Fonction publique : la performance des fonctionnaires sous la loupe
Le département de tutelle a entamé la mise en œuvre du Système d’information des ressources humaines commun. L’objectif principal est d’améliorer les indicateurs relatifs aux ressources humaines en vue d’éclairer les décideurs pour une meilleure prise de décision.
La réforme administrative ne passe pas uniquement par le volet lié à la simplification des procédures, mais se focalise aussi sur l’évaluation efficiente des fonctionnaires et des cadres de l’administration. En effet, et à quelques jours du lancement du portail national des formalités administratives, le département de tutelle a procédé au lancement du Système d’information des ressources humaines (SIRH) commun dans l’objectif d’impliquer le personnel de l’Etat dans les efforts destinés à améliorer l’image des services administratifs, et avoir une plus grande visibilité lors de l’étape de l’évaluation du rendement des agents administratifs. La feuille de route qui a été tracée vise essentiellement à « doter les départements ministériels d’un Système d’Information des Ressources Humaines commun mutualisé, et qui permettra d’assurer une gestion des ressources humaines moderne et efficace via l’exploitation commune des données et de moderniser les modes de gestion des ressources humaines par l’adoption des outils performant pour développer les compétences ». Pour l’Etat le nouveau modèle de gestion devra également « améliorer les indicateurs relatifs aux ressources humaines en vue d’éclairer les décideurs pour une meilleure prise de décision ». La première réunion qui a été tenue entre les organes administratifs concernés a permis de présenter le projet et la méthodologie de sa mise en œuvre, ainsi que le planning des premiers ateliers d’études avec les départements concernés, sans oublier « les contraintes liées à la réalisation du projet et les facteurs clés de sa réussite », précise l’argumentaire du gouvernement.
La fonction RH devient prioritaire
Il faut dire que l’évaluation de la performance a souvent été reléguée au second plan, avec une gestion qui a été jusqu’à présent centralisée et axée uniquement sur les procédures administratives et l’application des statuts des fonctionnaires. Après le lancement du nouveau SIRH, l’exécutif entend orienter la gestion des RH vers la performance, « ce qui nécessite une certaine cohérence entre les différents processus de la gestion, et surtout des experts en matière d’ingénierie des emplois et des compétences, ainsi que de l’ingénierie des formations et de la conception des parcours professionnels. A travers le nouveau modèle de gestion, l’Etat compte dépasser le mode classique de gestion, permettant au SIRH actuellement utilisé au sein des administrations de ne plus se limiter aux actes administratifs. Durant cette étape, la grande priorité est de surmonter le retard accusé en matière d’équipements en solutions de reporting et d’aide à la décision. Les dispositifs de gestion restent aussi calqués dans la plupart des administrations sur les obligations comptables, ce qui renforce l’angle budgétaire dans la mesure des indicateurs recueillis. Il s’agit désormais de renforcer l’évaluation axée sur la performance opérationnelle, avec un nouveau modèle de gouvernance qui sera instauré avant la fin de cette année 2021. Le gouvernement compte aussi accélérer la mise en œuvre du calendrier de la mise en place du SIRH, en se focalisant sur les services administratifs qui accusent le plus de retard en matière d’équipement de base servant à l’opérationnalisation du nouveau système.
Vers une crédibilisation de l’évaluation
La réforme enclenchée devrait poursuivre l’objectif de rompre avec l’avancement quasi-automatique et inciter les fonctionnaires à s’acquitter de leurs charges avec la rigueur et la conduite requises. Cette réforme doit également les inciter à perfectionner leur savoir-faire en fonction des exigences du service. La refonte du système d’évaluation et de promotion devra également se baser sur la conception, à l’échelle de chaque administration, des référentiels d’évaluation qui permettraient de mesurer la performance de chaque fonctionnaire sur la base des tâches qui lui sont assignées. Il s’agit surtout de développer l’esprit d’initiative et d’innovation et de perfectionner le savoir-faire des fonctionnaires et des cadres administratifs au cours de leur carrière, en associant au système d’avancement et de promotion un système de sanction dans lequel les agents les moins performants pourraient régresser. En attendant de doter cette vision du cadre légal et réglementaire qui lui est associé, l’objectif de cette étape est d’instaurer des procédures pour que la performance exceptionnelle puisse donner lieu à une promotion adaptée et individualisée comme la possibilité pour les agents performants d’être rémunérés exceptionnellement à un échelon supérieur.
Younes Bennajah / Les Inspirations Éco