Nouveau modèle de développement : un lifting indispensable pour le marché des capitaux
Après plusieurs mois de concertations, la Commission spéciale sur le modèle de développement a enfin livré son modèle destiné à propulser l’économie marocaine parmi le tiers supérieur des différents classements mondiaux des nations d’ici 2035. Pratiquement tous les secteurs d’activité sont concernés par ce projet ambitieux, y compris le marché des capitaux.
Afin d’accélérer le développement de l’ensemble des secteurs porteurs de l’économie nationale, le Nouveau modèle de développement (NMD), proposé dans le rapport général de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD), relève l’importance de promouvoir l’investissement privé national et international. Une ambition qui ne peut être portée que par la mise en place d’un cadre d’investissement attractif combinée à une diversification des mécanismes et des systèmes de financement au service de la transformation économique.
Le NMD s’appuie sur une forte mobilisation de l’investissement privé pour la réalisation de ses objectifs, et préconise d’ailleurs une nette augmentation de la part du secteur privé dans l’investissement (aujourd’hui de l’ordre de 35%). Concrètement, l’augmentation de l’investissement privé nécessitera une diversification des mécanismes et des systèmes de financement, à travers une offre de financement bancaire compétitive, un marché boursier dynamique et attractif aux normes de régulation alignées sur les meilleurs standards internationaux, ainsi que le recours à des financements innovants.
«Le développement de la Bourse de Casablanca sera, en particulier, crucial pour le développement de ces marchés, car elle représente un débouché naturel aux différentes activités d’investissement, notamment en private equity (capital investissement) et permet d’offrir un meilleur pricing des actifs ainsi qu’un accès à une base d’investisseurs plus large et des produits diversifiés ajustés aux différents niveaux de risque», soutient la CSMD dans son rapport.
Pour y arriver, un ensemble d’objectifs stratégiques devront être atteints. Il s’agira de faire passer la capitalisation boursière totale de 54% du produit intérieur brut en 2019 à 70% en 2035. Les émissions d’actions dont la moyenne annuelle se limitait à 100 millions de dollars entre 2015 et 2019 devrait atteindre une moyenne annuelle de 1 milliard de dollars entre 2021 et 2030, puis de 5 milliards de dollars entre 2030 et 2035. Outre ces objectifs, la commission a également insisté sur l’importance de diminuer le poids des banques dans la capitalisation boursière de 35% à 20% en 2035 et de porter le nombre de sociétés cotées de 76 en 2019 à 300 en 2035.
Parmi ces sociétés, la commission espère voir le nombre d’entreprises dont la capitalisation boursière est supérieure à 100 M$ passer de 45 en 2019 à 150 en 2035, tandis que le pourcentage des transactions faites par des investisseurs internationaux évoluera de 10% à 25%.
Dans ce sens, la transformation et le développement des marchés des capitaux nécessitent, dans un premier temps, l’achèvement «des réformes entamées dans les années 1990 pour transformer la Bourse en un marché dynamique capable de jouer pleinement son rôle de financement de l’économie». Il sera également question de «faire du Maroc une plateforme financière majeure en Afrique, capable d’attirer les investisseurs et émetteurs étrangers» et de «mettre en place un environnement favorable au développement rapide des marchés des capitaux».
Le Nouveau modèle de développement s’est, en effet, fixé comme pari d’avenir de positionner le Maroc comme un hub financier de référence dans la région. Le royaume ambitionne d’ailleurs depuis plusieurs années de devenir une place financière attractive, où grandes et petites entreprises à fort potentiel de croissance, marocaines ou africaines, auraient vocation naturelle à lever des financements. Une place qui attirerait des flux financiers conséquents en quête de placements rentables dans des créneaux porteurs et d’avenir.
Outre la satisfaction des besoins internes en financement classique ou alternatif, le Maroc serait ainsi en mesure de capter des parts de marché en Afrique (au-delà du secteur bancaire), notamment dans le montage financier des grands projets. Le statut de centre financier régional, de plus en plus dématérialisé pour être à la pointe des innovations technologiques dans le secteur financier, pourra aussi être conforté en érigeant le Maroc en plateforme régionale de trading des matières premières, en coopération avec certaines places internationales de référence dans ce domaine.
Aida Lo / Les Inspirations Éco