Ramadan : un mois qui s’annonce difficile pour les restaurateurs
Au fur et à mesure que l’on se rapproche de ramadan, l’inquiétude des restaurateurs augmente. Durement impactés par la crise liée à la Covid-19 l’année dernière, les professionnels des métiers de bouche craignent le pire si la fermeture des établissements est maintenue durant le mois sacré.
Les restaurateurs sont inquiets. Après une longue année de disette, les professionnels des métiers de bouche ne voient toujours pas le bout du tunnel. Réunis mardi à Casablanca, ils ont plaidé pour des solutions urgentes pour sauver le secteur sinistré par la pandémie. Ces opérateurs, représentés par les différentes fédérations affiliées à la Confédération marocaine des métiers de bouche (CMMB), ont fait le point sur l’impact des mesures de confinement et des restrictions sanitaires sur leurs activités.
Pour Mohammed Rahal Essoulami, président de la CMMB et de la Fédération marocaine des traiteurs (FMT), l’organisation du secteur des traiteurs en écosystème regroupant plusieurs métiers interdépendants rend son arrêt préjudiciable à beaucoup d’opérateurs. Pour sa part, Mohamed Elfane, président de la Fédération marocaine de la franchise et commerce (FMF), a indiqué que les restaurants et cafés ont subi de lourdes pertes financières en 2020, précisant que 30% d’entre eux n’ont pas rouvert après le confinement et ont enregistré des pertes d’emploi à hauteur de 10%. Il a donc recommandé, entre autres, l’accélération de la mise en place du contrat-programme du secteur ainsi qu’une réflexion en comité public-privé afin de trouver des solutions concrètes pour le secteur.
«Nos activités ont été durement impactées par la crise liée au coronavirus», a renchérit Mohamed Abdelfadel, coordinateur national de la CMMB, rappelant que les traiteurs sont interdits de toute activité professionnelle liée à leur métier, avant d’ajouter que si les cafés et restaurants ont été de nouveau autorisés à recevoir du monde, ils peinent encore à afficher complet. «Certaines entreprises ont perdu plus de 60% de leur chiffre d’affaires», déplore le coordinateur national de la CMMB. Il appelle ainsi le gouvernement à prendre des mesures urgentes afin de soulager les professionnels dans la tourmente : «La situation est tellement grave qu’une intervention de l’État est nécessaire pour sauver ce qui peut être sauvé».
À quelques semaines du mois de ramadan
La préoccupation des restaurants est grande, d’autant plus que seules quelques semaines nous séparent du mois de ramadan, prévu cette année à la mi-avril. Ce qui complique davantage la donne, c’est le fait que le gouvernement a décidé de prolonger de deux semaines, depuis mardi 16 mars à 21 h, les mesures de précaution adoptées le 13 janvier dernier pour lutter contre la Covid-19. Un communiqué du gouvernement précise que cette décision intervient suite aux recommandations de la Commission scientifique et technique quant à la nécessité de maintenir les mesures nécessaires pour lutter contre le coronavirus. Cette prolongation vient également en réponse à l’évolution de la pandémie au niveau mondial, avec l’apparition de nouveaux variants du virus, poursuit le communiqué. La mesure gouvernementale s’inscrit donc dans le cadre des efforts continus pour circonscrire la propagation de l’épidémie et limiter ses répercussions négatives.
Mais, en réalité, les restaurateurs ne sont pas aussi délaissés par le gouvernement que ce que laissent croire certains. Dans le sillage d’une série de contrats-programmes élaborés pour divers secteurs, ces derniers ont en effet bénéficié d’aides financières prolongées du Comité de veille économique (CVE). Dans le détail, il s’agit d’une indemnité forfaitaire mensuelle nette de 2.000 DH octroyée depuis le 1er janvier 2021 aux salariés et stagiaires sous contrat d’insertion en arrêt provisoire de travail suite à la pandémie de Covid-19. Il faut ajouter à cela le report du paiement des cotisations sociales dues à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), à condition de régler l’essentiel de la créance dans un délai maximum de 18 mois à compter du 1er avril 2021. Le deal avec les restaurateurs implique, par ailleurs, une prolongation de l’exonération de l’IR sur les compléments de rémunération au profit des salariés déclarés à la CNSS.
Et ce n’est pas tout, puisque dans cette liste, il faut inclure l’exonération de l’assiette des cotisations de la CNSS du complément de la rémunération au profit des salariés et stagiaires sous contrat d’insertion, ainsi que le déploiement de gros efforts pour assurer l’intégration de tous les opérateurs du secteur de la restauration au régime de couverture sociale. «Nous nous réjouissons de la mise en place de ces contrats-programmes qui constituent des réponses concrètes aux demandes formulées par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) au sein du CVE. Ils permettront aux entreprises de préserver les emplois et leur trésorerie», avait salué le patronat à la mi-janvier, suite à l’annonce des mesures précitées, avant de nuancer son optimisme. Il avait alors la doléance suivante : «Il va falloir plus d’efforts de la part du gouvernement pour nous permettre de sortir la tête hors de l’eau».
Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco