Risques du vaccin AstraZeneca : fin du suspens
Aucune relation n’est établie entre l’utilisation du vaccin AstraZeneca et les accidents thromboemboliques, tranche la directrice du Centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc. En population générale, l’incidence des accidents thromboemboliques est de 1,5 pour 1.000 personnes, alors qu’au Maroc, sur cinq millions de personnes vaccinées, quatre cas ont été déclarés.
Le Centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc (CAPM) tranche le dossier du vaccin AstraZeneca. Aucune relation n’est établie entre l’utilisation du vaccin AstraZeneca et la survenue de troubles de coagulation et d’accidents thromboemboliques, affirme ainsi la directrice du CAPM, Rachida Soulaymani Bencheikh, suite aux interrogations ayant été suscitées par la suspension du vaccin dans plusieurs pays. Que ce soit au niveau du Comité central de vaccination, du Comité technique de pharmacovigilance ou de la Commission nationale de pharmacovigilance, et vu les données disponibles, «la position du Maroc est qu’il n’y a aucune relation qui peut être retenue entre l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca et l’apparition des accidents thromboemboliques», a déclaré Soulaymani Bencheikh. Les accidents thromboemboliques, déclarés au Maroc, «se sont manifestés environ une semaine à 10 jours après la prise du vaccin», a souligné l’experte, précisant que ces accidents sont survenus chez des patients âgés, justifiant d’autres facteurs de risque comme le diabète, l’hypertension ou la sédentarité.
«En population générale, l’incidence des accidents thromboemboliques est de 1,5 pour 1.000 personnes, alors qu’au Maroc, sur cinq millions de personnes vaccinées, seuls quatre cas ont été déclarés, soit moins de 1 cas par 1 million d’habitants», a-t-elle rassuré. «Avec tout ce qui est relayé par les médias, les gens vont avoir tendance à associer n’importe quel événement au vaccin», défend Soulaymani Bencheikh, notant que «notre avis sur la question a été conforté par les experts, qui disent que ces patients ont exactement le même profil de ceux qu’on voit régulièrement, indépendamment du vaccin». En effet, une réunion a été tenue mercredi, avec 16 experts, dont des neurologues, des cardiologues et des internistes. Ceux-ci «ont conclu que les quatre patients ayant développé des accidents thromboemboliques ont exactement le même profil que les patients qu’ils reçoivent régulièrement, indépendamment du vaccin».
Par ailleurs, Soulaymani Bencheikh explique que «nous sommes en phase d’observation en vue d’une détection rapide des phénomènes indésirables», indiquant que 50% des déclarations reçues sont de types attendus banals. «Depuis le lancement de la campagne de vaccination, nous avons eu autour de 1,3 déclarations qui ont été faites pour 1.000 sujets vaccinés, ce qui est bien, parce que ça nous donne de la visibilité sur ce qui se passe sur le terrain». Les déclarations et les opérations de collecte des effets attendus et des effets inattendus ont été relevés et parmi les effets attendus, il y a lieu de citer les manifestations qui on été découvertes lors des essais cliniques ou celles provoquées habituellement par l’injection de tout type de vaccin (fatigue, courbature, fièvre, rougeur, un peu de douleur…), explique la responsable. Parmi les réactions attendues, mais qui sont relativement plus sérieuses, figurent des cas d’allergie graves, a-t-elle ajouté, notant toutefois que ce sont des cas rares, «parce qu’on sait au préalable si une personne peut développer des allergies graves». Et de préciser que «nous avons 1 à 2 cas d’allergie sévère sur 1 million de sujets vaccinés». Dans cette optique, le ministère de la Santé a déjà formé tout le personnel des centres de vaccination pour faire un interrogatoire avec les patients et faire en sorte d’éliminer toutes les personnes prédisposées à développer ce genre de réactions, note Soulaymani Bencheikh, rappelant que la personne qui se fait vacciner doit rester, au moins, 20 minutes dans le site de vaccination. Soulignons que l’application Yakadaliqah mise en place par le ministère de la Santé pour le suivi médical et pour la déclaration des effets indésirables a permis de déceler 60% des déclarations des événements indésirables.
Sami Nemli / Les Inspirations Éco