Allègement du couvre-feu, pass vaccinal… Le “voyage” enfin sauvé ?
Sur la base des indicateurs positifs de la situation épidémiologique dans le royaume et de la baisse du nombre des cas d’infections au nouveau coronavirus, le Maroc décide de la reprise des vols de et vers le Maroc à partir du 15 juin 2021 ou encore la mise en place du pass vaccinal pour les personnes ayant reçu les deux doses de vaccin contre la Covid-19. Comment ces mesures sont-elles accueillies ?
Au cours des derniers jours, le Maroc a pris des décisions très importantes, qui changent les perspectives de plusieurs secteurs d’activité. Il s’agit notamment de la mise en place du Pass vaccinal pour les personnes ayant reçu les deux doses de vaccin contre la Covid-19, en plus de la reprise des vols de et vers le Maroc à partir du 15 juin 2021.
Dans un communiqué publié dimanche 6 juin, le ministère des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidents à l’étranger explique que «ces mesures visent à faciliter le retour des Marocains résidant à l’étranger à la patrie. Vu que l’espace aérien du royaume est toujours fermé, ces vols s’effectueront dans le cadre d’autorisations exceptionnelles. Cette opération se déroulera selon une approche qui allie ouverture progressive – en tenant compte de l’évolution de la situation épidémiologique nationale et internationale – et préservation des acquis réalisés par notre pays pour endiguer la propagation du coronavirus», souligne le communiqué.
Concernant le retour des Marocains résidant à l’étranger par voie maritime, dans le cadre de l’opération « Marhaba 2021», le gouvernement indique qu’elle aura lieu à partir des mêmes points de transit maritime de l’année dernière, tout en précisant qu’en plus du test PCR présenté lors de l’embarquement, les voyageurs subiront un autre test à bord et ce, afin d’assurer le maximum de sécuritaire sanitaire pour eux pour leurs proches. Bien entendu, ces décisions représentent une bouffée d’air frais pour les acteurs économiques.
Contacté par Les Inspirations ÉCO, Khalid Benazzouz, président de la Fédération nationale des agences de voyages du Maroc (FNAVM) réagit : «C’est une bouffée d’oxygène pour ne pas agoniser complètement. La relance est très difficile pour les agences de voyages. Nous sommes noyés sous les cumuls de dettes, des impôts, des différentes redevances et charges. Sans l’aide de l’État envers ces entreprises, et sans l’amnistie des impôts, de la taxe professionnelle et d’autres mesures allant dans ce sens, les jours qui viennent seront très durs malgré la plus forte volonté du monde», réagit-il.
Le dirigeant remercie les autorités pour tous les efforts accomplis pour la signature du 1er et 2e contrat-programme. «Je souhaite que la ministre du Tourisme et ses collaborateurs continuent sur leur lancée, parce que ce qui vient est le plus difficile. La pandémie est toujours là et tant que le monde ne sera pas guéri, le risque est toujours présent. Il faut, surtout, rester vigilants et respecter les mesures et recommandations du ministère de la Santé, que je félicite pour la bonne gestion de la crise sanitaire», ajoute-t-il.
De son côté, «la Fédération nationale de l’industrie hôtelière a accueilli très favorablement tous les allègements qui viennent d’être annoncés, puisqu’ils ne peuvent qu’affecter favorablement une reprise d’activité qui par ailleurs sera très difficile et délicate vu l’état financier de nos structures induit par l’arrêt d’activité de 15 mois», déclare Nidal Lahlou, vice-président de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH). Notre interlocuteur tient à rappeler que la FNIH a milité depuis plusieurs mois pour l’établissement d’un agenda de réouverture et d’allègement des mesures de précautions sanitaires. «Cela aurait permis de préparer cette reprise d’activité tant attendue», défend Lahlou.
Pass vaccinal : mode d’emploi
En application des recommandations du Comité scientifique, le gouvernement a mis en place un pass vaccinal que les personnes ayant reçu les deux doses de vaccin contre le Covid-19 peuvent télécharger sur le site www.liqahcorona.ma, depuis le 7 juin. Un grand point positif pour le Maroc dans sa gestion de la crise sanitaire, mais il faut dire que le royaume n’est pas à son coup d’essai dans l’adoption de solutions digitales dans la lutte contre la Covid.
Déjà en février dernier, nous réalisé une interview de Dr. Mohammed Saïd Belkadi, directeur médical de Highkaw, intégrateur de la solution logicielle apTeleCare, retenue par le Maroc pour le télésuivi médical de la campagne de vaccination contre la Covid-19. Précisons que le pass intervient en fin du processus de vaccination, une fois que la deuxième dose est prise.
« Jusqu’ici, les citoyens avaient droit à une attestation produite par le ministère de l’Intérieur. Aujourd’hui, le pass vaccinal remplace cette attestation. Le seul changement est qu’il est muni d’un code QR, pour que dans les aéroports, les ports et partout, les agents de contrôle puissent passer d’une petite touchette un lecteur QR sur le document pour vérifier son authenticité.
Tout le monde s’est mis d’accord, à l’international, pour qu’il y ait un code QR processé de manière à être contrôlé et authentifié par les agents de contrôle», nous explique Dr. Belkadi. Il y a donc eu un consensus à l’échelle mondiale sur l’intégration de ce code, qui permet de vérifier que l’identité de son détenteur correspond à celui du passeport et donne aussi des précisions sur le pays émetteur. Objectif: barrer la route à la fraude, étant donné que des tentatives de falsification seront certainement détectées.
Dans un communiqué, le gouvernement précise que ce pass vaccinal est un document officiel, sécurisé et reconnu par les autorités, qui permet à son détenteur, sans nul besoin de document supplémentaire, d’effectuer des déplacements sur l’ensemble du territoire national sans restriction, de circuler au-delà de 23 heures et de voyager à l’étranger. De même, grâce à son code QR, le pass pourra être authentifié via une application prévue à cet effet. Il peut être téléchargé sous format imprimable ou électronique pour être présenté sur smartphone.
Il peut également être retiré, sous format papier, auprès des autorités locales du ressort desquelles se trouve le centre de vaccination de la personne concernée. Quid alors des risques de fuite de données personnelles ou autres ? Avec le concours de la CNDP, le Maroc a assurément mis en place tout le dispositif nécessaire pour assurer la sécurité technique et la protection des données personnelles.
«A» ou «B» : sur quelle liste figurez-vous ?
S’agissant des personnes souhaitant quitter le territoire nationale ou le rejoindre, et en dépit de la détention due pass vaccinal, un autre critère déterminant demeure: celui de la situation épidémiologique du pays de partance. Avec la reprise des vols de et vers le Maroc à partir du 15 juin courant, il a été procédé à la classification des pays en deux listes, conformément aux recommandations du ministère de la Santé, sur la base des données épidémiologiques officielles publiées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ou par ces pays eux-mêmes via leurs sites Web officiels.
La liste «A» comprend tous les pays ayant des indicateurs positifs en ce qui concerne le contrôle de la situation épidémiologique, en particulier la propagation des variantes du virus. Quant à la liste «B», elle se veut restrictive et concerne les pays connaissant une propagation des variantes ou l’absence de statistiques précises sur la situation épidémiologique. Les voyageurs en provenance des pays figurant sur cette liste doivent obtenir des autorisations exceptionnelles avant de voyager, présenter un test PCR négatif de moins de 48 heures de la date d’entrée sur le territoire national, puis se soumettre à un isolement sanitaire de 10 jours. Le ministère de la Santé précise que les deux listes seront actualisées régulièrement au moins deux fois par mois, selon le besoin.
Plus de 500.000 emplois menacés !
Aux portes de la saison estivale, les professionnels de l’industrie touristique sensibilisent les Marocains sur les enjeux du tourisme national et, notamment, sa dimension sociale. Dans une campagne de communication, ceux-ci invitent à penser aux agences de voyage.
«Passez par une agence de voyage, vous allez sauver plus de 500.000 emplois ! Cet été, ceux qui pourront voyager à l’intérieur du Maroc accompliront non seulement un acte patriotique mais aussi un acte de sauvetage de toute la chaîne du tourisme marocain», invitent-ils, précisant que cet été sera crucial pour la pérennité de l’ensemble de l’industrie touristique du pays, pour une nouvelle rencontre entre les Marocains et leurs infrastructures, leur patrimoine et leurs ressources humaines.
A ce sujet, Khalid Benazzouz répond par un appel lancé à tous les Marocains, demandant à faire en sorte que «le tourisme national ne soit plus une béquille, un marché local tampon que les opérateurs appellent à la rescousse à chaque instant de crise». Le président de la FNAVM explique qu’en séjournant exclusivement dans des hôtels et maisons d’hôtes classés (donc officiellement déclarés), on sauve plus de 500.000 emplois. Néanmoins, il conseille d’éviter à tout prix les locations informelles pour privilégier les agences de voyages et de consommer afin «d’aider des centaines de familles à vivre».
Nidal Lahlou.
Vice-président de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH).
À la lecture des communiqués et des articles de presse, nous pouvons constater l’utilisation de certains termes comme «vols spéciaux», «liste A», «liste B», «confinement», «passeport sanitaire», «état d’urgence» etc. qui nous indiquent d’une part que rien n’est acquis et surtout que la reprise sera difficile et longue. Même si elle se confirme, elle ne pourra certainement pas suffire à sauver un secteur à l’agonie. Il faudrait sans doute réfléchir de manière responsable à des mesures de soutien et d’assistance à la reprise. Néanmoins, il faudra faire avec ce que nous avons et mobiliser les acteurs autour de la montée en charge du Welcome Safely.
Il faudra aussi préparer le mix prix-produits à la clientèle ciblée pour cette reprise d’activité et la saison estivale. C’est-à-dire miser sur le tourisme interne et les Marocains du monde. Nous les invitons, à ce titre, à accomplir une action citoyenne en participant et en assistant cette reprise. En dernier lieu, nous espérons bien évidemment que la situation sanitaire continue son amélioration et que la campagne de vaccination aille à son terme pour revenir à la normalité le plus vite possible.
Modeste Kouamé / Les Inspirations Éco