcer la convergence des programmes et des projets relatifs au développement des espaces verts et des milieux forestiers. Lors de la 3e édition de la Semaine verte nationale 2022, organisée par la section Fès-Meknès de l’Association des enseignants des sciences de la vie et de la terre (AESVT), les intervenants ont souligné la nécessité d’accorder plus d’importance à la préservation et au développement des parcs nationaux, des jardins urbains et des milieux forestiers lors de l’élaboration des schémas d’aménagement, des programmes de développement et des plans d’action communaux. L’accent a été mis, également, sur le rôle crucial de la recherche scientifique et de la société civile dans le développement et la préservation des espaces verts et des milieux forestiers.
Actuellement, la ville de Fès, qui compte près de 1,2 million d’habitants, ne dispose que de 2 millions de m² d’espaces verts sachant que ces derniers constituent de véritables réservoirs d’oxygène et jouent un rôle très important dans l’équilibre physique et l’épanouissement des habitants. 147 ha de forêt disparus à Oued Fès Il y a quelques années, plusieurs associations ont attiré l’attention des autorités locales et de l’opinion publique sur la forêt d’Oued Fès qui est en train de disparaître pour céder la place aux habitations. Ce site qui fait partie du patrimoine foncier de la commune urbaine de Fès appartient aux zones humides non adaptées aux constructions.
Pour rappel, la commune a fait le choix, à la fin des années 90, dans le cadre du plan d’aménagement de l’époque, de le consacrer «espace vert». Elle a signé un contrat avec le Haut-commissariat aux eaux et forêts pour la plantation d’arbres sur une superficie de 147 ha. Le projet a démarré à l’été 1997 avec un budget du Haut-commissariat de l’ordre de 1,69 MDH. Mais, en 2008, le Conseil de la ville de Fès a ordonné l’abattage des arbres pour céder la place à des projets immobiliers. Avec cette rareté d’espaces verts, les citoyens préfèrent s’orienter vers ce qu’il reste encore de la forêt d’Aïn Chkef, qui constitue un véritable poumon pour la ville, quoique encerclé depuis quelques années par des habitations. Il reste heureusement le Jardin Jnane Sbil, le plus ancien jardin public de la ville, qui a bénéficié, entre 2006 et 2010, d’une grande opération de rénovation sous l’impulsion du roi Mohammed VI. Ce jardin de 7 hectares, aménagé au XVIIIe siècle par le sultan Moulay Abdallah, a retrouvé toute sa splendeur et a ouvert ses portes au public en 2011.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO