Pass vaccinal: les centres de vaccination pris d’assaut à Casa et Rabat
Alors que le pass vaccinal obligatoire est officiellement entré en vigueur jeudi dernier, les personnes non encore vaccinées se ruent sur les centres de vaccination. De quoi relancer le débat sur les préparatifs jugés hâtifs de cette opération.
Mesure injuste et précipitée pour les uns, décision salutaire qui arrive à point nommé pour les autres, le pass vaccinal divise la population. Une seule constante, cependant, les citoyens semblent répondre en masse à l’appel du gouvernement qui a incité les non-vaccinés à recevoir leurs deux doses dans les plus brefs délais et les personnes vaccinées, depuis plus de six mois, à se faire inoculer une troisième fois, en vue de renforcer leur immunité. Il faut dire que les personnes ciblées n’ont plus le choix puisqu’il est, désormais, obligatoire de présenter ce sésame pour pouvoir accéder aux établissements publics tels que restaurants, hôtels, cafés, commerces, salles de sport, hammams et autres espaces fermés.
Par ailleurs, tous les responsables concernés se doivent de veiller à l’application stricte de ce dispositif. Quant aux autres mesures préventives déjà instaurées, elles demeurent en vigueur. De quoi décider les millions de Marocains encore hésitants à franchir le pas et à se faire administrer, dans les meilleurs délais, les doses mises leur disposition dans les centres sanitaires.
De ce fait, il a été constaté un rush énorme dans lesdits centres, notamment à Casablanca. Le constat est le même dans l’agglomération de Rabat-Salé où les retardataires ont afflué dans le plus grand vaccinodrome de la ville, non sans une certaine confusion, afin de pouvoir se procurer le précieux sésame, soulignent les médias locaux. Ces derniers font, également, état de foules nombreuses dans d’autres centres de vaccination du pays. Un risque, sans doute, pour la population cible ? Pas tout à fait exact, si l’on en croit le chercheur en politiques et systèmes de santé, le Dr Tayeb Hamdi pour qui «toutes les mesures ont été prises pour permettre aux citoyens de se faire vacciner dans les meilleures conditions, et sans risque de propagation du virus au niveau des stations de vaccination». Il faut dire que les chiffres, concernant les dispositifs mis en place, ont de quoi en rassurer plus d’un.
En effet, pour la réussite de cette opération, la majorité des professionnels de santé est mobilisée et 2.880 établissements de soins de santé primaires ont été prévus, ainsi qu’un nombre important de stations vaccinales qui y seront rattachées pour développer les activités de vaccination selon deux modes. Mieux encore, selon notre expert, les horaires de vaccination ont été aménagés de manière à permettre à chaque citoyen qui le désire de se faire vacciner quand il le souhaite. Le personnel de santé, mobilisé dans le cadre de cette campagne, travaille même les week-ends et jours fériés. Mieux encore, les injections se font indépendamment de l’adresse, et les personnes en voyage peuvent se présenter dans les lieux de vaccination de leur choix, lesquels sont dotés de grands espaces d’accueil.
S’agissant de la disponibilité des vaccins autorisés au Maroc, le spécialise rassure quant au fait que le pays dispose de suffisamment de doses pour satisfaire la demande nationale d’autant plus qu’il est attendu une importante production nationale de vaccins dès le début du mois de décembre. Si, pour l’heure, les sources officielles annoncent une production, localement, du vaccin chinois anti-Covid Sinopharm, la fabrication au Maroc du Spoutnik V n’est plus à exclure. Pour rappel, le Royaume est le tout premier pays du Maghreb à lancer un pass vaccinal anti-Covid. Ainsi, tous les lieux fermés, établissements hôteliers et touristiques, restaurants, cafés, commerces, salles de sport et hammams sont, dorénavant, soumis à l’obligation du pass. Ce dernier est, par ailleurs, exigé pour accéder aux administrations publiques, semi-publiques et privées ainsi qu’aux sites touristiques. Enfin, le pass est de rigueur pour quitter le Maroc ou pour se déplacer entre les préfectures et les provinces. Annoncée lundi, la décision du gouvernement a suscité une forte indignation sur les réseaux sociaux, alimentant des débats animés entre pro et antivax.
Pour Tayeb Hamdi, cette réaction hostile était attendue par les autorités d’autant plus que le moment était propice pour les antivax pour faire valoir leur discours, qui ne reposerait pas que sur des «fake news». À ce propos, un collectif citoyen, constitué de personnalités de tous bords, a initié une pétition sur Internet, qui a recueilli des milliers de signatures, dénonçant la mise en place jugée «arbitraire» du pass sanitaire. Pourtant, insiste notre interlocuteur, le rôle de ce pass est de permettre à l’écrasante majorité des Marocains vaccinés de reprendre une vie à peu près normale. Pour arriver à ce résultat, le Maroc se doit de relever le défi d’immuniser 80% de sa population (soit 30 millions de personnes). Aujourd’hui, plus de 21 millions de personnes ont déjà reçu leur deuxième dose de vaccin.
Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO