Maroc

Vaccins anti-Covid-19. : une rupture de stock est-elle vraiment à craindre ?

Avec une centaine de milliers de doses dans ses entrepôts, le Maroc a de quoi tenir encore quelques jours, alors que la menace d’une rupture de vaccins au niveau mondial se précise.

La campagne nationale de vaccination contre le virus de la Covid-19, lancée en grande pompe le 28 janvier dernier par le roi Mohammed VI, atteindra bientôt les 4 millions de personnes vaccinées au Maroc. Les derniers chiffres, communiqués mercredi par le ministère de la Santé, sont encourageants. Un total de 3.745.173 de personnes ont reçu une première dose de vaccin, alors que 360.689 se sont fait vacciner pour la deuxième fois. Cela fait du royaume l’un des 10 premiers pays qui ont réussi le défi de la vaccination contre la Covid-19, a indiqué cette semaine le bureau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Maroc. Dans un post sur Twitter, la représentation de l’OMS a tenu à féliciter le royaume pour ce succès. «Le Maroc compte parmi les 10 premiers pays qui ont réussi le défi de la vaccination contre la #COVID19! Félicitations pour la réussite de cette campagne !», écrit-elle sur son compte. Il faut dire que la campagne de vaccination au Maroc est suivie de très près, partout dans le monde, ou presque. Le sujet s’est d’ailleurs invité sur le plateau d’une des plus grandes chaînes de télévision mondiales : la BBC.

Dans le top 10 mondial
Lors d’un journal télévisé en duo avec son collègue et confrère Christian Fraser, la présentatrice vedette du puissant média britannique, Katty Kay, n’a pas pu s’empêcher de vanter les mérites du Maroc. «Je viens d’avoir ma sœur au téléphone et elle vient de se faire administrer sa première dose de vaccin AstraZeneca. Devinez où elle vit ? Au Maroc !». Et la journaliste de conclure : «elle a pu avoir accès à un vaccin beaucoup plus vite que mon mari et moi-même qui vivons aux États-Unis, ce qui prouve que certains pays ont une longueur d’avance en termes de vaccination», relate un journal de la place. Pour rappel, la campagne de vaccination est gratuite pour l’ensemble des citoyens, l’objectif étant d’immuniser toutes les composantes du peuple marocain (à peu près 80% de la population), de réduire puis éliminer les cas de contamination et de décès dus à l’épidémie et de contenir la propagation du virus. Si jusqu’ici, tout semble bien se passer, certains spécialistes craignent une rupture du stock de vaccins au Maroc. Avec une quantité de 8 millions de doses du vaccin anti-Covid-19, dont 2 millions du chinois Sinopharm et 6 millions de l’indien Covishield, fabriqué sous licence AstraZeneca, le Maroc a de quoi administrer la première dose pendant quelques jours. Mais, certains médias estiment que le pays ne disposerait plus que de 254.827 doses avant d’être en rupture du stock destiné aux premières doses, à savoir 4 millions sur un total de 8 millions de vaccins reçus. En effet, à raison de 100.000 injections par jour, au-delà de trois jours, tout porte à croire que le stock sera totalement épuisé.

Les assurances de la tutelle
Toutefois, la tutelle se veut rassurante. Selon un haut responsable de l’entrepôt central, la distribution des doses de vaccin se fait de manière réfléchie, tenant compte de la première et de la seconde injection. «Le stock au niveau central est réparti en deux, à raison d’un stock tournant pour la première et deuxième dose, et un stock de sécurité pour répondre à tout besoin en cas d’incident particulier qui pourrait aboutir à un manque», explique-t-il. Notons que le Maroc dépend des livraisons qui lui parviennent d’Inde ou de Chine. Or, cette dernière est submergée de commandes. Selon le Figaro, l’Union européenne (UE), qui peine à satisfaire les besoins en vaccins de ses pays membres, a choisi de mutualiser ses commandes. Plusieurs membres de la communauté ont décidé de faire cavalier seul et de se tourner vers les vaccins russes et chinois pour pallier la pénurie. Toujours dans cette perspective de pénurie, d’autres pays ont pris des décisions plus radicales. C’est le cas du Japon. En effet, les autorités nippones ont mis en place une solution plutôt innovante qui consiste à se procurer des seringues adaptées afin de ne pas gaspiller les doses. Dans le détail, il consiste à s’assurer suffisamment de seringues spéciales pour pouvoir extraire les six doses complètes de chaque flacon de vaccin Pfizer. Ainsi, les seringues les plus couramment utilisées ne permettent de prélever que cinq doses, ce qui signifie que la dernière doit être jetée. Il faut noter que si le Japon a conclu des accords avec trois grandes entreprises pharmaceutiques pour acheter suffisamment de doses pour sa population de près de 126 millions d’habitants, le problème des seringues pourrait contraindre le pays à renoncer à suffisamment de doses du vaccin Pfizer pour vacciner quelque 12 millions de personnes, ont estimé des médias locaux. Un modèle à dupliquer au Maroc ?

Le Maroc bénéficiaire des livraisons de l’initiative Covax

Le Royaume peut également compter sur les livraisons de l’initiative Covax. Cette dernière est une plateforme mondiale qui vise à accélérer l’accès aux outils de lutte contre la Covid-19 (Accélérateur ACT). Elle est co-dirigée par la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI), l’Alliance du vaccin (GAVI) et l’OMS. Au total, 337 millions de doses ont été allouées aux pays les plus pauvres, l’objectif étant de les livrer au cours de la première moitié de 2021. Les promoteurs de cette initiative ont déclaré que l’allocation couvrirait, en moyenne, 3,3% de la population totale de 145 pays participant à la première livraison.

Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco



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