Gestion des abattoirs : les communes aux abonnés absents
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Sur les 882 abattoirs recensés dans le pays, seules 9 entités disposent d’équipements répondant aux normes.
La plupart des abattoirs ne sont pas éligibles à l’accréditation délivrée par l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA). Ce constat désolant a été dressé devant les parlementaires par le ministre de l’Agriculture, qui a déploré l’incapacité des communes à remplir leurs devoirs en matière de mise à niveau des abattoirs. «Le ministère n’exerce pas de tutelle sur les abattoirs. Interpellé sur les modalités d’intervention de son département pour améliorer les conditions lamentables dans laquelle se trouve actuellement une large frange des abattoirs et des tueries rurales, Aziz Akhannouch a expliqué que «cette mission est du ressort des communes, en vertu de la charte communale». Pour souligner la résistance au changement dont font montre les communes en matière de contrôle de ces lieux d’abattage, le ministre a indiqué que 65 abattoirs ne sont plus contrôlés par l’ONSSA. Actuellement, ce sont uniquement 9 abattoirs qui ont été accrédités, sur un réseau comptant 882 entités, ce qui montre l’incapacité du département de tutelle à fédérer les communes dans les efforts de normalisation. «Il y a un besoin de 120 abattoirs nouveaux au sein de 20 grandes villes», a indiqué Akhannouch, qui a appelé les communes à prévoir des budgets pour la mise à niveau des entités actuelles. À souligner que les inspections vétérinaires sont menées sur la base du programme de visite sanitaire de l’ONSSA, et restent un moyen d’assistance aux agents de l’Office dans leurs attributions de recherche et de constatation des infractions. D’ailleurs, un rapport détaillé est soumis mensuellement aux services compétents.
Les SDL locales piétinent
À l’exception des abattoirs de viande rouges de la métropole et de quelques autres villes, la majorité des communes n’arrivent pas encore à instaurer un modèle de gestion déléguée qui puisse mettre un terme aux anomalies qui persistent, à commencer par le non raccordement au réseau d’eau potable ou encore le manquement aux normes d’entreposage des viandes. C’est pour dire que la sécurisation des abattoirs au niveau des régions ne devra pas plus faire l’objet d’un tiraillement entre les compétences de l’Etat et les attributions propres aux conseils communaux, en vue de répondre aux exigences de sécurité sanitaire. Il faut dire que le volet de la contractualisation entre les communes et l’Etat pour une gestion saine des abattoirs fait également défaut, sachant que plusieurs expériences réussies ont été menées, comme celle de Meknès avec l’aménagement d’un abattoir privé et des salles de découpe des viandes. Hélas, ce modèle n’a pas été dupliqué pour les autres villes et centres ruraux. Pour ce qui est des investissements, les conseils communaux devront prévoir des rubriques exclusives dans leurs budgets en vue de remédier au manque de dotations réservées à la mise à niveau des abattoirs. Rappelons que la Cour des comptes avait insisté dans son dernier diagnostic sur les abattoirs, que le modèle des cahiers des charges reste inadapté, avec des exigences sanitaires qui ont été imposées abstraction faite des tailles des abattoirs.
La Cour avait conclu que l’absence de traitement différencié entre les différents types d’abattoirs ne permet pas d’assurer la mise en œuvre des stipulations du cahier des charges, vu les exigences qu’il impose et qui nécessitent la mobilisation d’importantes ressources financières et un grand effort organisationnel.
Younes Bennajah / Les Inspirations Éco