Éco-Business

Spécial Agadir. “Les huit écosystèmes ont décomplexé le volet industriel dans la région”

Entretien avec Karim Achengli, président de la chambre de commerce, d’industrie et des services de la Région Souss-Massa.

Quel regard portez-vous sur le Projet d’accélération industrielle et le Programme de développement urbain d’Agadir ?

Aujourd’hui, on est bien conscients que ces deux programmes ont amorcé le virage économique de notre région. Tout d’abord avec la déclinaison régionale du PAI dans la Région Souss-Massa en 2018, ensuite, grâce au plan de développement urbain qui est intervenu deux ans plus tard. Ces deux programmes ont un point commun essentiel. Il s’agit de la contribution au développement économique de notre région et du fait de la replacer, de facto, dans sa centralité géographique à l’échelon national. La déclinaison régionale du PAI, à travers le projet industriel Souss-Massa, est un projet très ambitieux.

Il ne faut pas oublier que la Région Souss-Massa est le premier territoire pilote de ladite déclinaison. Aussi, cette relocalisation d’un plan national à une déclinaison régionale décentralisée, avec la création d’emplois à la clé et génération de valeur ajoutée, n’était pas chose aisée.

Ce défi a été surmonté grâce à l’appui de Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie verte et numérique, mais aussi à l’adhésion de la région à ce projet, via la mobilisation de sa contrepartie. C’est pourquoi, je ne peux que porter un regard de fierté sur ces deux programmes. D’une part, au sein de la région, nous sommes arrivés à la bonne formule avec un accompagnement de l’ensemble des parties prenantes.

D’autre part, l’ensemble des indicateurs macro-économiques de la région vont passer au vert dans les années à venir, car ces deux programmes portent l’ambition de repositionner le Souss-Massa sur le plan économique, touristique et socioculturel d’ici la prochaine décennie.

Est-ce que cette proactivité assurera le virage de la reconversion industrielle pour le PAI et touristique pour le PDU ?

Avec les écosystèmes signés, on ne peut qu’être optimistes surtout avec les incitations et les subventions d’équilibre mises en place dans le cadre de cette formule précitée, et d’autres mesures d’accompagnement. Ces huit écosystèmes ont permis aussi de décomplexer le volet industriel localement. Notre région est très productrice en termes d’agriculture, mais elle est très faible en matière de transformation. Aussi, notre région est très riche en termes de produits halieutiques, mais elle transforme peu ses débarquements.

Nous avons aussi du tourisme, mais qui reste aléatoire en comparaison avec d’autres destinations. Aujourd’hui, grâce à cette déclinaison, une nouvelle politique de création de valeur ajoutée a été mise en place. Par la force des choses, l’industrie mise en place accompagnera le développement de l’agroalimentaire et les autres écosystèmes industriels, notamment la chimie et la construction navale, l’offshoring, le cuir, l’automobile, les matériaux de construction et la plasturgie.

Le vocabulaire économique est actuellement palpable sur le terrain, avec la création de zones industrielles et un foncier disponible pour accompagner le développement de l’industrie. Pour le PDU, il faut souligner que le tourisme sera le premier secteur bénéficiaire.

Comment voyez-vous l’effet d’entraînement sur le secteur privé grâce à ces deux programmes ?

Le secteur privé trouvera forcément sa place. S’il fut un temps où il peinait à trouver le foncier industriel adéquat, aujourd’hui, la région offre une panoplie de fonciers industriels à un prix très bas.

À cela s’ajoute la contribution du conseil régional et la subvention d’équilibre mise en place par le ministère de tutelle, sans oublier les leviers spécifiques, en l’occurrence l’appui du Fonds de développement industriel et de l’investissement et celui du Fonds de développement agricole pour les projets agroalimentaires, en plus du Fonds de développement de l’investissement du Souss et des banques. De ce fait, toutes les conditions sont réunies pour générer cet effet d’entraînement du secteur privé.

La CCIS fait partie des parties signataires de la déclinaison régionale du PAI, essentiellement à travers la réalisation du Technopark. Où en est ce projet et quelle sera sa valeur ajoutée ?

Le Technopark faisait partie des conventions signées devant le souverain. Porté par la Chambre de commerce, il se veut un incubateur destiné aux petites entreprises et aux start-ups du secteur des TIC, en mettant à leur disposition, à l’instar des autres Technoparks, des espaces bureaux et de coworking.

Il devrait accueillir 150 petites entreprises et startups de ce secteur. En plus de différentes facilités, ce tissu bénéficiera d’un accompagnement de 18 mois, notamment sur les plans fiscal, administratif et douanier. Le Technopark est une forte valeur ajoutée pour le tissu économique représenté par la très petite entreprise et les startups, mais aussi les jeunes qui ont la fibre entrepreneuriale.

Comment comptez-vous accompagner la réinvention des Chambres et le renforcement du tissu professionnel ?

Le plan de réforme des Chambres de commerce, d’industrie et des services est encore un des projets de notre ministère de tutelle qui vise à en faire, non pas des institutions consultatives, mais des parties prenantes à l’action économique au niveau régional.

C’est également un plan de développement accompagné d’un contrat-programme avec des objectifs tracés. Grâce à ce projet, le rôle de la Chambre sera aussi repositionné. Au sein de la Région Souss-Massa, la Chambre de commerce, d’industrie et des services est partenaire du Conseil régional, dans le cadre du Technopark et de la création de deux zones industrielles, en plus d’un projet d’utilité publique pour une meilleure autonomie financière des CCIS. Notre Chambre s’est déjà inscrite dans cette perspective de modernisation du rôle des Chambres.



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